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Un non-vacciné est avant tout une victime en proie à des troubles du comportement. À ce titre, l’hôpital doit le soigner comme tout un chacun.

À en écouter certains, il faudrait conditionner l’accès aux soins selon le statut vaccinal de la personne. Priorité serait donnée aux malades vaccinés au détriment de ceux qui ne le seraient pas. Pareille proposition relève d’une certaine logique, mais se heurte tout de même à un écueil de taille, celui du désordre mental dont souffrent la plupart des réfractaires à la vaccination.

Il suffit de se promener sur le fil Twitter de ces charmantes personnes pour réaliser combien leur rapport au monde est dégradé, combien sont nombreuses leurs pathologies: délire de persécution, névrose obsessionnelle qui pousse à imaginer des complots ourdis à leur encontre, peur irrationnelle de subir dans une échelle de temps qui va d’une année à un siècle des effets secondaires susceptibles de mettre leur vie en danger, certitude d’être confrontés à un ennemi qui s’avance masqué et dont le but non avoué serait d’asservir l’humanité afin de mieux conquérir sa richesse…

On le voit, ces gens-là sont des malades comme les autres qui à ce titre méritent notre entière compassion et doivent donc profiter de la solidarité nationale, des largesses de l’État providence. Leur nier ce droit reviendrait à nier la portée de leurs souffrances intérieures, de tout ce mal-être inscrit au plus profond d’eux-mêmes, cette incapacité à penser le monde sous un jour autre qu’un univers gangrené par la soif du mal, l’appât du gain.

On pensera que je joue de l’ironie, mais non, même pas. Je pense très sincèrement que ces personnes qui se détournent de la vaccination sont des individus en proie à toutes sortes de délires, des êtres en rupture chez qui pour des raisons multiples et variées la capacité de raisonner d’une manière cohérente fait défaut. Ils sont intranquilles, sur leurs gardes, prompts à déverser leur bile sitôt qu’on se permet de noter la parfaite incohérence de leurs propos, et se tiennent là devant vous comme si vous vous apprêtiez à voler leur âme.

Au nom de quoi ces personnes souffrantes se verraient-elles interdire l’accès à nos hôpitaux? Ne sont-elles pas avant tout des victimes, des êtres malléables à souhait que certaines personnes malintentionnées prennent plaisir à manipuler afin d’asseoir leur sentiment de puissance quand ce n’est pas pour leur soutirer quelque argent? Dans l’exclamation de leur ressentiment, ne percevez-vous pas les accents tragiques d’une âme accablée de douleurs et que la société, sous peine d’être taxée d’insensible, a le devoir impérieux de soigner?

Leur addiction aux prophètes de malheur, à tous ces gougnafiers qui ont trouvé grâce au biais des chaînes d’info en continu une stature inespérée, est de la même nature que celle qui existe entre un alcoolique et sa bouteille de vin, un drogué et sa came, un boulimique et son frigidaire, cette maladie de la dépendance qui chaque année moissonne des morts par milliers.

On aimerait arrêter de lier son destin à sa consommation d’alcool, on aimerait se soustraire à l’appel de la nourriture qui se joue de notre faim, on aimerait ne plus recourir à ces substances qui supplient le corps, mais quel que soit le désir de se sortir de cercle infernal, on ne peut pas. Toujours la volonté cède le pas au besoin, à cette nécessité d’abîmer son corps plus qu’il ne peut le supporter.

Il en va de même pour l’antivax: lui aussi aimerait être dans le camp de la raison, lui aussi aspire à se faire piquer, lui aussi rêve d’une vie sans complot, sans Big Pharma, sans Philippot, sans Raoult, mais quand vient le moment de s’enquérir des bienfaits de la vaccination, comme tout être damné, il retourne aux sources de son addiction qui se compose de sites conspirationnistes et de blogs apocalyptiques.

L’addiction à la connerie, voilà l’ennemi, le responsable de tous les maux. L’antivax, le non-vacciné, comme l’alcoolique, le drogué, le joueur de casino, le cavaleur, le fétichiste, a le droit à la solidarité de la nation tout entière. Refermer les portes des hôpitaux sur eux serait comme les condamner une deuxième fois. C’est de soins qu’ils ont besoin, et non de discrimination. Qu’on les choie, qu’on leur fasse respirer de l’oxygène, qu’on les intube s’il le faut, qu’on les extirpe de leur enfer personnel, voilà la mission première de l’hôpital public.

La compassion n’a pas à choisir son camp.

Elle est entière ou elle ne l’est pas.

Laurent Sagalovitsch 

http://www.slate.fr/story/222899/blog-sagalovitsch-compassion-non-vaccines-acces-hopitaux-antivax

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