Dimanche de la Miséricorde – 3 avril 2016

St Thomas – Caravage

Dimanche 3 Avril

Dimanche de la Miséricorde

Thomas l’incrédule

La foi est le leit-motiv de ce dimanche.

Donner sa foi… à quelqu’un est un langage d’alliance par amour. Parce que je t’aime et surtout parce que je sais que tu m’aimes, j’ai confiance dans l’avenir. C’est ce que se disent deux fiancés qui veulent vivre ensemble. C’est le langage du Cantique des Cantiques, qu’on lit dans la bible, où le jeune homme amoureux cherche et trouve celle qu’il aime comme Dieu qui cherche inlassablement notre âme. C’est le langage du Dieu de la bible qui sans cesse veut faire alliance avec les hommes.

C’est le langage du croyant qui répond comme Saint Thomas : « Mon Seigneur et mon Dieu ! Ou comme le psalmiste : J’ai confiance en toi, avec toi j’irai jusqu’au bout du monde. Avec toi je n’aurai peur de rien. Si j’ai à traverser les ravins de la nuit, ton amour me donnera le courage et la force, je ne craindrai aucun mal. » Tant que je serai aimé par toi, et je sais que tu m’aimeras toujours, je serai empli d’espoir, de projets et de vie.

Avoir la foi, donner sa foi à Dieu, fonder sa vie sur Dieu, c’est le langage d’alliance et d’amour et non d’asservissement et de crainte. Je deviens et je reste croyant dans la mesure où je suis certain d’être aimé de Dieu, d’être rejoint par le désir de Dieu, d’être vivifié par la puissance de Dieu.

François Varone dans « Ce Dieu absent qui fait problème » assure : « Dans quelle que religion que ce soit, l’homme devient et reste croyant dans la mesure où il se perçoit aimé de Dieu (…) dans la mesure où il cesse de percevoir Dieu comme une puissance menaçante à apaiser ou indifférente à émouvoir. ( Pour nous chrétiens) il ne s’agit pas seulement de croire que Dieu a ressuscité Jésus, il s’agit de se croire bénéficiaire de cette même puissance de vie. »

Je deviens croyant quand j’ai foi dans l’amour de Dieu pour moi… comme tout à l’heure cette femme, cet hommes amoureux l’un de l’autre avaient suffisamment foi l’un en l’autre pour faire alliance, et c’est même pour cela que la bague qu’ils portent au doigt s’appelle justement une alliance.

La question m’est posée : « En quel Dieu est-ce-que je crois ? Quelle idée est-ce que je me fais de Dieu ? Pour qui est-ce que je le prends ? Est-ce que j’ai peur de lui ? Est-ce que je pense qu’il peut m’être un jour utile et donc que je le considère comme utilisable dans certaines circonstances, profitant de son amour sans réponse de ma part autre qu’intéressée, comme de client à fournisseur ?

Ou comme Saint Thomas, est-il « Mon Seigneur et mon Dieu » que j’aime parce qu’Il m’aime malgré mes infidélités, voire mes reniements ? En amour, le plus important n’est pas de pouvoir dire « Je t’aime » mais bien plutôt d’être habité par une certitude fondatrice : « Je sais que Tu m’aimes. » Moi, j’ai pu cesser d’avoir confiance en Toi parce que je te croyais absent de ma vie – comme saint Thomas absent lors de la première apparition aux Apôtres- Toi, tu n’as cessé de croire en moi et de me faire confiance . Bien mieux, même quand je doute, quand j’ai honte de moi, toi, tu continues de m’aimer et de me faire confiance.

Eternel est ton amour, même quand nous te défigurons, comme le dit si bien Stan Rougier :

Seigneur on te soupçonne de manipuler les hommes

Par la contrainte et la peur de l’enfer.

Tu ne les attires que par amour.

On te soupçonne d’avoir des complicités avec la mort des êtres chers :

Tu n’as de connivence qu’avec leur vie.

Nous te disons mesquin et fouineur de conscience,

Nos médiocrités ne mobilisent que ta tendresse

Nous te disons rancunier :

Tu pardonnes comme nous respirons

Nous te disons figé comme un monarque :

Tu es ardent comme un berger.

Nous te croyons initiateur de l’inquisition

Tu en es la victime.

Nous prétendons que Tu es « quelque chose au- dessus de nous »

Tu es quelqu’un au-dedans de nous.

Nous te cherchons chez les justes :

Tu loges chez les pécheurs.

Nous te cherchons tenant dans la main la foudre et le fléau :

Tu joues une sardane avec « un roseau froissé ».

Nous te cherchons dans un cimetière :

Tu accompagnes sur le chemin deux voyageurs égarés.

Nous voulons te cerner dans le filet des mots :

Tu Te poses sur le sourire des enfants.

Ce Dieu d’amour et de miséricorde, c’est celui de notre pape François. Qu’il soit également le nôtre.

Père Lucas

Saint Thomas – Rembrandt

Saint Thomas – Le Guerchin

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