« Dieu, quel est ton nom ? » par Jean Marie Ploux

Michelange Sixtine

  « Dieu, quel est ton nom ? »  par Jean Marie Ploux

Le mot « Dieu » n’est pas un nom d’une réalité physique.

Sa présence se manifeste dans sa Parole portée par des hommes et des femmes qui ont confiance en lui. Parmi eux, Jésus qui l’a révélé et nous dévoile ses noms.

Le Créateur de l’univers n’a pas de nom, parce qu’il est non engendré. Recevoir un nom suppose en effet quelqu’un de plus ancien qui donne ce nom. Ces mots : Père, Dieu, Créateur, Seigneur et Maître  ne sont pas des noms, mais des appellations motivées par ses bienfaits et ses actions. Le mot « Dieu » n’est pas un nom, mais une approximation naturelle à l’homme pour désigner « l’inexplicable ».

J’aime beaucoup ces mots d’un grand Ancien, Juste de Rome : il est loin d’être le seul à s’exprimer ainsi. Tous ces chrétiens des premiers siècles qui ne doutaient pas de l’existence de Dieu avaient une pudeur ou une retenue en parlant de Dieu que notre incroyance n’a plus…

Dieu est présent en tout être humain car il veille par son Esprit sur notre humanité. Dans l’injustice il a un nom : révolte ; dans la douleur il a un nom : compassion ; dans la solitude il a un nom : amitié… Si les hommes l’acceptent, il chemine avec eux et se fait leur compagnon pour parcourir la vie et traverser la mort. S’ils le refusent, il est comme un chien que l’on chasse mais qui suit obstinément, de loin, et qui viendra gémir sur nos tombes. Dieu est Amour, dit l’évangéliste Jean. Son amour est inconditionnel, sans retour, désarmé, respectueux, attentif, attendant, libérateur… Amour de Dieu avec ou sans la foi, dans ou hors de l’espérance.

Dieu, personne ne l’a jamais vu mais il a confié et confie encore et confiera toujours sa Parole  à celles et à ceux qui mettent leur confiance en lui. Et même à ceux qui lui en veulent que le monde soit ce qu’il est, que l’histoire des hommes soit si tragique et leur expérience si chaotique. Le désespoir désigne sa présence en creux.

Qu’est-ce que la Parole de Dieu ? C’est d’abord la parole adressée par Dieu dans l’intimité du cœur, dans les moments de bonheur et de malheur, seul ou avec d’autres. Des mots, des silences, des gestes, des cris… Avant de parler de Dieu, il faut parler à Dieu. C’est normal après tout : qui parlerait de l’amour sans avoir aimé ou souffert de ne l’être pas ? Mais c’est ensuite la Parole créatrice de Dieu et il n’y a pas d’autre parole créatrice de l’homme que celle des hommes qui instaurent l’humanité de chaque être humain ou s’efforcent de la restaurer quand elle est abimée. Si on sait l’écouter, toute parole d’un être humain qui fait vivre un autre être humain, qui l’accompagne avec amour et respect dans la vie et jusque dans la mort est Parole  créatrice de Dieu.

Parmi les porteurs de la Parole de Dieu au long des temps- les prophètes et les justes de toute notre histoire- nous chrétiens, reconnaissons en Jésus celui qui, par ses gestes, ses paroles, sa vie et sa mort, a révélé Dieu dans le rapport le plus accompli et le plus décisif  de l’homme à Dieu. A sa suite et à son écoute, nous pouvons entrer dans sa prière et découvrir peu à peu la vérité de sa Parole : la Parole du Dieu ineffable, la proximité de Celui qui demeure au- delà de tout. La Parole d’un Dieu qui s’est fait l’un de nous et qui nous appelle à croire qu’il ensemence, par sa présence, notre chair et notre histoire pour qu’elles survivent aux naufrages du devenir et de la mort. Son nom est l’Amant et l’Ami.

Jean Marie Ploux, prêtre de la Mission de France et théologien.

Texte communiqué par le Père Lucas,

recteur de la paroisse de l’île d’Arz

 

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