Des milliers de documents de la police chinoise, livrés à un chercheur et publiés par des médias internationaux, dont « Le Monde », racontent l’obsession sécuritaire dans les camps d’internement de la minorité musulmane en Chine.
« Si les élèves n’écoutent pas les consignes, les policiers armés peuvent effectuer des tirs de semonce. Si les élèves ne cèdent pas à la dissuasion, s’ils continuent de faire monter la tension, tentent de s’échapper ou de s’emparer des armes des agents, ceux-ci les tueront. » Ainsi va la discipline dans un « centre de formation professionnelle » réservé aux minorités musulmanes, à Shufu, dans la « région autonome ouïgoure » du Xinjiang, en Chine.
Datée de 2018, cette « instruction pour éliminer toute perturbation et tentative d’évasion pendant les cours » est extraite d’un lot piraté de quelque 100 000 documents de police, dont une grande part est consacrée à la « transformation éducative » (jiaoyu zhuanhua) des Ouïgours – soit leur enfermement de masse à visée de « rééducation », au sens du Parti communiste chinois (PCC).