Agriculteurs insulaires : Une vie entourée d’eau


Sébastien et Violaine Hautchamp sont maintenant accompagnés de Thomas et Clément, deux ingénieurs en agriculture qui vont s’installer sur l’île. (Le Télégramme/Mark Moreau)

Prisées par les touristes en été, les îles se dépeuplent partiellement en hiver. Les agriculteurs Violaine et Sébastien Hautchamp, sur l’Île d’Arz, et Christian Le Menach et Meryem, sur l’Île Tascon, dynamisent leur bout de terre à l’année.

Le bateau pour les Hautchamp, et les passages à marées basses pour Christian et Meryem ne sont que les trajets finaux qui ont mené ces amoureux de la terre sur leur île. Une première exploitation pour les Ildarais, la relève de l’histoire pour Christian : « Mes aïeux me regardent, c’est le sang qui parle ici ». Quatre générations que les Le Menach « défendent leur île », avec successivement leurs vaches, leurs poules, leurs légumes… Son arrière-grand-père au premier plan, dans un cadre au coin de la table. « Ah ça y est, il est ému ! », sourit délicatement Meryem, sa femme depuis 2011. La Marseillaise a gardé sa voix qui chante, elle qui a rencontré Christian en venant acheter ses pommes de terre… Si Karine Le Marchand n’était pas là « c’était comme dans l’émission ! » s’amuse-elle.

Jamais on aurait imaginé s’installer sur une île

Si l’île était une formalité, et par-dessus tout une fierté pour Christian, ce n’est pas le même son de cloche chez les éleveurs de vaches pie noire Violaine et Sébastien. Le jeune couple breton, l’une de Rennes, fille d’agriculteurs biologiques, l’autre de Vannes, petit-fils d’agriculteurs dans les Côtes-d’Armor, s’est installé sur l’île d’Arz en 2011, répondant à un appel des élus à la radio. « Jamais on aurait imaginé s’installer sur une île, mais c’était une belle opportunité ». Sébastien voulait la mer, Violaine la montagne. « Nous avons nos familles en Bretagne, alors c’est un bon compromis ». Si l’île d’Arz culmine à 17 mètres d’altitude, la tomme bio produite par le couple offre peut-être à Violaine l’ivresse des cimes…

Une vie à part

Christian ne compte plus les années passées sur cette terre de deux kilomètres de long, commune de Saint-Armel, troisième île du golfe du Morbihan en superficie derrière l’île d’Arz et l’île aux Moines. Sébastien Hautchamp, lui, les a énumérées pendant un certain temps : « Je ne sais pas si l’on avait totalement conscience de ce qui nous attendait. On arrive maintenant à dégager un vrai salaire, mais pendant cinq-six ans c’était compliqué ». Violaine se préparait davantage au lancement de l’exploitation. « Pour moi c’était normal de travailler 70 heures par semaine, j’ai grandi dans cet univers avec mes parents. Je savais très bien qu’on allait s’en sortir à un moment ». Son intuition était la bonne. Deux jeunes ingénieurs sont venus compléter les rangs depuis juin 2018, même si Pôle emploi règle pour le moment leurs revenus. « Ce sera un nouveau défi à partir de juin, il faudra tirer quatre salaires ! ».

Un cadre de vie atypique

Mais à ce jeu-là, Meryem remporte la palme de l’arrivée la plus improbable en territoire breton. « Je ne connaissais ni la région, ni l’agriculture. Après un mois de relation avec Christian, j’ai tout quitté à Marseille. J’ai acheté quelques polaires, et je me suis installée… ». Aujourd’hui « heureux parents » de jumeaux de 3 ans, Christian a pu développer sa partie maraîchage, grâce à la précieuse aide de sa femme. Tous s’accordent pour affirmer qu’être agriculteur sur une île n’est pas commun, mais que le cadre de vie est exceptionnel. Entre ce coucher de soleil qui plonge l’île d’Arz dans une atmosphère mystique, et le trajet en bateau au lever du jour rosé sur Tascon, on serait tentés de les croire…
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