Brèves de vasière

« Brèves de vasière »

(Marijannig, sur la vasière au Mounien. Arrivée de Louise)

Marijannig : Bonjour, Louise !

Louise : Gacht, c’est toi qu’es clutchée là, Marijannig, ça blew ?

Marijannig : Non sûr ! J’ai ragalé tout le parc… pas un veuj veuj…

Louise : Dame, faut aller dans les pouillardes ! Là où t’es, dans l’boudreign, y’a pas rien que des cârs !

Marijannig : Penses-tu ! J’ai essayé au touelp, forcément ! Que tchik oui ! Enfin j’ai quand même ratchalé tchék rigados et trois pichtronguettes. Mais dame, on va va torlonquer avec ça, hein !

Louise : Mon homme à moi est allé aux chevrettes. Il a rempli sa chibouette, et j’te dis qu’elle est fouénab ! Après ça, il est allé à la bouée d’Ilur : il a spaoué plein de labous et de corlazos. On va carguer ce soir, tiens !

Marijannig : Et où t’allais comme ça ?

Louise : Dame, dire mes pedenew à la grotte. Dis donc, Marijannig, t’as pas vu passer le meudour ?

Marijannig : Non, pourquoi ?

Louise : Ben, j’lai vu sortir des muleutiens : il avait l’air tout dichtronqué.

Marijannig : Oh kwellé ! Qué kwakredjenn cuilà !

Louise : ça, c’est sûr ! Mais tout même, il était à treutchaler sur la route ! Il faisait des bichtrouks abominabs…

Marijannig : Maloz ru ! Il était fiarumé, va !

Louise : Lerdiew ! Mon frichtri va être tout dissosuné, faut que j’vais…

Marijannig : Oui va ! J’vas aller chez Sophie prendre un coup d’bit ! Elle aura p’t’êt une p’tite fouesse ou un tchuenn pour tremper dedans… Kenavo.

Louise : Kenavo… nom de chien !!!

Marijannig : Qu’est’c qui y’a ? T’as fait un djenn ?

Louise : Dis donc, Marijannig, le meudour, p’t’êt ben qu’je sais pourquoi il avait l’air sur son niar !

Marijannig : Ah bon !

Louise : Juste avant que t’arrives, j’ai vu la bedjulisse sortir des tagareigns là haut. Moi, j’ai cru qu’elle était à faire un liéno dans les galisseks ! Mais p’t’êt qu’elle était à bedjuler avec le meudour… c’est une sacrée gavache, celle là !

Marijannig : ça, c’est sûr… toujours prête à montrer son chich mahu et son manikrak !

Louise : Oui dame, elle finira avec une trâlée de bambouskwer ! Une kapoulienn pareille, avec tout son jagoumir à l’air !

Marijannig : Forcément, tous les targars sont à courir derrière… Moi aussi je pourrais êt’ décolletée jusqu’au fils et montrer mes bejas ! J’aurais qu’à paraître, tiens !

En plus, cette gacht là elle est pas splann ! Y doit y’avoir du tiennach dans son

fourche pow….

Louise : Oh, maloz twi ! Qué chtrepedjenn, sa mère doit avoir la honte !

Marijannig : Oh dame celle là ! Une pauvre meledjenn ! Et son grand pelew de mari, il est pas mieux… Tout c’qu’il sait faire, c’est riboter ! Si c’est pas malheureux de le voir sortir des bistrots avec ses patiliads à l’air et son palachtro a dreuz !

Louise : Si c’était mon homme, y’s’prendrait un sacré morniflo quend il rentr’ brindzinc. L’aut’ soir, v’la t’y pas qu’y s’met à ouarger sur l’houetienn ! Qué sacré louzienn….

Marijannig : Dame oui ! Paraît même que le bedeau a dû balancer un seau d’eau sur son mur… et v’là l’aut’ pochtron tout guené ! Ben, tu crois dis, il a même pas bougé, il est resté là à défiarumer…

Louise : ça, c’est vrai, même que sa pôv femme a dû le hinger pour le rentrer à la maison ! Elle a du torbel avec lui quand même…

Marijannig : Forcément, il sait que goulioner, et après il va se tarbouifer avec les aut ‘ pochtrons du coin… Oh, mam Doué !

Louise : Bon, c’est pas l’tout, mais j’vais attraper mon pedjemenn moi ! Mon rôti va être tout rouachté

Marijannig : Allez, achbeut !

(Arrivée à Grevin, elles tombent sur Jules, le meudour)

Louise : Tiens, regarde le Jules, là bas, quel aldjenn ! Il aurait un bardjeen dans son fonso ce s’rait pas pire…

Marijannig : Jules ! Jules ! (Jules ne répond pas) Il est complètement bouzard cuilà !

Louise : Jules !

Jules : Sacrées enchours : Qu’est-c’que vous avez à hu .. hu.. hubâner ? Z’êtes chtrak ou quoi ?

Marijannig : Dame, bon Dla ! Tu vas pas m’parler comme ça, sacré beg neg !

Louise : Où tu vas comme ça, Jules ?

Jules : Frindjer avec le faraour…

Louise : Et la bedjulisse, où qu’elle est ?

Jules : Erdiew ! On avait pas betchaté depuis cinq minutes qu’elle voulait me marier. Soit disant qu’elle serait en cloque. J’suis resté skuiz et après j’suis parti d’un bourd !! En plus j’avais eu mon gouar, alors j’avais plus qu’à fout’ le camp… V’la t’y pas qu’elle me chope à la gargate : j’étais là, tout dégourienné à taguer !

Marijannig : Dame ! Chat mouchtré, chat chankré ! Tu l’avais pas volé !!

Jules : Ouais, ben j’lui ai foutu un sacré souko et maint’nant j’ai besoin d’une p’tit djek… kenavo !

Louise : Encore un qui finira dans le troukakous !

Marijannig : Oui dame ! Bon, et mon bouit ! Allez, kenavo, ar vech all…

Louise: Kenavo, Marijannig!

Edith Bulot

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