Les dix lépreux

dix-lepreux-2DIMANCHE 9 OCTOBRE

EVANGILE DE JESUS CHRIST SELON SAINT LUC

En ce temps-là, Jésus, marchant vers Jérusalem, traversait la région située entre la Samarie et la Galilée. Comme il entrait dans un village, dix lépreux vinrent à sa rencontre. Ils s’arrêtèrent à distance et s’écrièrent : « Jésus, maître, prends pitié de nous. » A cette vue, Jésus leur dit : « Allez vous montrer aux prêtres. » En cours de route, ils furent purifiés.

L’un d’eux, voyant qu’il était guéri, revint sur ses pas, en glorifiant Dieu à pleine voix. Il se jeta face contre terre aux pieds de Jésus en lui rendant grâce. Or, c’était un Samaritain. Alors Jésus prit la parole en disant : « Tous les dix n’ont-ils pas été purifiés ? Les neuf autres, où sont-ils ? Il ne s’est trouvé parmi eux que cet étranger pour revenir sur ses pas et rendre gloire à Dieu ! » Jésus lui dit : « Relève-toi et va : ta foi t’a sauvé. » 

LES DIX LEPREUX

Aux temps de jésus, en Palestine, avoir la lèpre, c’était, encore plus qu’aujourd’hui, être condamné à vivre en marche de la communauté humaine. Nous pouvons imaginer la situation dramatique de ces personnes atteintes de cette terrible maladie : exclues de la société, forcés à vivre à l’écart des villes et des villages. Considérées comme des intouchables, des personnes maudites, qui n’ont même pas droit à la miséricorde de Dieu.

De fait, c’est à l’entrée d’un village que Jésus entend qu’on l’appelle : «  Jésus, maître, prends pitié de nous. » Dix lépreux sont là, compagnons de misère, mais décidés à saisir la chance de leur vie, la dernière chance, puisqu’ils sont rejetés des hommes.

Ils se tiennent à distance, par habitude, par crainte, peut-être, d’indisposer Jésus en osant s’approcher ; et jamais la distance ne leur a paru si dure à supporter.

La réponse de Jésus va las mettre en route dans un sens complètement inattendu : «  Allez vous montrer aux prêtres ! »

Pendant un instant, ces hommes ont dû être stupéfaits : en se regardant, ils voient bien que leur état n’a pas changé ? Jésus leur demande pourtant, conformément à la loi juive, d’aller faire constater leur guérison et se plier aux rites de purification. Ils pourront ainsi reprendre leur place dans la société.

Ces hommes qui ne sont pas guéris, se mettent en route comme s’ils l’étaient. Qu’est-ce qui leur donne cette audace et ce brin de folie ? Ces hommes s’accrochent à la parole de Jésus. Ils lui font confiance .

Quelques instants plus tard, c’est la guérison, subite, complète, pour les dix en même temps.

Chers amis, la foi insuffle dans nos vies un vent de confiance, même si tout nous pousse à douter et à baisser les bras.

Il n’y a pas besoin d’être lépreux pour être menacé de vide, de non-sens, de désespoir. Les situations bloquées sont nombreuses. Le récit évangélique nous invite à nous accrocher à la Parole de Dieu. Or, nous croyons que notre lèpre nous rend indignes de l’amour du Père et qu’elle va rebuter le Seigneur. Nous avons peur de nous approcher de lui tels que nous sommes ; nous avons de la peine à croire que Dieu nous aime ainsi, tels que nous sommes ; non pas qu’il aime notre lèpre spirituelle, mais il nous aime tout lépreux que nous sommes, car il n’y a place, dans le cœur de Dieu, ni pour le rejet ni pour le dégoût. « D’un cœur broyé, Seigneur, tu n’as pas de mépris », lit-on dans le Psaume 51, 19.

Nous imaginons sans cesse qu’une distance nous sépare du Christ. Or jamais le Christ n’est plus proche que lorsque nous souffrons, lorsque nous sentons le poids de la solitude et que nous sommes coupés de tout secours humain.

Et Jésus ne brusque rien. Il respecte la gêne des lépreux, qui se sentent si laids et si peu agréables. Il ne leur dit pas : « Approchez, approchez donc ; je vais vous guérir », mais, avec beaucoup de douceur et de doigté : « Allez vous montrer aux prêtres. »

Quelques instants plus tard les dix lépreux sont guéris. Ils ont cru en la Parle de jésus. Mais un seul revient. C’était un samaritain, le plus pauvre, le plus méprisé de la bande. Il revient, oubliant le constat de sa guérison par les prêtres du Temple, fou de joie ; parlant tout haut, ne cessant de remercier Dieu. Il a pris conscience que le Christ l’aimait au point de le guérir. Devant cette évidence bouleversante : « Jésus m’a aimé », il vient se prosterner aux pieds du Maître, pour lui dire avec son corps guéri, avec son cœur soudain adouci par la joie, le merci qui n’est dû qu’à Dieu. A lui seulement Jésus déclare : « Va, ta foi t’a sauvé. » Il réalise que le plus important est d’être en lien , de vivre en relation avec Jésus.

Chers amis, au cœur de notre vie, que jaillisse mille mercis pour tous les cadeaux que Dieu nous fait. 

Père Jean Lucas

dix-lepreux

Share