Timadeuc. Haut lieu méconnu de la Résistance

 

Pascal Blanchetier a remis, hier matin, la médaille de la Résistance au Père Benoît, l’abbé de Timadeuc. Le monastère ayant joué un rôle actif durant la Seconde Guerre mondiale.

L’abbaye de Timadeuc, à Bréhan (56), doit sa réputation à ses pâtes de fruit et ses fromages. Elle peut aussi désormais se vanter d’avoir la médaille de la Résistance, qui lui a été remise hier. C’est la deuxième abbaye en France à obtenir cette distinction.

L’air ému, la médaille en bronze et son ruban noir à bandes rouges posée devant lui, l’abbé de Timadeuc, le Père Benoît, a le regard empli de fierté et de reconnaissance. À ses côtés, Pascal Blanchetier, secrétaire général de l’Association nationale des communes médaillées de la Résistance française (ANCMRF). Cette médaille a été créée en 1943 par le général De Gaulle, pour « récompenser les actes remarquables de foi et de courage, ainsi que la résistance à l’occupant depuis juin 1940 ». Des communes comme Brest, Plougasnou ou l’Île de Sein l’ont précédemment obtenue. Elle récompense les personnes mais également les hauts lieux de la Résistance française durant la Seconde Guerre mondiale. L’abbaye de Timadeuc rejoint la liste des récipiendaires. C’est d’ailleurs la deuxième abbaye à obtenir cette distinction en France.

Un soldat canadien hébergé en 1940

 

Le père Benoît et Pascal Blanchetier parlent d’une « rencontre fondatrice ». Car l’endroit ne s’illustre pas seulement par sa production de pâtes de fruit et de fromages réputés dans toute la région. C’est aussi un lieu méconnu de la Résistance en Bretagne. Dès juillet 1940, elle a accueilli un soldat canadien blessé, fidèle à la tradition du droit d’asile des monastères. Elle deviendra ensuite un lieu d’hébergement de résistants, de parachutistes alliés, de cache d’armes, de production de faux papiers mais aussi d’entraînement au tir. Cette résistance active était insufflée par le père Gwénaël Thomas, ancien prisonnier de guerre, qui sera capturé puis torturé par la Gestapo mais qui ne révélera rien, sauvant ainsi des dizaines de personnes. « C’est sans doute la Providence qui veillait », estime le Père Benoît. Et l’abbé de Timadeuc de poursuivre : « Les hommes de foi ne sont pas détournés de leur engagement, ils s’inscrivent dans le réel ».

Appel aux archivistes et historiens

 

Aujourd’hui, les lieux sont bien plus paisibles. Le dernier témoin de ces événements s’est éteint en 2015, il s’agissait du frère François Gabriel qui était également l’archiviste de l’abbaye. Et ces archives deviennent un enjeu de la rencontre organisée hier : « On passe de la mémoire à l’Histoire », disent à l’unisson les deux hommes. L’occasion pour eux de lancer un appel aux archivistes et historiens qui s’intéresseraient à cette histoire : les traces de cette période sont peu nombreuses, ou perdues dans les archives du monastère. Une autre manière pour eux de faire passer les actions de l’abbaye de Timadeuc à la postérité.

© Le Télégramme

http://www.letelegramme.fr/morbihan/timadeuc-haut-lieu-meconnu-de-la-resistance-17-02-2017-11404024.php#4bZxH03mUF6mwxzI.99

Share