Messe des marins à Ilur 1er août

 

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Homélie

Nous venons d’entendre deux textes tirés, l’un de l’évangile de Saint Matthieu qui nous rapporte ce que fit Jésus sur le lac de Tibériade : il calma la tempête et rassura ses apôtres qui pourtant étaient pour la plupart des pécheurs habitués à naviguer sur ce lac, en leur reprochant leur peu de foi.

Le premier texte que nous avons entendu nous raconte la tempête que subirent Saint Paul et ses compagnons le long des côtes ce Crête. Là encore Saint Paul  animé par sa foi et sa confiance en Dieu rassura ses compagnons en leur annonçant qu’ils arriveraient à se sauver en échouant sur une île.

Dans les deux cas, il semble que le salut de ces hommes affrontés à la tempête revient à une intervention divine.

Alors pourquoi cela n’a pas été le cas dans les naufrages qu’ont subi tant de marins sur les mers du monde. Où était Dieu  durant ces naufrages et ces accidents d’avions que nous avons connus ces années dernières et  qui ont entrainé tant de morts et tant de souffrance ? Où est Dieu quand dans le monde il y a tant de mal, que tant d’hommes, de femmes et d’enfants  ont faim et soif, sont sans toit, déplacés, et réfugiés ? Où est Dieu si des personnes innocentes meurent à cause de la violence, du terrorisme et des guerres ? Où est Dieu lorsque les maladies impitoyables rompent les liens de vie, d’affection ? Où est Dieu face à l’inquiétude de ceux qui doutent et de ceux qui sont affligés dans leur âme ?

Où est Dieu quand des fous assassinent un prêtre au service de ses paroissiens, alors qu’il célébrait la messe. Où est Dieu quand une foule d’hommes des femmes et d’enfants de toutes confessions religieuses sont tués  par un fou en haine de ses semblables, conduisant un camion et cherchant à tuer le plus de personnes possibles.

C’est la question qui peut nous venir spontanément à l’esprit devant ce déferlement de malheurs !

Dans un livre plein d’humour, l’auteur met en scène un prêtre qui protège des enfants juifs sous l’occupation. Joseph, un des enfants demande au prêtre s’il croit que Dieu les a aidés, à la suite d’une chaude alerte.

 « Franchement non, mon petit Joseph. Dieu ne se mêle pas de cela…Dieu a créé les hommes libres. Peux-tu imaginer une seconde que celui qui échappe aux nazis est aimé de Dieu, tandis que celui qui est capturé en est détesté ? Dieu ne se mêle pas de nos affaires… Quoi qu’il arrive, Dieu a achevé sa tâche. C’est notre tour désormais. »

Oui nous pouvons nous poser cette question : Dieu se désintéresse-t-il de sa création ? On aurait envie d’ajouter : il a bien autre chose à faire. Mais au fait quoi ? Peut-être rien d’autre que de tenter d’exister simplement au coeur de ses créatures, d’y insuffler son esprit d’amour. Oui Dieu est en tous ceux qui sont atteints par un malheur. Jésus est en eux, il souffre en eux, profondément identifié en eux. Mais Dieu a créé l’homme libre, responsable de son destin.

Car créer ce n’est pas susciter une dépendance, c’est vouloir une indépendance. Créer, c’est être présent à l’autre en toutes circonstances. Créer, c’est aimer l’autre jusqu’à le faire exister

Créer, c’est être là comme n’y étant pas.

Il suffit d’avoir aimé  une fois dans sa vie pour savoir que les moments les plus intenses de présence partagée sont souvent ceux où l’on est séparé.                                                                                                                                                                                   Voilà bien ce que serait le paradoxe de la foi en Dieu Créateur au regard de la religion du Dieu maître des hommes et de l’univers. Dieu est un Dieu discret qui donne sa lumière aux hommes pour qu’ils conduisent leur vie en faisant le bien et en évitant le mal, en vivant dans le respect des lois de la nature. IL nous a donné son Fils Jésus pour nous montrer comment nous devons vivre. Mais Notre Dieu est un Dieu discret. Il laisse l’homme libre de  ses décisions et de ses actions.

IL nous faut du temps pour accepter la discrétion de Dieu et sa présence précieuse au cœur de sa non-intervention. D’ailleurs, ne croyez-vous pas que l’on se lasserait vite de lui s’il n’était qu’un distributeur automatique de faveurs : un Dieu uniquement à notre mesure et à nos caprices ?

Notre Dieu de l’univers sera donc le compagnon le plus discret que l’on puisse imaginer, le moins importun à coups de prescription inventées par les hommes et le moins moralisateur, prêt à punir le mal et à récompenser le bien. Dieu aime tous les hommes et il ne cesse de tendre la main au pécheur.

Non ! Dieu ne nous délaisse pas. Il nous laisse être nous-mêmes. Il ne désire pas de prosternements d’esclaves, mais le risque couru par des hommes libres. Il nous dit : «  A vous de jouer ! A vous d’être ! A vous de réussir votre vie, à vous de créer un monde de justice d’amour et de paix. C’est le souhait que je formule pour chacun et chacune d’entre vous ! Cela dans la fidélité à votre baptême qui a fait de vous des membres vivants d’une communauté où l’on doit s’aimer, s’aimer vraiment et cherchant le bien commun et en ne cherchant pas la satisfaction de ses égoïsmes

Père Lucas

duccio Jésus sur le lac de Tibériade
Duccio – Jésus sur le lac de Tibériade

 

Départ de Penraz à 9h00

Messe à 9h30

Fêtes religieuses de l’été 2016

 

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