Un dieu surprenant

Jésus et les pharisiens

DIMANCHE 28 AOÛT

Evangile selon saint Luc

Un jour de sabbat, Jésus est entré dans la maison d’un chef des pharisiens pour y prendre son repas, et ces derniers l’observaient. Jésus dit une parabole aux invités lorsqu’il remarqua comment ils choisissaient les premières places, et il leur dit : « Quand quelqu’un t’invite à des noces, ne va pas t’installer à la première place, de peur qu’il ait invité un autre plus considéré que toi. Alors, celui qui vous a invités, toi et lui, viendra te dire : « Cède-lui ta place » ; et, à ce moment, tu iras, plein de honte, prendre la dernière place. Au contraire, quand tu es invité, va te mettre à la dernière place. Alors quand viendra celui qui t’a invité, il te dira : « Mon ami, avance plus haut », et ce sera pour toi un honneur aux yeux de tous ceux qui seront à la table avec toi. En effet, quiconque s’élève sera abaissé ; et quiconque s’abaisse sera élevé. »

Jésus disait aussi à celui qui l’avait invité : « Quand tu donnes un déjeuner ou un diner, n’invite pas tes amis, ni tes frères, ni tes parents, ni de riches voisins ; sinon, eux aussi te rendraient l’invitation et ce serait pour toi un don en retour. Au contraire, quand tu donnes une réception, invite des pauvres, des estropiés, des boiteux, des aveugles ; heureux seras-tu, parce qu’ils n’ont rien à te donner en retour : cela te sera rendu à la résurrection des justes. »

 UN DIEU SURPRENANT

Jésus aimait ces rencontres autour de la table. Et l’importance qu’il attachait aux repas faisait même dire aux gens malveillants : « Voilà un glouton et un ivrogne.
Jean Baptiste, l’austère prophète des bords du Jourdain s’en était même inquiété. De sa prison il avait envoyé des amis pour lui poser une question un peu raide : « Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ?

Jésus était le meilleur des convives. Il était souvent le point de mire. On l’observait, on l’étudiait. Lui, racontait parfois de petites histoires, des paraboles où tous se trouvaient finalement embarqués.

Jésus était en marche vers Jérusalem, la ville qui « tue les prophètes », vient-il de déclarer, la ville où il va bientôt prendre la dernière place, entre deux malfaiteurs, sur la croix.

C’est la troisième fois dans l’Evangile de Luc que l’on voit Jésus invité chez un pharisien. Les pharisiens étaient des gens très bien. Ils refusaient de collaborer avec les romains et avaient un très grand respect de la Tradition, cette richesse reçue des pères. Mais le plus bel idéal religieux peut avoir ses écueils, le respect des traditions peut faire oublier l’essentiel : la charité fraternelle.

Aux invités qui ont joué des coudes pour avoir les meilleures places, Jésus ne fait pas une remontrance sur leur manque de savoir-vivre et sur le ridicule de leur bousculade. Jésus n’est pas un moraliste et il a autre chose à faire qu’à enseigner les bonnes manières. Il ne donne pas une leçon de morale sur les bienfaits de l’humilité, mais il raconte une parabole où il est question de noces. Les pharisiens, fins connaisseurs de la Bible, savent que le repas de noce désigne le royaume de Dieu. C’est cela que Jésus est venu annoncer : le royaume de Dieu. Or, dans ce royaume, ce sont les pauvres, les estropiés, les boiteux et les aveugles qui ont la première place.

Jésus ensuite se tourne vers son hôte pour l’inviter à se comporter comme Dieu notre Père, lui qui nous invitera à sa table. Jésus invite son hôte à adopter, dès maintenant, la façon de faire surprenante de Dieu.

Pour Jésus, l’empressement des invités à choisir les premières places est révélateur de leur attitude devant Dieu. Parce qu’ils observent parfaitement tous les commandements, les pharisiens sont persuadés d’être à la première place, tout près de Dieu.

Mais devant Dieu, nul homme n’a de mérite à faire valoir, puisqu’il est aimé gratuitement. Dieu donne et se donne sans rien attendre de retour. C’est son bonheur.

« En Jésus Dieu a tellement pris la dernière place que personne ne pourra la lui ravir. » (Charles de Foucauld)

C’est la manifestation d’un amour tel que les hommes n’avaient pu l’imaginer : « ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce qui n’est pas montré au cœur de l’homme, voilà ce que Dieu a préparé pour les hommes » St Paul.

Cet excès d’amour, nous sommes invités à l’accueillir et à le vivre pour être le visage de Dieu.

« Va te mettre à la dernière place. »

L’Evangile ne risque-t-il pas de nous apparaître totalement irréaliste dans le climat de compétition sociale où nous évoluons ?

L’Evangile ne dit pas que la première place est mauvaise en soi. Il lui donne une  autre destination, celle du service et du don de soi : « si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le serviteur de tous. »

Comment allons-nous au cours des jours à venir répondre à l’appel du Christ ?

Pour qui vais-je avoir une oreille attentive ?

Qui vais-je inviter, accueillir, visiter ?

Père Lucas

 

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