La porte vers l’humanité

Dimanche 07 Mai

Evangile de Jésus Christ selon saint Jean, 10, 1-10.

En ce temps-là, Jésus déclara : «  Amen, amen, je vous le dis : celui qui entre dans l’enclos des brebis sans passer par la porte, mais qui escalade par un autre endroit, celui-là est un voleur et un bandit. Celui qui entre par la porte, c’est le pasteur, le berger des brebis. Le portier lui ouvre la porte, et les brebis écoutent sa voix. Ses brebis à lui, il les appelle par leur nom, et il les fait sortir Quand il a poussé dehors toutes les siennes, il marche à leur tête, et les brebis le suivent, car elles connaissent sa voix. Jamais elles ne suivront un étranger, mais elles s’enfuient loin de lui, car elles ne connaissent pas la voix des étrangers. »

Jésus employa cette image pour s’adresser aux pharisiens, mais eux ne comprirent pas de quoi il parlait. C’est pourquoi Jésus reprit la parole : « Amen, Amen, je vous le dis : Moi, je suis la porte des brebis. Tous ceux qui sont venus avant moi sont des voleurs et des bandits ; mais les brebis ne les ont pas écoutés. Moi, je suis la porte. Si quelqu’un entre en passant par moi, il sera sauvé ; Il pourra entrer ; il pourra sortir et trouver un pâturage. Le voleur ne vient qui pour voler, égorger, faire périr. Moi, je suis venu pour que les brebis aient la vie, la vie en abondance. »

« LA PORTE VERS L’HUMANITE »

En ce dimanche du vrai berger, du vrai pasteur, nous sommes invités à prier pour les vocations sacerdotales et religieuses. Nous sommes invités à réfléchir sur notre cheminement, sur notre propre vocation de baptisés. Au fond, où allons-nous ? Vers où s’orientent nos pas ? Qui suivons-nous ?

La relation entre le berger et son troupeau a souvent servi d’image pour illustrer les relations entre le peuple et son roi, entre les humains et Dieu. Jésus est le vrai berger et il est prêt à tout, pour que ses brebis soient heureuses et qu’elles aient la vie en abondance. Au contraire, celui qui s’introduit en cachette dans la bergerie n’a pas du tout à cœur le bien-être des brebis ; il ne pense qu’à son propre bonheur. Cette image parlait aux juifs. Elle nous parle à nous aussi, car il nous arrive de voir à la télé des défilés de brebis lors de la transhumance. Jésus nous invite, au fond, à le rencontrer personnellement. Pour vivre pleinement, il faut passer par la porte de Jésus, il faut s’adapter à ses dimensions. Sous certains aspects il nous faut grandir ; sous d’autres aspects, il faut nous abaisser et nous réduire à la dimension de Jésus.

J’ai un corps, une âme. Pourquoi rester enfermé en soi. Il faut sortir de soi-même pour exister, pour faire vivre l’humanité. Jésus nous ouvre les portes pour aller rencontrer l’autre. Il nous ouvre les portes et nous invite à sortir de nous –mêmes. Essayons tous de traverser souvent la porte, c’est-à-dire, essayons souvent d’aller vers l’autre.

Mère Térésa contait qu’il y avait en Indes un mouroir pour enfants handicapés et elle disait qu’elle avait été bouleversée parce que, parmi ces enfants, certains n’avaient plus de mains, d’autres n’avaient plus de pieds et d’autres n’avaient plus d’yeux. Mais ce qui l’avait le plus bouleversée, c’était que ceux qui avaient des mains prêtaient leurs mains à ceux qui n’en avaient pas. Ceux qui avaient des jambes portaient les enfants qui rampaient et ceux qui avaient des yeux devenaient les yeux de ceux qui étaient aveugles. Elle disait que c’était beau ! C’était beau parce que les gens mettaient toutes les choses en commun et lorsque l’on met nos possibilités en commun, on est sûr d’aller vers l’autre et d’avoir traversé la porte, on est sûr d’avoir choisi Jésus.

Jésus est venu chez des gens, peut-être bien tranquilles, mais toujours pour les mettre en route. Pensons aux disciples bien cachés après sa mort sur la croix, pensons à Thomas, aux disciples d’Emmaüs… Dieu a demandé à certains et à certaines de quitter leur pays pour aller vers l’autre. Pensons à Mère Térésa qui a quitté son Albanie natale pour aller en Indes. Si Dieu ne nous demande pas de quitter notre pays, il nous convie à un autre voyage : sortir de nous-mêmes.

Sortir de notre égoïsme, c’est évident mais pas toujours facile. D’autant plus que parfois nous l’habillons de générosité : nous voulons faire du bien, mais à notre façon à nous. Il se peut que le Seigneur demande de faire autre chose.

Sortir de nos idées toutes faites, sur la façon d’être chrétien, pour vivre la même foi, mais autrement. Paul, juif jusqu’au plus profond de lui-même, est devenu l’Apôtre des païens, dans les pays bordant la Méditerranée. Des chrétiens, de familles bourgeoises, sont devenus apôtres des pauvres : saint François d’Assise, par exemple.

Sortir de nos habitudes, de notre façon de voir, pour accepter les gens tels qu’ils sont, différents de nous, certains, venant d’autres pays, ayant une autre culture. En les accueillant, nous trouverons Jésus.

Nous devons être attentifs à tous les signes de la présence de Dieu dans nos vies. Donne-nous, Jésus, de sortir de nous-mêmes, de nos préjugés, de nos isolements, de nos certitudes, pour vivre vraiment la rencontre de l’autre. Aide-nous à ouvrir les portes de notre cœur aux souffrances de nos frères et sœurs dans le besoin, grâce à un geste d’amour ou une parole d’espérance. Que s’ouvrent les frontières de notre pays des droits de l’homme à ceux et celles qui errent sans espérance et sans toit en ce monde.

Pour que Pâques devienne source d’espérance, il nous faut sortir de nous-mêmes, sortir de notre cocon confortable et nous intéresser à ce que vivent nos frères et nos sœurs autour de nous. Prendre en compte les joies et les peines, les inquiétudes, les soucis, mais aussi les espoirs de ceux et celles que nous côtoyons. Nous sommes invités à sortir de nous-mêmes pour aller à la rencontre de nos frères et de nos sœurs.

C’est ainsi que nous serons fidèles à notre vocation de baptisés !

Père Jean Lucas

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