Prix de l’immobilier : la proposition d’un statut de résident en Bretagne ne fait pas l’unanimité

En septembre 2022, plusieurs manifestations ont été organisées en Bretagne pour demander une réaction politique sur la difficulté d’accès au logement dans certaines zones tendues de la région. Faut-il instaurer un statut de résident en Bretagne, pour limiter la flambée des prix de l’immobilier dans ces territoires ? Cette question, posée aux lecteurs de Ouest-France , provoque le débat. Les avis sont nombreux et argumentés.

« Toute idée qui consiste à exclure des personnes sous prétexte de ne pas vivre depuis des générations au même endroit m’est insupportable » , écrit Thierry Trémorel, craignant le développement d’un « entre-soi » dans ces zones. Selon ses promoteurs, le statut de résident permettrait de réduire le nombre de locations touristiques dans ces territoires tendus. Or, selon Mle Doggybag, ce tourisme « participe au développement de la Bretagne » et, « sans lui, les routes seraient moins entretenues, il y aurait moins de proximité pour les courses, les soins, les transports, la culture ».

Argument contesté par une autre lectrice qui assure que « ce ne sont pas les résidents secondaires qui font l’économie de la région en ne consommant que quelques semaines par an ». Un autre abonde : « Les habitants à l’année disparaissent, entraînant avec eux la disparition des commerces et des écoles et ainsi la mort des communes » .

Comment encadrer un tel statut ?

Reste que, si statut de résident il y a, qui faudra-t-il prioriser ? Les habitants déjà dans la commune ? De l’agglo ? Tous les Bretons ? Et d’ailleurs… qui est breton ? « Ai-je dormi trop longtemps pour que la Bretagne soit devenue indépendante sans que je m’en rende compte ? », ironise Jean-Pierre Le Mercier.

« Toutes discriminations par rapport à l’accès de la propriété privée ne peuvent être tolérées au sein d’une démocratie républicaine ! » , complète Stéphane Jarry. Et cet autre lecteur de prévenir : « Il y a danger dès l’instant que l’on introduit une discrimination entre les individus, que ce soit couleur de peau, pseudo-identité, religion ».

« La réponse peut en partie être l’obligation de résidence la majeure partie de l’année et d’utilisation personnelle du domicile » , glisse Ray Loc. Qui a un espoir : « Que toute personne, hors de toute problématique d’origine, qui vit et travaille en Bretagne (en particulier les jeunes) doit pouvoir trouver un logement à un prix décent, sans être obligée d’aller loin de son lieu de travail, avec les conséquences que cela entraîne, transport, scolarité des enfants, etc. »

Certains questionnent l’hypocrisie d’un statut de résident, comme cette lectrice qui pense que « la plupart des défenseurs d’une priorité bretonne sont les futurs spéculateurs qui n’hésiteront pas, un jour, à revendre leur bien au prix fort à des “étrangers” ». 

Plutôt qu’un statut de résident, d’autres souhaitent que le littoral breton soit classé en « zone tendue ». Dans ces territoires, délimités par décret, la location immobilière est encadrée, notamment pour le prix des loyers. Mais sur les 1 149 communes actuellement concernées, aucune ne se trouve en Bretagne.

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