Tous promis à vivre dans l’éternité

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Enluminure tiree des oeuvres de Saint Augustin

DIMANCHE 6 NOVEMBRE

Evangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ce temps-là, quelques sadducéens- ceux qui soutiennent qu’il n’y a pas de résurrection- s’approchèrent de Jésus et l’interrogèrent : « Maître, Moïse nous a prescrit : Si un homme a un frère qui meurt en laissant une épouse mais pas d’enfant, il doit épouser la veuve pour susciter une descendance à son frère. »

« Or il y avait sept frères : le premier se maria et mourut sans enfant ; de même le deuxième, puis le troisième épousèrent la veuve, et ainsi tous les sept : ils moururent sans laisser d’enfants. Finalement la femme mourut aussi. Eh bien, à la résurrection, cette femme-là, duquel d’entre eux sera-t-elle l’épouse, puisque les sept l’ont eue pour épouse ? »

Jésus leur répondit : « Les enfants de ce monde prennent femme et mari. Mais ceux qui ont été jugés dignes d’avoir part au monde à venir et à la résurrection d’entre les morts ne prennent ni femme ni mari, car ils ne peuvent plus mourir : ils sont semblables aux anges, ils sont enfants de Dieu et enfants de la résurrection. »

« Que les morts ressuscitent, Moïse lui-même le fait comprendre dans le récit du buisson ardent, quand il appelle le Seigneur le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, le Dieu de Jacob. Il n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants. Tous, en effet, vivent pour lui. »

Tous promis à vivre dans l’éternité.

Ressusciterons-nous un jour ?

Et si nous devons ressusciter, à quoi pourra bien ressembler cette nouvelle vie ? Dans « quel nouveau monde » nous retrouverons-nous ?

Surtout : retrouverons-nous tous ceux et toutes celles que nous avons aimés ? Les enfants seront-ils réunis à leurs parents ? Les femmes à leurs maris ? Les amis à leurs amis ?

Toutes ces questions, chers amis, nous nous les posons tous. Et peut-être bien que si nous nous trouvions là, maintenant, en présence du Christ, disposé à répondre à nos interrogations, peut-être que nous aussi nous lui dirions : « Maître, de qui sera l’épouse, au paradis, la femme qui a eu plusieurs maris ? »

C’est la question que les Sadducéens ont posée à Jésus. Avec cette histoire burlesque d’une femme aux sept maris successifs, il veulent évidemment se moquer de ceux qui croient en la résurrection des morts.

De Jésus bien sûr, mais aussi de leurs ennemis : les Pharisiens.

Leur procédé est certes critiquable, mais la question posée est bien réelle, et elle nous concerne tous.

Y a-t-il une résurrection des morts ? Et sous quelle forme ?

Que disons-nous, nous chrétiens et chrétiennes quand nous affirmons dans le Credo : « Je crois en la résurrection de la chair » ?

Et que vivons-nous quand nous communions au corps du Christ ressuscité ?

Et que se passe-t-il quand nous conduisons un défunt au cimetière… ou au crématorium ?

Qu’en est-il de ceux et celles que j’ai aimés et qui, aujourd’hui, ne sont plus ?

Et nous, nous, vous et moi, qu’allons-nous devenir après notre bref passage sur cette terre ?

Nous le savons bien : poser la question de la résurrection, de la vie après la mort, c’est évidemment poser la question du sens de notre vie, ici, maintenant.

Face à toutes ces questions, je voudrais simplement évoquer quelques aspects à travers trois convictions

1ère Conviction : Quand on aime, c’est pour toujours !

Personnellement, je garde vivants en moi ceux et celles que j’ai aimés et qui sont morts. Ce n’est pas seulement le souvenir, c’est beaucoup plus. Ils sont en moi, ils sont partie intégrante de ma vie. Je porte en moi ce qu’ils m’ont donné tout comme je porte en moi la blessure de leur disparition.

Ma conviction, c’est qu’il en est de même pour Dieu, mais ô combien plus et ô combien mieux ! Parce que notre Dieu nous aime de toujours à toujours, il ne nous abandonne pas au pouvoir de la mort. Nous vivons en lui, nous devenons partie intégrante de sa vie.

Parce qu’il nous aime pour toujours, Dieu nous fait vivre pour toujours.

« Il n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants », affirme le Seigneur.

2ème Conviction : Acceptons d’oublier toutes nos représentations !

Que cela nous plaise ou non, le visage de la résurrection échappe à notre regard humain.

Les évangiles en témoignent quand ils évoquent Jésus ressuscité. On ne le reconnait pas, et pourtant c’est bien lui. Par les yeux de la chair, les disciples ne reconnaissent pas Jésus ressuscité.

C’est le regard de la foi, et seulement le regard de la foi qui leur permet de le reconnaître. Et pourtant ce n’est pas un fantôme : c’est un corps qui porte sur lui les traces des clous, les marques de la croix.

En Jésus Christ, Dieu s’est fait homme pour l’éternité.

Par Jésus Christ, l’homme est en Dieu pour l’éternité.

Mais comment nos pauvres yeux humains pourraient-ils voir cette part de Dieu qui est en nous ? Dieu, nul ne l’a jamais vu, son Fils nous le fait connaître.

3ème Conviction : Notre vie présente est le signe, le sacrement de notre résurrection.

Quand nous disons oui à la vie, quand nous disons oui à l’amour, alors nous sommes sur des chemins de résurrection. Ecoutons les premières phrases de la première lettre de saint Jean : « Parce que nous aimons nos frères, nous savons que nous sommes passés de la mort à la vie. Celui qui n’aime pas reste dans la mort. »

Qui d’entre nous n’a jamais fait cette expérience radicale : Aimer, c’est Vivre ? Quand nous aimons, quand nous donnons, quand nous partageons, quand nous pardonnons, nous faisons jusque dans notre chair l’expérience d’un plus de vie

Et si c’était cela, la résurrection ? Un don mutuel, total et sans réserve.
Dieu qui se donne à nous. Et l’homme qui se donne à Dieu.

Père Jean Lucas

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Coypel

 

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