Révolution dans les paroisses

PHOTO CLAUDE PRIGENT / LE TELEGRAMME. QUIMPER (29) : Religion ; catholiques , chrétiens , église Saint Alor à Ergué Armel , curé , prêtre , Sébastien Guiziou . Rencontre avec les futurs mariés , réparation au mariage religieux .
PHOTO CLAUDE PRIGENT / LE TELEGRAMME. QUIMPER (29) : Religion ; catholiques , chrétiens , église Saint Alor à Ergué Armel , curé , prêtre , Sébastien Guiziou . Rencontre avec les futurs mariés , réparation au mariage religieux .

Moins de curés, moins de fidèles dans les églises… Il faut donc moins de paroisses. Le diocèse de Quimper se lance dans un vaste réaménagement pastoral pour pouvoir continuer à assurer sa mission d’évangélisation en misant sur un fort investissement des laïcs et en replaçant les prêtres dans leur vocation première.

Sans remonter aux Évangiles, le schéma « un clocher : un prêtre » est dépassé depuis belle lurette. Il y a vingt ans, le diocèse de Quimper connaît une première restructuration : les 320 clochers finistériens se regroupent en 73 ensembles paroissiaux (1). Aujourd’hui, sous l’impulsion de l’évêque Laurent Dognin, on se dirige vers 20 à 22 paroisses nouvelles pour faire face à une baisse constante du nombre de prêtres. Le credo : mutualisation des compétences et proximité.

Plus de temps pour les prêtres

 

« En réduisant le nombre de paroisses, on diminue, de fait, celui des structures – équipes pastorales et conseils économiques – attachées à chaque ensemble paroissial. Cela va nous décharger de tâches administratives, limiter les innombrables réunions et, ainsi, nous dégager du temps », se félicite Sébastien Guiziou, âgé de 43 ans. Le curé de l’ensemble paroissial Quimper rive gauche (quatre clochers), par ailleurs responsable diocésain pour la formation liturgique et sacramentelle et du suivi des séminaristes, souffre, en effet, aujourd’hui, d’un planning très chargé. Et ce malgré l’aide de son jeune collègue de 34 ans, Corentin Sanson, et celle, ponctuelle, de prêtres retraités.

Des laïcs plus sollicités

 

Gain de temps, soit. Mais, compte tenu des effectifs (2), il ne faut pas s’attendre pour autant à une plus forte implication des prêtres dans la célébration des obsèques ou de messes dont le rythme a déjà sensiblement baissé. « Cela va surtout nous permettre d’être plus en communion avec les paroissiens à qui l’on va demander un plus fort engagement », explique Sébastien Guiziou. Les prêtres pourront, de fait, davantage se consacrer à l’accompagnement et à la formation des laïcs. Ceux qui, au sein des communautés chrétiennes locales (placées sous la responsabilité de deux paroissiens) ont déjà pour mission d’accompagner les familles en deuil, de préparer au mariage et au baptême ou d’effectuer des lectures-temps de prières. L’allégement des structures va aussi donner plus de temps aux ministres du culte pour leur prière personnelle quotidienne et « pour se ressourcer spirituellement ; sinon, on se dessèche ». Plus de temps, enfin, pour aller à la rencontre des « gens : jeunes générations, personnes en difficulté, intéressées par la foi ou en recherche de sens dans un monde qui vacille et qui frappent à la porte de l’Église, ou pas… »

Plus modeste mais plus vraie

 

« Aller vers…, c’est notre mission originelle. L’Église est devenue plus modeste aujourd’hui, mais aussi plus vraie. Notre posture n’est plus celle de l’attente, du guichet ; désormais, c’est d’être exposé au monde », affirme Christian Bernard, curé de Saint-Renan (trois clochers). Dans son doyenné, le Pays d’Iroise – trois prêtres pour 26 clochers, dont Ouessant et Molène -, l’aménagement pastoral est engagé depuis deux ans à la suite du départ de quatre prêtres en quelques mois. Il y voit, non pas le signe du déclin, mais un défi et une chance à saisir. L’opportunité de vivre la vie de l’Église au-delà des seules messes du dimanche, d’inventer d’autres temps de rencontre, de partage ou de prière. « L’occasion, aussi, pour chaque baptisé de se demander comment il va pouvoir continuer à prendre sa part. » Des chrétiens à qui l’on va aussi demander de s’impliquer dans l’émergence des vocations. Car, sans prêtre, « le pasteur qui montre la route, suscite le dialogue, rassemble » et célèbre les sacrements, pas d’avenir pour les communautés de chrétiens. Mais Christian Bernard se dit optimiste quant à l’issue de cet ambitieux remue-méninges : « Il faut expliquer et rassurer, mais dans les réunions, les gens sont enthousiastes et volontaires ». « Un gros chantier, mais passionnant », ajoute son collègue d’Ergué-Armel. 1. Coiffés, depuis dix ans, par 18 doyennés, organes de concertation et de réflexion. 2. 232 prêtres dont 122 à la retraite.


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