L’île d’Arz, en quelques chiffres clés

ID-îles

 

Ile d’Arz, malgré une population résidente âgée, des atouts indéniables grâce au dynamisme des entrepreneurs locaux

ID-Iles a publié une très intéressante monographie sur l’île d’Arz dont voici des extraits :

Difficile de ne pas rapprocher les deux voisines du Golfe du Morbihan au regard de leurs caractéristiques démographiques. L’évolution de leur population est sensiblement la même. C’est à la fin des années 1840 qu’elles connaissent leur apogée démographique. Arz est déjà moins peuplée que l’Îleaux-Moines. Elle le restera tout au long du déclin progressif de leur population, qui s’amorce de manière franche à la fin du XIXème siècle. Arz perd 80% de sa population en un peu plus d’un siècle, quand l’Île-auxMoines en perd un peu moins de deux tiers. Difficile également de savoir si leurs légers regains de population respectifs, ces dernières décennies, sont de véritables virages démographiques ou bien de simples sursauts comme elles en ont connu auparavant. A l’image de l’ensemble des îles proches du continent, c’est dans la récente inversion du solde migratoire qu’on trouve l’explication de l’augmentation de population ildarais. En outre, le solde naturel est de moins en moins négatif depuis les années 1980, ce qui est une exception vis-à-vis des autres îles. Le solde migratoire, certes positif depuis peu et encore faible, permet donc de compenser ce déficit de naissances qui s’affaiblit. Si l’inertie de la structure de la population ne permet pas encore de le constater sur la pyramide des âges, peut-être faut-il lire dans la réduction du déficit naturel, l’arrivée d’habitants plus jeunes. On constate sur la figure 5 le déséquilibre des tranches d’âges sur l’île, qui enregistre l’indice de vieillissement le plus élevé des îles du Ponant (540). Cette surreprésentation des tranches les plus âgées et l’écart qui existe entre la classe des 45-59 ans et celle des 60-74 ans vient contrebalancer l’hypothèse précédente. Elle traduit sans doute l’arrivée de retraités qui viennent gonfler ces classes d’âges. Il reste donc délicat d’avancer une explication certaine pour la réduction du déficit naturel. Arz se démarque des autres îles proches du continent par sa densité de population, nettement plus faible.

Malgré une population estivale près de dix fois plus nombreuse, la densité en été reste en deçà de ce qu’elle est sur ce même groupe d’îles. Cette population estivale se compose majoritairement de résidents secondaires puisque l’INSEE recense près de 1800 lits en résidences secondaires. Arz a donc connu une longue phase de dépopulation durant laquelle elle a perdu 80% de sa population. Ces deux dernières décennies l’île se repeuple légèrement mais sa population est la plus âgée des îles du Ponant.

C’est sur Arz que l’INSEE recense le plus de logements par habitant : 2,1 ; à l’image des petites îles proches du continent, souvent beaucoup plus densément bâties que peuplées. Ceci s’explique par la part très élevée qu’occupent les résidences secondaires dans le parc immobilier sur ces îles, 67,8% à Arz contre 26% en moyenne sur les communes littorales du Morbihan. La croissance du nombre de logements à Arz est largement déterminée par la croissance continue du nombre de résidences secondaires, dont le taux de croissance annuel moyen depuis 1968 est de 2,51% par an. Ce taux est en deçà de la moyenne des îles du Ponant. Il est en revanche élevé pour les îles proches du continent. En effet, Arz, Batz et Aix se démarquent ici de l’Île-aux-Moines et de Bréhat, dont la part des résidences secondaires était déjà supérieure à celle des résidences principales en 1968. L’écart a été comblé par une croissance des résidences secondaires plus soutenue depuis 1968 sur les trois premières îles. Le nombre de résidences principales, s’il a diminué depuis 1968, semble ré-augmenter sur la dernière décennie, à l’image de la population permanente de l’île. La pression foncière rend difficile l’accès au logement pour une partie de la population ne bénéficiant pas d’une maison familiale sur l’île ou de revenus élevés. La disponibilité de logements sociaux constitue dès lors une solution partielle, notamment pour l’installation de populations actives. Sur ce point, Arz fait partie des îles n’ayant pas construit de logements sociaux depuis 2006. Similairement à Houat, la quasi-totalité de l’île est classée en zone Natura 2000 (80% de la superficie). Les possibilités de construction sont donc limitées. Par ailleurs, Arz possède déjà un nombre de logements sociaux pour 100 habitants (7,6) au dessus de la moyenne des îles du Ponant (6). En outre, une partie des habitats sociaux construits n’étaient pas occupés en 20111 . Actuellement, un projet de locationaccession à la propriété portant sur deux maisons et six logements pour personnes âgées est en cours.

Arz compte parmi les îles au taux d’activité le plus important avec 71% d’actifs (Belle-Île, Yeu et Bréhat dépassent aussi les 70%). Les îles proches du continent sont en moyenne celles dont le taux d’activité est le plus élevé. L’île du golfe se démarque réellement quant à son taux de chômage (actifs sans emploi), le plus faible des îles du Ponant. La proximité du continent s’exprime sans doute ici, avec un bassin d’emploi plus large et accessible aux Ildarais. En effet, 34,9% des actifs travaillent en dehors de la commune. Le nombre d’entreprises domiciliées à Arz peut également être source d’emplois, puisque l’INSEE recense 18 entreprises pour 100 habitants à Arz. Arz se rapproche une nouvelle fois de Bréhat quant à la distribution socio-professionnelle de ses emplois. En effet, les artisans commerçants et les ouvriers y sont surreprésentés. Par ailleurs, les cadres et professions intellectuelles supérieures occupent une part des emplois plus importante que sur les îles éloignées (9% ici). Le dynamisme entrepreneurial explique sans doute en partie le grand nombre d’artisans-commerçants et de chefs d’entreprises. La part des cadres trouve écho dans la part des foyers fiscaux imposables, élevée à Arz. Le revenu moyen par foyer fiscal est également l’un des plus importants des îles du Ponant. Il reste délicat en revanche de trouver une explication à la forte représentation des ouvriers, si ce n’est peut-être la possibilité pour les Ildarais d’aller travailler sur le continent, et donc dans des entreprises de plus grande taille. Emploi La distribution des emplois par statuts vient confirmer la dynamique de l’entrepreneuriat sur Arz. En effet, statistiquement les hommes sont souvent surreprésentés parmi les entrepreneurs, ce qui se traduit ici, sur la figure 10, par un nombre d’hommes non salariés plus important. Les îles du golfe du Morbihan ainsi que Houat ont cette particularité d’avoir une part des emplois masculins non salariés très importante. Par conséquent, les femmes sont nettement plus nombreuses que les hommes parmi les salariés

Comme sur toutes les îles du Ponant, les enfants ildarais peuvent rester sur l’île lors de leur scolarisation primaire. Avec une vingtaine d’enfants entre 0 et 14 ans recensés par l’INSEE, l’école primaire se résume à une classe unique. Concernant l’enseignement secondaire, la situation est identique aux autres petites îles proches du continent. Les 15 minutes de bateaux permettent l’accès aux infrastructures scolaires de Vannes pour les collégiens. Malgré une moyenne d’âge très élevée des Ildarais, aucun médecin permanent n’exerce sur Arz. Cependant, les populations les plus âgées quittent bien souvent l’île au cœur de l’hiver. L’offre de soin est assurée par des médecins de Vannes, Arradon et l’Île-auxMoines. De plus, deux infirmiers à temps partiel effectuent des permanences toute l’année. Rapportée à la taille de sa population et son éloignement, la couverture médicale d’Arz est satisfaisante. Phénomène commun aux petites îles, beaucoup de services sont regroupés au sein d’une même entreprise. C’est le cas des alimentations générales, faisant office de dépôt de pain, de drogueriequincaillerie, boucherie, etc. C’est également le cas des bars-restaurants-tabac et des artisans polyvalents du bâtiment. Cela s’explique par la taille de la population, insuffisante pour viabiliser des commerces de proximité spécialisés. La saisonnalité se fait sentir auprès des commerces de proximité (café, restaurants), dont la moitié ferme hors-saison. Pourtant, ce phénomène est davantage accentué sur une île comme Aix, où seul un bar sur neuf continue son activité l’hiver. Equipement Figure 12 : Equipements à Arz en 2013, source principale: Recensement IDîles 2013 Au niveau culturel et sportif, Arz ne semble pas sous-équipée. Les habitants peuvent compter sur une salle polyvalente, un terrain de football et trois centres de loisirs nautiques. Un local de sport est également disponible, contrairement à des îles telles que Hoëdic, Molène ou Bréhat. En outre, une dizaine d’associations sont recensées. Ce constat reste néanmoins soumis à caution : de nombreuses associations peuvent rester déclarées sans pour autant être actives. L’approvisionnement en eau et électricité se fait par une conduite et un câble sous-marin reliés au continent. C’est le cas de toutes les îles peu éloignées du continent. Seules Ouessant, Molène et Sein n’ont pas ce type de dispositif : l’éloignement et les fonds marins ne le permettent pas. Le prix de l’eau (5,76€/m3, assainissement compris) est égal à la moyenne des petites îles proches (5,73€/m3). Avec Belle-Île et Hoëdic, Arz est une des rares îles dont le secteur public produit de l’énergie solaire. Pour la production de chaleur, une chaudière à fioul vient compléter l’apport électrique. Enfin, le système de traitement des déchets est similaire à toutes les autres îles. Les ordures sont stockées puis transportées sur le continent après un passage à la déchetterie. Comme l’Île-aux-Moines, ce service est géré par l’agglomération de Vannes dont fait partie Arz. EQUIPEMENT Arz Communication / Infrastructures Aéroport / Aérodrome non Port de pêche non Infrastructures pour la pêche : Quai de débarquement dédié à la pêche Matériel de manutention Espace de stockage du matériel Infrastructure de conservation Transformation des produits Lieu de débarquement principal Transport des produits vers le continent Commercialisation Port de plaisance Non renseigné Nombre d’anneaux (Bloc Marine 2013) Non renseigné Salle de sport 1 local géré par une assoc. Terrain de jeux (plein air) 1 Centre loisirs nautiques (voile/kayak) 3 Energie Approvisionnement en électricité: Câble électrique sous-marin 1 Générateur diesel (fioul) non Energies renouvelables : Energie solaire public Energie éolienne non Autres Production de chaleur: Electricité oui Chaudière au fioul oui Energies renouvelables : Non renseigné Panneaux solaires Géothermie Autres: Eau / Assainissement / Déchets Approvisionnement en eau douce : Barrages et retenues d’eau non Désalinisation de l’eau de mer non Forages non Conduite d’eau vers le continent oui Autres Possibilité de stockage de l’eau non Capacité de stockage (m3) Prix de l’eau¹ (€/m3) : 2,51 Prix de l’assainissement collectif: 3,25 Traitement des déchets sur l’île stockage puis export Déchetterie oui Arz Nombre d’établissements % du total Répartition des effectifs salariés

Les Ildarais semblent particulièrement entreprenants, compte tenu de leur nombre d’entreprises domiciliées sur l’île pour 100 habitants (18 contre 12,9 en moyenne sur les îles du Ponant). Revers de la médaille, la plupart des établissements sont déclarés comme non-employeurs permanents. Dès lors, le secteur public possède logiquement plus d’effectifs salariés en moyenne. L’INSEE n’enregistre pas d’établissements dont le siège social est extérieur à l’île. Pourtant, la présence d’artisans du continent sur la zone artisanale est attestée par le Maire. Ces derniers n’ont surement pas déclaré d’établissements secondaires. Il peut aussi s’agir d’erreurs de déclarations. Sur l’Île-aux-Moines, voisine d’Arz, 11% des établissements appartiennent à une entreprise du continent. Mais la population est presque 2,5 fois plus élevée. De manière générale, la proximité au continent des îles du Golf élargit la zone de chalandise et l’accès au marché du travail des entreprises. Mais leur espace concurrentiel également. Comme sur la quasi-totalité des îles du Ponant, le secteur de l’hébergement/restauration prend une place prépondérante dans l’économie ildaraise. Ce constat est à mettre en lien avec une forte population estivale composée de touristes et de résidents secondaires. La figure 15 nous indique que le secteur social et culturel est également bien représenté. On y retrouve, entre autres, le Centre Communal d’Action Sociale (CCAS), l’école, la mairie, deux infirmier(e)s et deux établissements d’art du spectacle. Cependant, Arz se démarque par la diversité des activités économiques, comparable aux grandes îles. Entrepreneuriat Quelques définitions … Entreprise (n° SIREN): entité juridique autonome composée de un ou plusieurs établissements. Exemple : Entreprise individuelle, SARL, Société anonyme, etc. Etablissement (n° SIRET): partie physique de l’entreprise (boutique, navire, local, domicile d’un artisan, etc.). Chaque entreprise peut disposer de plusieurs établissements localisés sur différentes zones géographiques. Ce concept permet d’étudier les activités économiques liées à un territoire particulier. Secteur public: établissements publiques et établissements privés ayant une mission de service public (transport maritime, EDF, La Poste, etc.). En effet, on retrouve sur l’île de nombreuses professions différentes venant atténuer la prépondérance du secteur de l’hébergement/restauration. L’ouverture d’une zone artisanale en 2010 a certainement favorisé le maintien et l’implantation des établissements du bâtiment, dont la moitié d’entre eux ont été créés après cette date. Toujours en 2010, la commune a favorisé l’installation d’un couple d’agriculteurs laitiers. Avec l’arrivée d’une éleveuse d’escargots, cette initiative est venue compléter panorama agricole de l’île. Celui-ci était initialement composé d’un maraîcher et d’un pépiniériste. Enfin, plusieurs établissements exercent des activités diverses dans l’artisanat et les commerces/services divers. Citons par exemple un magasin de vêtements, un coiffeur, un chercheur indépendant ou encore une agence immobilière. 54% des établissements privés ont été créés ou repris après le 01/01/2006 98% des établissements privés ont moins de trois salariés Figure 15 : Effectifs salariés des établissements privés et statut juridique de leur entreprise à Arz, en 2012, source: Sirene INSEE 2012 Figure 16 : Périodes de création et origine des établissements privés en activité au 31 juillet 2012 à Arz, source: Sirene INSEE 2012 0 10 20 30 40 50 Etablissements Tranche d’effectifs salariés Taille des établissements privés Autres sociétés SARL Libéral Entrepreneurs individuels 1 2 1 6 11 25 46 0% 20% 40% 60% 80% 100% [1958 ; 1964[ [1964 ; 1970[ [1970 ; 1976[ [1976 ; 1982[ [1982 ; 1988[ [1988 ; 1994[ [1994 ; 2000[ [2000 ; 2006[ > 2006 Ensemble Age des établissements privés Créations Reprises Transferts d’activité et autres Non renseignés Les établissements ildarais possèdent l’effectif salarié moyen le plus faible des îles du Ponant. En effet, 98% d’entre eux ont moins de trois salariés, soit six points de moins que les communes littorales de moins de 500 habitants. Le taux d’entreprises individuelles (58%)2 est proche de la moyenne des autres îles (62%), mais la part des libéraux est la plus élevée (11%) derrière Ouessant (13%). Ces observations corroborent le dynamisme entrepreneurial des ildarais. La création d’entreprise semble être une alternative à l’emploi salarié et se concrétise par des unités de très petite taille. Celles-ci sont composées d’un ou plusieurs associés mais peu souvent de salariés à plein temps. Ces interprétations sont néanmoins délicates car plusieurs incohérences apparaissent entre les chiffres de l’INSEE sur l’emploi et ceux utilisés ici. On peut penser que l’effectif salarié moyen des établissements privés ildarais est légèrement sousestimé. En outre, le dynamisme entrepreneurial peut-être lié à la multiplication de la population entre l’hiver et l’été. La clientèle touristique et résidentielle constitue en effet une opportunité pour le développement de certain secteurs (construction, commerces, vente directe en agriculture, etc.). A l’instar de l’île d’Aix, la moyenne d’âge des établissements ildarais (7,4 ans) est largement inférieure à celle des îles du Ponant (10,8 ans). Cela peut s’expliquer par le renouvèlement des établissements agricoles, traditionnellement plus âgés. La même situation est observée dans le secteur de la construction, de l’artisanat divers et de l’industrie (construction partielle de bateaux de plaisance). En effet, les neuf établissements de ces trois secteurs ont une moyenne d’âge de 2,7 ans. Les deux établissements ostréicoles tirent en revanche la moyenne vers le haut, tout comme les secteurs du transport et de l’hébergement/restauration. Pour finir, Arz affiche un taux de reprise légèrement en dessous de la moyenne des îles du Ponant. Le renouveau mentionné ci-dessous de certaines activité participe à augmenter le taux de création. Pour leur part, l’hébergement/restauration et les commerces centralisent la quasi-totalité des reprises. Cette remarque semble logique étant donné l’importance du fonds de commerce dans la réussite de ce type d’entreprise.

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Source :

https://www.id-iles.fr/portraits/%C3%AEle-d-arz/

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