L’argent, un mauvais maître, un bon serviteur

Marinus Claeszon van Reymerswaele
Marinus Claeszon van Reymerswaele

DIMANCHE 18 SEPTEMBRE

Evangile selon Saint Luc

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Celui qui est digne de confiance dans la moindre chose est digne de confiance aussi dans une grande. Celui qui est malhonnête dans la moindre chose est malhonnête aussi dans une grande. Si donc vous n’avez pas été dignes de confiance pour l’argent malhonnête, qui vous confiera le bien véritable ? Et si, pour ce qui est à autrui, vous n’avez pas été dignes de confiance, ce qui vous revient, qui vous le donnera ? Aucun domestique ne peut servir deux maîtres : ou bien il haïra l’un et aimera l’autre, ou bien il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’argent.

 

L’argent, un mauvais maître, un bon serviteur.

Cette page d’Evangile de Luc nous réserve une surprise de taille : Jésus a l’air d’encourager les escrocs !

Non, ce n’est pas la malhonnêteté que Jésus admire, c’est l’habileté, l’ingéniosité.

S’il est vrai que l’envie de gagner de l’argent rend quantité de gens très inventifs, Jésus voudrait bien que l’ardeur pour la justice ou pour la paix nous rende aussi inventifs !

Le jour où nous consacrerons autant de temps et d’énergie à inventer des solutions de paix, de justice, de partage, de respect de la création qu’à gagner de l’argent, la face du monde sera changée !

Amos, le prophète, huit siècles avant Jésus Christ, fait « rugir » Dieu comme un lion face aux situations scandaleuses qui gangrènent la vie sociale. Le prophète dénonce la corruption qui s’infiltre partout, l’exploitation des pauvres.

« Ecoutez ceci, vous qui écrasez le pauvre pour anéantir les humbles du pays, vous qui achetez le pauvre pour une paire de sandales. »

L’argent est trompeur de deux manières.

D’abord, il nous fait croire qu’il nous assurera le bonheur, mais viendra bien un jour, pourtant, où il faudra tout laisser. « Gardez-vous bien de toute avidité, car la vie de quelqu’un, fut-il dans l’abondance, ne dépend pas de ce qu’il possède », nous dit Jésus dans un autre passage de l’Evangile.

Ensuite l’argent nous trompe quand nous croyons qu’il est au service de notre propre intérêt. Jésus ne nous pousse pas à mépriser l’argent, mais à le mettre au service du Royaume et de sa justice. Nous sommes intendants des richesses que nous possédons. Dieu nous fait confiance.

Toutes nos richesses, de tous ordres, nous sont confiées comme à des intendants pour que nous les partagions, pour que nous les transformions en bonheur pour ceux et celles qui nous entourent. Cet enseignement de Jésus interroge nos choix de vie. D’abord sur ce que représente l’argent pour nous et sur la place que nous lui donnons.

Le Christ nous questionne sur sa finalité : au service de quoi mettons-nous notre argent ?

Mais cette interrogation dépasse la question financière et concerne tous nos choix

d’investissement en temps, en énergie, en patience ou en relation.

« Là où est ton trésor ; là aussi sera ton cœur », nous dit Jésus. Quelle est la part précieuse de notre vie ?

Cette part précieuse, qui ne s’achète ni ne se vend, qui est hors de prix, c’est la richesse intérieure, la richesse du cœur : l’amitié, la fraternité, l’accueil, la solidarité….

C’est la logique du don, celle qui a conduit Jésus à aimer jusqu’au bout sur la croix.

Chers amis, l’Evangile appelle à une intelligence et à une habileté aussi astucieuses que celles dont font preuve les gens d’affaires, pour construire un monde de confiance et de fraternité.

Chers amis, l’avenir de l’Evangile est entre nos mains. Alors soyons des gérants ingénieux, pleins de courage, pleins d’initiatives, pleins d’imagination pour participer à la création sur cette terre d’un monde de justice, de paix , pour participer à la création du Royaume de Dieu.

Père Jean Lucas

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Quentin Massys

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