Les Glénans. La voile aux valeurs de la vie

 

Président de l’école de voile Les Glénans, Sylvestre Louis aime venir sur l’archipel des Glénan ; berceau historique de l’association
Fondée en 1947 près de Concarneau par Hélène et Philippe Viannay, résistants humanistes et visionnaires, l’école de voile des Glénans fête ses 70 ans. Sylvestre Louis préside cette école, dont la réputation déborde le littoral européen. Son credo : «Se développer tout en gardant les valeurs fondatrices».
De passage sur l’archipel des Glénan, berceau historique de l’association Les Glénans (avec un « s » pour la distinguer de l’archipel), Sylvestre Louis, jeune président, depuis 2014 de cette école de voile mondialement réputée, fait le point. Sur l’histoire d’une association dont il connaît bien le passé et qui a su évoluer tout en gardant sa marque de fabrique originelle.

Montagnard, cet administrateur d’un groupe d’écoles de commerce est aussi un « passionné de la mer ». Il est vrai que de nombreux points communs rapprochent ces univers : « Ce sont deux mondes où la nature est toujours la plus forte ». Et dans les deux cas, « la sécurité est essentielle ». Il rappelle toujours cette exigence aux moniteurs dont il a, comme salarié des Glénans, assuré la formation dès 2004. Et cette notion de sécurité qualifie bien Les Glénans, école de voile mondialement connue pour la rigueur de ses formations.

En 1947, Hélène et Philippe Viannay voulaient que la jeunesse française qui avait vécu la guerre se ressource en faisant de la voile dans l’archipel des Glénan à quelques milles de Concarneau. De la voile pour prendre l’air et apprendre à vivre ensemble ; oui mais surtout pas de la voile n’importe comment. Faire de l’océan un terrain de jeu suppose quelque prudence. « Depuis que je suis président des Glénans, c’est bien cette sécurité constante qui me permet de dormir toutes les nuits », résume Sylvestre Louis. Car chaque année, ce sont tout de même 15.000 stagiaires qui viennent apprendre à naviguer dans les bases des Glénans. Depuis sa création, en 1947, l’école de voile a accueilli plus de 400.000 stagiaires… Autant dire que la sécurité sur les plans d’eau n’est pas prise à la légère.

La richesse du bénévolat

Depuis toujours, les Glénans utilisent la force du bénévolat. L’association s’est construite et perdure « grâce aux forces conjointes d’un bénévolat important et d’une structure réduite de salariés, que ce soit sur les bases, dans les commissions de travail ou dans les instances dirigeantes, ce sont plus de 1.000 bénévoles qui participent chaque année à la vie des Glénans ».

Dans les différentes bases nautiques – Concarneau, Paimpol (22), l’Ile d’Arz (56), Bonifacio et Marseillan, sur l’étang de Thau (Hérault) -, l’encadrement des stages est assuré à 80 % par des moniteurs bénévoles, qui sont le plus souvent d’anciens stagiaires.

Chaque année, « 800 moniteurs bénévoles se mobilisent, heureux de partager leur passion et leur expérience de la voile ». Si le projet d’Hélène et de Philippe Viannay poursuivait une finalité humaniste, le bénévolat en est le meilleur outil. Sylvestre Louis parle « d’école de la vie avec des valeurs qui ne sont pas des valeurs marchandes. Et justement, ce qui fait la richesse de ce vivre ensemble est qu’il n’a pas de prix. On n’imagine pas payer des gens pour qu’ils apprennent à d’autres à vivre ensemble ».

L’environnement en partage

« Aux Glénans, tout le monde donne comme tout le monde reçoit ». Le bénévolat, « est un marqueur fort de notre association ». Et c’est sans doute cette particularité humaniste qui a permis à l’association d’être très soutenue quand elle a traversé de mauvaises passes. Le respect de l’environnement est un autre marqueur : « De manière très pragmatique. Quand on se trouve à vivre, en stage, sur l’archipel des Glénan, comment fait-on pour conserver la beauté de ce site et le rendre dans l’état dans lequel on l’a trouvé ? Le respect de l’environnement s’est imposé de lui-même ». Et comme « la dimension écologique n’est pas que du discours », les Glénans travaillent toujours à la promotion des énergies renouvelables sur l’ensemble des sites. Dès le départ, Les Glénans ont anticipé l’écologie : « On était précurseur ». Cette dimension va beaucoup plus loin que les îles : « Toute la mer est notre terrain de jeu et il faut la respecter car c’est un joyau que l’on doit préserver ».

Un nouveau modèle

Depuis 70 ans, beaucoup d’eau a coulé sous les coques des bateaux aux voiles barrées de rouge. Reste que le cap fixé à l’origine par Hélène et Philippe Viannay est toujours maintenu ; même s’il faut parfois donner un léger coup de barre pour trouver la meilleure route. Si l’association est l’école de voile la plus importante d’Europe, la concurrence se développe. Alors, « il faut savoir virer au bon moment », résume ce président qui pilote les Glénans depuis « Le Ponton » ; barge amarrée au Quai Blériot à Paris. Surtout quand on pilote un navire qui compte plus de 15.000 adhérents, 100 salariés en équivalent temps plein et dont le budget était, en 2016, de 10,5 M€. « Même une association Loi 1901, reconnue d’intérêt public a le droit de brasser beaucoup d’argent ; à condition de ne pas le redistribuer », souligne Sylvestre Louis. « Aujourd’hui, ça tourne. L’association a une vraie logique professionnelle de gestion et arrive, en même temps, à conserver un dynamisme bénévole à tous les niveaux. On a réussi à construire un modèle très professionnel avec le bénévolat comme force vive. C’est le projet d’origine qui ” lead ” toute l’organisation ».

 

Le Télégramme

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