Goélands. En chute libre, sauf dans le golfe du Morbihan !

Le goéland argenté est sans doute l’oiseau marin le plus photographié par les touristes, car c’est le plus courant. Par ses nuisances urbaines et son comportement chapardeur, ce n’est en revanche pas le plus apprécié. Mais après une explosion, sa population est en chute libre en Bretagne. Sauf dans le golfe du Morbihan.

Le golfe du Morbihan est reconnu pour être une zone d’importance nationale, voire européenne pour les oiseaux limicoles (petits échassiers) et les anatidés (oies et canards). Ses marais littoraux sont d’ailleurs protégés à ce titre. Mais au fil des ans, il devient aussi un site de plus en plus stratégique pour le goéland le plus commun : le goéland argenté.

« Aujourd’hui, en dehors de la colonie urbaine de Lorient, le golfe est devenu le deuxième site naturel de nidification de ce goéland dans le Morbihan », explique Matthieu Fortin, chargé de mission « Oiseaux marins et milieux insulaires » pour Bretagne Vivante.

Une population divisée par deux en 20 ans

En France, la population du Larus argentatus, son nom scientifique, se concentre le long de la Manche et de l’Atlantique, jusqu’à l’estuaire de la Gironde. Le dernier recensement en 2012 fait état de 56.000 couples d’oiseaux nicheurs, dont la moitié en Bretagne. Plus de 10.000 dans le Morbihan, soit près de 20 % de la population « française ».

« Nous nous posons beaucoup de questions sur l’avenir du goéland argenté », explique Matthieu Fortin. « Un comptage homogène des oiseaux marins existe depuis 1955, avec un recensement décennal sur l’ensemble du territoire métropolitain. Depuis ces premiers chiffres jusqu’au milieu des années 1990, leur population avait explosé. En Bretagne, ils étaient passés de moins de 10.000 à 60.000 couples ! Depuis, la courbe est aussi folle, mais en sens inverse. » En 20 ans, la population a retrouvé son niveau des années 1970. « Jusqu’où cette baisse va-t-elle nous mener ? » interroge le scientifique.

Le changement de mode de vie des hommes avait offert aux goélands argentés, relativement sédentaires, un buffet permanent : des décharges à ciel ouvert aux déchets des ports de pêche. « Ces mannes se sont taries. L’espèce reprend-elle une place plus normale ou les causes et les conséquences sont-elles bien plus complexes ? »

Environ 1.800 couples

Les scientifiques observent en tout cas que, dans cette dégringolade, le Morbihan est touché de façon plus atténuée et le Golfe garde même pour l’instant un effectif relativement stable, à environ 1.800couples aujourd’hui.

« Son réseau d’îlots non habités, comme Er Lannic, a aujourd’hui un rôle majeur : des colonies y nichent. Sur les îles habitées de la Jument et Hent Tenn aussi ». Leur rôle est d’autant plus important que les chiffres dégringolent sur celui qui était traditionnellement le deuxième « spot » du département : l’archipel d’Houat. Les espaces de nidification ont été colonisés par le goéland marin (lire par ailleurs). « S’il y a une trentaine de couples de goélands marins dans le Golfe, mais il semble que l’habitat leur convienne moins que Houat et Belle-Ile. »

Sensibiliser

Aujourd’hui, les zones où nichent les goélands argentés dans le Golfe sont généralement déjà protégées. « Il y a une réflexion à avoir », estime Matthieu Fortin. « Mais il n’y a pas encore d’urgence vitale ». En revanche, il y a un vrai enjeu à garder les milieux favorables pour ces oiseaux et donc à défricher pour maintenir des prairies ouvertes. Il y a aussi un enjeu leur assurer le calme. « L’arrêté de protection du biotope interdit le débarquement sur de nombreux îlots du Golfe du 15 avril au 31 août. Les goélands sont d’ailleurs en train d’installer leurs nids. Leurs derniers poussins ne seront autonomes que fin juillet ». Directement ou par l’intermédiaire du Canoë-kayak Club de Vannes, Bretagne Vivante fera de la sensibilisation auprès des plaisanciers et des promeneurs, notamment pendant les parades de la Semaine du golfe.

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