Pie Noir. La vache qui rend les paysans heureux

 

Fine, très beau spécimen de la race Pie Noir bretonne, va devenir, dans quelques jours, la vache la plus célèbre de France. Elle a été désignée comme égérie du Salon de l’agriculture. Tout un symbole, pour une race emblématique sauvée de l’oubli et qui fait aujourd’hui le bonheur de ses éleveurs.

En attendant d’affronter le tumulte parisien, la petite vache à la robe aux couleurs du Gwenn ha du, le drapeau breton, coule des jours paisibles à la ferme des sept chemins au Dresny, dans le pays de Redon (35). Fine n’a rien des mastodontes habituellement mis à l’honneur à Paris. Elle mesure 1,17 mètre au garrot et ne pèse que 450 kg. Elle est toute petite comme toutes ses congénères de la race Pie Noir. « De toutes les races bovines, c’est la plus petite », précise Cédric Briand. Cedric est associé à deux autres éleveurs, Mathieu Hamon et Hervé Mérand. Le trio règne sur un troupeau d’une quarantaine de vaches laitières, toutes des Pie Noir, qui pâturent sur une soixantaine d’hectares essentiellement voués à l’herbe. Il engraisse également des cochons et des petits veaux. Avec les 100.000 litres de lait que leurs bovins produisent annuellement, les trois associés fabriquent sur place des tommes, du beurre, de la crème et du gros lait, le fameux Gwell (la marque déposée par les éleveurs de Pie Noir). Tout est valorisé en circuit court : en vente directe, en Amap (partenariat consommateur-producteur) ou auprès de restaurateurs et de petits magasins.

Une vache économe

Depuis plusieurs semaines déjà, Cédric s’est fait remplacer à la ferme pour se consacrer à l’événement et répondre à toutes les sollicitations des journalistes. Avoir une vache égérie à Paris, ce n’est pas rien. En une semaine, le portrait de Fine va s’étaler sur les murs de la capitale. La belle devrait voir passer 90 % des 600.000 visiteurs attendus au salon de la porte de Versailles. Et, cette année, la star en sabots aura évidemment la visite des candidats à la présidentielle. « L’union bretonne des éleveurs de Pie Noir s’était portée candidate pour mettre notre race en lumière. Une fois que la Pie Noir a été choisie par les organisateurs du salon, il a fallu trouver l’éleveur. Mes collègues m’ont proposé d’y aller. J’ai accepté », explique Cédric. Quant à Fine, elle s’est imposée naturellement. « C’est la chef du troupeau. Elle est à la fois dominante et bienveillante avec ses congénères. Souvent quand les bêtes se déplacent c’est elle qui ferme la marche. Elle est super-sympa et elle n’est jamais malade. »

Économe et facile à élever

Mais Fine a une autre grande qualité : elle correspond parfaitement au standard de la race Pie Noir : une vache économe, autonome, facile à élever. Les Pie Noir ne produisent pas une forte quantité de lait mais leur lait est riche en matières grasses et il est très fromageable. Bref, la Pie Noir fait le bonheur de ses éleveurs. Elle a pleinement retrouvé sa place après avoir frôlé l’extinction dans les années 70 (lire ci-dessous). « C’est une vache complètement moderne qui nous donne toute satisfaction sur le plan économique et répond à la demande de la société et pas que des bobos. Elle nous permet de réaliser notre rêve de paysan en remettant de l’humain et du lien social au coeur de l’agriculture », confie Cédric. L’éleveur breton est ravi d’aller à la rencontre du public parisien. « Je ne serai pas tout seul. On est toute une équipe d’éleveurs de Pie Noir bien décidés à mettre en avant la biodiversité et à abattre les stéréotypes qui nous collent à la peau. »

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