Croire à l’impossible

Nouvel horaire du service religieux

à compter de dimanche 2 octobre : 10:30

parabole graine moutarde

Dimanche 2 Octobre

 

Evangile selon saint Luc

En ce temps-là, les Apôtres dirent au Seigneur : «  Augmente en nous la foi ! » Le Seigneur répondit : « Si vous aviez de la foi, gros comme une graine de moutarde, vous auriez à l’arbre qui voici : « Déracine-toi et va te planter dans la mer, » et il vous aurait obéi. Lequel d’entre vous, quand son serviteur aura labouré ou gardé les bêtes, lui dira à son retour des champs : « Viens vite prendre place à table » ? Ne lui dira-t-il pas plutôt : « Prépare-moi à diner, mets –toi en tenue pour me servir, le temps que je mange et boive. Ensuite tu mangeras et boiras à ton tour » ? Va-t-il être reconnaissant envers ce serviteur d’avoir exécuté ses ordres ? De même vous aussi, quand vous aurez exécuté tout ce qui vous est ordonné, dites : « Nous sommes de simples serviteurs : nous n’avons fait que notre devoir. »

Croire à l’impossible

 

Ce texte contient deux récits qui n’ont apparemment pas grand-chose à voit l’un par rapport à l’autre. Mais l’un et l’autre ont une signification immense. Ce sont deux paroles que le Christ nous adresse, aujourd’hui, l’un pour nous encourager et l’autre pour nous mettre en garde.

La première parole pour nous encourager. Oui, nous sommes parfois découragés. Avoir la foi, qu’est-ce que cela change ? A quoi sert de croire ? Les croyants ont-ils changé le monde depuis deux mille ans ?

Et comme les Apôtres nous disons : « Seigneur, augmente en nous la foi ! » Jésus nous fait une étrange réponse. C’est comme s’il disait qu’il ne faut pas parler de la foi en termes de quantité mais de qualité. De quelle foi parlons-nous ?

Dans toutes les religions, en effet, la foi peur se pervertir. Elle peut fabriquer des croyants ou des fanatiques. L’actualité nous le rappelle tragiquement. Au long de l’histoire, les chrétiens eux-mêmes n’y ont pas échappé. Alors, de quelle foi parlez-vous ? Si c’est la foi au Dieu Amour, vous en auriez gros comme une graine de moutarde, vous diriez au grand arbre que voici : « Déracine-toi, et va te planter dans la mer », il vous obéirait !

Les images n’ont pas été choisies au hasard. La plus petite de toutes les graines et le plus majestueux des arbres ! L’opposition entres les deux est radicale, mais il les faut toutes les deux pour dire la foi.

Un arbre qui va se planter dans la mer ! C’est l’image la plus forte. L’arbre, symbole de la vie par excellence, et la mer symbole de la mort. Les juifs, en effet, considéraient la mer comme le lieu des puissances du mal.

La foi en un Dieu Amour peut donc faire surgir la vie jusque dans les décors de mort§

Vous n’en connaissez pas de ces chrétiens qui ouvrent une espérance là où tout le monde désespère ?

L’histoire des chrétiens est pleine de ces grands témoins qui ont planté la vie jusque dans la mort.

Ils sont connus les noms de Maximilien Kolbe, Dietrich Bonhoeffer, Edith Stein. Il y a vingt ans, Pierre Claverie, évêque d’Oran assassiné avec son chauffeur musulman, les sept moines de Tibhérine. Jusque dans l’enfer des camps de concentration ou dans l’horreur d’un monde de violence, ils ont pris conscience qu’ils étaient responsables de rendre Dieu présent dans cet univers de mort. Le père Jacques Hamel, assassiné par Daech alors qu’il célébrait la messe.

Le jour, la nuit, Dieu sème l’amour dans nos cœurs et cet amour peut faire des miracles. La foi, c’est croire à l’impossible. Vous ne verrez jamais des arbres se déraciner pour aller se planter dans la mer, mais vous verrez des jeunes, des adultes, des personnes âgées retrouver le sourire, la confiance parce que vous les aurez écoutés, visités, encouragés. Un grain de foi suffit pour faire des choses apparemment impossibles.

C’est la première parole du Christ pour nous encourager. La deuxième, c’est pour nous mettre en garde. Nous ne sommes que des serviteurs, c’est-à-dire, au service d’une tâche qui nous dépasse, la venue du Royaume de Dieu. Cessons de soupeser notre utilité, nos mérites Nous oublions que c’est Dieu qui nous a donné d’être ce que nous sommes et de faire ce que nous faisons. Qu’as-tu que u n’aies reçu ? Si nous voulons déplacer les montagnes et déraciner les arbres, pour reprendre les mots de la parabole, faire surgir la vie jusque dans les décors de mort, il nous suffit d’être de bons et fidèles serviteurs, là où nous sommes, tout simplement.

Père Jean Lucas

Share