Jésus, un passionné

Saint Luc
Saint Luc par Guido Reni

  Dimanche 14  Août

 Evangile selon saint Luc

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : «  Je suis venu apporter le feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! Je dois recevoir un baptême, et quelle angoisse est la mienne jusqu’à ce qu’il soit accompli ! Pensez-vous que je sois venu mettre la paix sur la terre ? Non, je vous le dis, mais bien plutôt la division. Car désormais cinq personnes de la même famille seront divisées : trois contre deux et deux contre trois ; ils se diviseront : le père contre le fils et le fils contre le père, la mère contre la fille et la fille contre la mère, la belle-mère contre la belle-fille et la belle-fille contre la belle-mère.

 Jésus, un passionné.

Voici l’un des passages d’évangile les plus déconcertants. Ce que l’on peut dire d’emblée, c’est que la personne de Jésus ne laisse personne indifférent ! Déjà, en son temps, on s’est dressé les uns contre les autres à son sujet. Il a été la victime de cette division à cause de sa liberté intérieure et à cause de ses choix de vie.

Jésus, le passionné d’unité, engendre la haine autour de lui : les pharisiens et les scribes qui se veulent défenseurs de l’unité – défenseurs du Temple et de la loi, signes de l’unité du peuple- se déchainaient contre lui.

C’est précisément parce que Jésus veut l’unité, qu’il déclenche la séparation. Vouloir l’union, la communion, c’est désirer la  rencontre entre les hommes, entre tous sans discrimination, et par le fait même se faire des ennemis de ceux qui refusent la rencontre. Ils refusent la rencontre ceux dont la famille forme un clan pour se protéger des autres ou maintenir leurs privilèges.

Ils refusent la rencontre ces docteurs de la Loi qui utilisent leur savoir pour juger ou écraser. Ils refusent la rencontre ceux qui, pour être purs, se mettent à l’écart des païens et de tous les étrangers.

A la suite de Jésus, vouloir l’unité – aujourd’hui comme hier – c’est accepter de dépister en nous et autour de nous tout ce qui s’oppose à la rencontre. C’est plonger avec Jésus dans l’amour des ennemis. Oui, les paroles de Jésus, ses choix de vie, c’est du feu !

Ses adversaires ont voulu l’éteindre en le faisant taire, en le livrant à la mort d’où personne ne revient !

Mais à ce moment précis, il a accompli son baptême, il a triomphé pour nous tous de la mort, de la haine, du désespoir ! Et il a répandu sur la première communauté chrétienne le feu de son Esprit, celui de la Pentecôte qui vient renouveler nos manières de penser, nos manières de vivre personnelles et collectives.

Nous aussi, disciples de Jésus, nous pouvons expérimenter la division, connaître l’opposition à cause de notre amour de Jésus jusque dans nos familles ou notre environnement et dans la société dans laquelle nous vivons.

Nous savons bien que le Christ n’est pas venu pour apporter la division ! Rappelons-nous qu’à Noël, il est appelé : « Prince de la paix ». Et tout à l’heure, dans la prière qui suit le Notre Père, nous l’entendrons nous dire : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix.»

Lorsque le feu de l’Esprit Saint fait son œuvre en nous, il vient brûler ce qui n’est pas de lui : la vengeance, la haine, les paroles de division, la zizanie, la violence en son nom. Il fait naître à une vie nouvelle. L’extrait de la lettre aux hébreux entendu tout à l’heure nous disait : « «Débarrassons-nous de tout ce qui nous alourdit et d’abord du péché qui nous entrave si bien : courons avec endurance l’épreuve qui nous est proposée, les yeux fixés sur Jésus qui est à l’origine et au terme de la foi. »

Ainsi serons-nous semblables au Christ en qui le feu de l’Esprit a accompli son œuvre  de miséricorde. Sur la croix, il a prié pour ceux qui le mettaient à mort : « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font. »

Le feu du pardon est plus lumineux que celui des buchers. Celui-ci est l’œuvre des hommes, l’autre, le pardon, est l’œuvre de Dieu !

Que le feu de Dieu nous purifie et nous rende rayonnants.

 Père Lucas

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