Veillez jusqu’au bout de la nuit !

L'Arche de Noé sur le Mont Ararat, de Simon de Myle (1570)
L’Arche de Noé sur le Mont Ararat, de Simon de Myle (1570)

1er Dimanche de l’Avent

Evangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Comme il en fut aux jours de Noé, ainsi en sera-t-il lors de la venue du Fils de l’homme. En ces jours-là, avant le déluge, on mangeait et on buvait, on prenait femme et on prenait mari, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche ; les gens ne se sont doutés de rien, jusqu’à survienne le déluge qui les a tous engloutis : tel sera aussi la venue du Fils de l’homme. Alors deux hommes seront aux champs : l’un sera pris, l’autre laissé. Deux femmes seront au moulin en train de moudre : l’une sera prise, l’autre sera laissée. Veillez donc, car vous ne savez pas quel jour votre Seigneur vient. Comprenez le bien : si le maître de maison avait su à quelle heure le voleur viendrait, il aurait veillé et n’aurait pas laissé percer le mur de sa maison. Tenez-vous prêts, vous aussi : c’est à l’heure où vous n’y penserez as que le Fils de l’homme viendra.

VEILLEZ JUSQU’AU BOUT DE LA NUIT !

« Veillez donc, car vous ne savez pas le jour où le Seigneur viendra. » Noël, non pas déjà ! Encore quatre semaines. Pas déjà, mais on en parle déjà, en famille, en ville, dans l’île, dans les magasins. Eh bien ! Dans les églises, pendant quatre semaines, les chrétiens vont parler de Noël, préparer la fête de Noël et fêter la naissance de Jésus, Sauveur de l’humanité.

Ensemble, il nous faut prendre au sérieux cette montée joyeuse vers Noël, préparer nos cœurs à célébrer cette fête. Nous serons en bonne compagnie, en compagnie de trois personnages qui ont préparé la venue du Seigneur.

-Isaïe, le prophète qui a entretenu dans le peuple d’Israël cette attente d’un salut, d’un sauveur.

– Jean Baptiste, le précurseur, celui qui a désigné Jésus comme le Sauveur attendu.

– La Vierge Marie qui a donné naissance au Sauveur.

Pendant tout l’Avent, nous entendrons parler de la venue du Seigneur et de l’attitude qui convient pour ne pas manquer sa visite.

Eh bien, l’Evangile d’aujourd’hui nous invite à veiller. « VEILLER ». Ce jour-là, Jésus parlait à ses disciples de sa venue. Mais de quelle venue s’agissait-il. Il s’agissait de la venue du Seigneur à la fin des temps.

La première génération des chrétiens attendait le retour du Seigneur de façon imminente. Mais plus les années passaient, plus ils ont réalisé que le retour du  Seigneur n’était pas pour demain, et donc, que les disciples de Jésus ne devaient pas se contenter d’attendre paisiblement. Il convenait au contraire de prendre au sérieux le temps présent et de veiller activement. « Veillez donc », et soyez prêts à accueillir le Christ, non seulement quand il viendra à la fin des temps, car il frappe à notre porte à tout instant et parfois de façon inattendue.

Inattendue comme l’arrivée du déluge à l’époque de Noé, ou comme la venue d’un voleur qui ne prévient pas. Après Jésus, les évangélistes le répètent sur tous les tons : «  Tenez-vous prêts, ne dormez pas, veillez. »

« Veillez, oui, mais comment ? » Veiller, c’est d’abord : faire attention, être en éveil, ne pas s’endormir. Tout au long de l’histoire de l’humanité, les hommes ont été en attente d’un salut. On le voit autant dans l’Ancien Testament que dans le Nouveau. Isaïe l’exprimait souvent, comme tous les prophètes : nous venons de l’entendre dans la première lecture. Et nous avons entendu Saint Paul nous dire : “ Frères, vous le savez, c’est le moment, l’heure est venue de sortir de votre sommeil, le salut est là, tout proche. »

Pour nous qui savons que Jésus est venu combler cette attente et accomplir la Promesse, il nous faut nous mettre à l’œuvre pour faire de cette promesse une réalité. Dans nos vies souvent agitées, il nous faut nous tenir éveillés pour ne pas vivre machinalement, superficiellement. Il nous faut ouvrir les yeux, les mains, le cœur sur l’essentiel. Ceci est vrai dans nos relations les plus quotidiennes. Ceci s’impose également dans notre participation à la vie du monde, aux problèmes de détresse, au malheur de tant de gens, à la misère qui touche tant de personnes sur notre terre. Ce n’est pas le moment de s’endormir. Si nous manquons cet engagement pour nos frères et sœurs proches ou lointains, nous manquons la visite du Seigneur qui est venu pour semer en nos cœurs des graines de paix, de fraternité, de justice, de bonté. Il est venu et il nous a montré jusqu’où aimer lui dont l’amour était si grand qu’il a vaincu la mort. IL est vivant, Ressuscité, premier-né d’une humanité nouvelle.

Chers amis, pour être en état de veille, à l’écoute du Seigneur, il faut prendre de temps en temps de vrais moments de veille. On peut traduire le mot veiller par un autre mot : PRIER. C’est Jésus lui-même qui a associé ces deux mots, la veille de sa mort : « Veillez et priez. »

Prier chaque jour comme on veille sur ceux et celles dont on est proche, solidaire, responsable. Dans notre prière, il faut évoquer, devant Dieu, les visages heureux et douloureux de nos frères et sœurs. Egrenons leurs noms, leurs souffrances, leurs bonheurs. Prions pour notre société qui a tant de mal à trouver son chemin, prions pour la paix et les victimes des guerres. N’oublions pas de remercier le Seigneur pour ses bienfaits et n’hésitons pas à lui présenter nos demandes pour nous-mêmes et pour les autres.

Chers amis, si nous voulons nous tenir prêts pour la venue du Christ à Noël, veillons et prions.

Père Jean Lucas

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