Archives de catégorie : Economie locale

Pretium doloris

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Monsieur Bato et des personnes venues le soutenir – source : Le Télégramme

A l’issue du Conseil municipal du 25 mars 2016, monsieur Jean-François Bato a interpellé madame la Maire pour connaître l’état d’instruction de sa demande de réparation du dommage financier subi par lui suite à l’échec de son installation maraîchère sur l’île d’Arz, échec imputable à l’interdiction d’installation de tunnels de forçage.  Madame la Maire  l’a informé que “le dossier était dans les mains de l’avocat de la commune”.  S’il nous est impossible, en droit, de nous prononcer sur le fond du dossier auquel nous n’avons pas accès, le terme de ‘pretium doloris’, le prix de la douleur, -juridiquement en l’espèce probablement sans application car il vise à réparer les douleurs physiques mais aussi morales, suite à une blessure -, vient néanmoins  à l’esprit au regard de la situation de “désociabilisation” évoquée par le maraîcher décrivant,  avec émotion, l’atelier non chauffé où vit  sa famille. Puisse ce dossier trouver une issue transactionnelle rapide, car les voies contentieuses sont longues, permettant à la sympathique et courageuse famille Bato de prendre un nouveau départ !

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Les maraîchers lors de leur arrivée à l’île d’Arz le 31 octobre 2014

Revue de presse

La Vitrine de l’île d’Arz 8 février 2016

Le Télégramme 28 mars 2016

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Le texte intégral, rédigé par Claudine Visayze , correspondante du Télégramme est repris ici à sa demande :

La séance est levée !

A l’issue du conseil municipal auquel assistait une vingtaine de personnes, Madame le maire ayant donné la parole au public, c’est Jean François Bato et Julien Brothier, le porte parole de la Confédération Paysanne qui l’ont prise.

On se souvient que Aude et Jean François Bato s’étaient installés avec leurs 2 jeunes enfants à l’île d’Arz après avoir été choisis, avec l’aide de la Chambre d’Agriculture, pour créer une exploitation de maraîchage. Or, après avoir travaillé 18 mois sur des terrains octroyés par la commune, les élus n’ayant pas fait les démarches pour transformer ces terres classés NDS en zone agricole et faute de pouvoir continuer leur travail, ils avaient du quitter l’île.

Jean François et Aude ont donc demandé une indemnisation pour le travail accompli  et leur estimation a été avalisée par la Chambre d’Agriculture.

Aucune réponse à leur courrier ne leur ayant été donnée, ils se sont déplacés, espérant obtenir enfin une réponse autour d’un règlement à l’amiable.

Or, Madame le maire leur a répondu que le dossier était dans les mains d’un avocat.

« Vous nous avez désocialisés disait Jean François, toutes nos économies sont restées à l’île d’Arz, nous vivons dans un ancien atelier impossible à chauffer avec nos 2 jeunes enfants, je vous ai d’ailleurs invitée à y passer une nuit quand la température ne dépasse pas les 5° vous avez préféré éviter de connaître notre vie très précaire.

La séance est levée a alors dit madame le maire refusant de répondre à toute question face à un public choqué.

Rappelons qu’une pétition de soutien aux maraîchers avait recueilli 400 signatures.

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Prise de position de Jacques de Certaines

Conseiller muncipal

Maraîchers. « Il est juste de les indemniser »

Jacques de Certaines.

Jacques de Certaines n’a pu assister, pour des raisons de santé, au conseil municipal qui s’est tenu vendredi 25 mars (le Télégramme du 28). Suite à notre article, « Maraîchers. Ils réclament une indemnisation », l’élu souhaite réagir.

Que pensez-vous de la décision de remettre le dossier des maraîchers dans les mains d’un avocat ?
Le dialogue est préférable au dénigrement. Il me semble juste d’indemniser le couple Bato pour leur travail de remise en état de terrains sur l’île. C’est la municipalité qui les a fait venir sur l’île pour s’y installer. Il y a une exigence morale à leur égard et le recours à un avocat n’est valable que pour accélérer une juste procédure, non pour la ralentir. Je souhaitais qu’une issue soit très rapidement trouvée avec eux.

Mais comment en est-on arrivé là ?

L’erreur a été, lors de la mandature précédente, de les attirer avant que l’île ne soit prête à les accueillir : terres agricoles, atelier de transformation et logement pérenne auraient dû être les pré-requis. De plus les administrations de tutelle prônent dans leur discours le développement d’une agriculture de proximité, en circuits courts, notamment sur les îles, mais se réfugient dans des lenteurs juridiques quand il s’agit de rentrer dans le concret, ce qui me semble incohérent. Et l’on sait que les jurisprudences concernant la loi Littoral ou les Plu (Plan local d’urbanisme) sont parfois contradictoires. Cela traîne depuis huit mois, mettant le couple Bato en situation très difficile et portant préjudice à l’image de notre île.

Que pensez-vous de la réaction du maire qui a levé la séance ?
Je suis pour un dialogue courtois, même s’il est difficile. Je n’aurais eu aucun droit à m’opposer à la levée de séance par Madame le maire, mais j’aurais souhaité rejoindre Jean-François Bato et le public présent pour tenter de réfléchir avec eux à une solution équitable pour eux comme pour la municipalité.

Trois conseillers ont déjà démissionné, n’êtes-vous pas tenté de faire comme eux ?
Quand on se présente à une élection, on a une sorte de contrat moral envers les électeurs. Sauf raisons majeures de santé ou d’emploi, je suis contre les démissions en cours de mandat, même si je peux les comprendre et si, en situation de crise, une démission est plus confortable pour soi. Avec une quatrième démission, il y aurait une élection partielle : une équipe cohérente de quatre Ildarais serait-elle prête à s’investir ?

Télégramme 2 avril 2016
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Le pretium doloris (maintenant dit : Souffrances endurées) ou en français le prix de la douleur. Cette expression latine désigne en fait la valorisation du préjudice subit, le mot prix étant ici ramené à une compensation financière en regard des douleurs physiques mais aussi des douleurs morales qui auront été subies suite à une blessure.

Legavox

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Pétition

Une pétition en faveur d’une indemnisation a été mise en circulation sur l’île, vous pouvez la signer ou signifier votre soutien en adressant un message à  clo@phea.fr

Télécharger (PDF, 54KB)

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Ile d’Arz, une île de vieux ?

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Ile d’Arz, une île de vieux ?

Jacques de Certaines ouvre le débat

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Une île de vieux ?

Le taux de vieillissement est le rapport (plus de 65 ans)/(moins de 20 ans) ; il est à l’île d’Arz près du double du taux de vieillissement moyen des îles regroupées dans l’AIP (Association des îles du Ponant). Cela peut, en partie, s’expliquer par la taille de notre île trop petite pour avoir un collège, voir un lycée. Mais est-ce un déterminisme imparable ? Un rattachement au collège des îles du Ponant serait-il possible et souhaitable ?

Une meilleure prise en charge par l’ARS (Agence régionale de santé) du MAD (maintien à domicile des personnes âgées) serait nécessaire, exploitant notamment les développements actuels en télé-médecine dont le CATEL à Vannes est le pôle pour les pays francophones ? Saura-t-on faire primer l’intérêt général sur l’intérêt particulier pour faire venir des jeunes couples d’actifs, par exemple des maraîchers ? Et puis, paradoxe un peu triste, l’agglomération de Vannes s’est déclaré hostile à une modification du PLU permettant de créer un cimetière annexe ? Pourquoi ne pourrions-nous plus enterrer nos morts sur l’île ? C’est aussi, hélas, un problème lié au vieillissement.

La démographie n’est pas une fatalité, elle est le résultat, jamais à court-terme, de choix politiques.

Jacques de Certaines

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Quelques lectures de référence

Au 1er janvier 2050, en supposant que les tendances démographiques récentes se maintiennent, la France métropolitaine compterait 70,0 millions d’habitants, soit 9,3 millions de plus qu’en 2005. La population augmenterait sur toute la période, mais à un rythme de moins en moins rapide. En 2050, un habitant sur trois serait âgé de 60 ans ou plus, contre un sur cinq en 2005. La part des jeunes diminuerait, ainsi que celle des personnes d’âge actif. En 2050, 69 habitants seraient âgés de 60 ans ou plus pour 100 habitants de 20 à 59 ans, soit deux fois plus qu’en 2005. Ces résultats sont sensibles aux hypothèses retenues, mais aucun scénario ne remet en cause le vieillissement, qui est inéluctable.

Insee

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Lundi 28 décembre 2015, le Président de la République a promulgué la loi n° 2015-1776 relative à l’adaptation de la société au vieillissement.  Ce texte vise à préparer la société française au vieillissement de sa population en anticipant la prise en charge et en garantissant l’autonomie des personnes âgées.

Sénat

Attention ! Personnes âgées

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Ce site est ouvert à tous. Si vous souhaitez réagir à cet article, merci de nous envoyer vos commentaires via la fiche contact

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Commentaires des lecteurs

Je suis d’accord avec le chat: je suis jeune depuis plus longtemps que d’autres et je souhaite que ça dure encore très longtemps!!! C’est l’air du Golfe qui conserve….

Joël Bulot

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Une Île sans Jeunes !

(Enfants en bas âges, adolescents, jeunes-adultes, adultes-jeunes, jeunes-vieux toujours là,….)

Notre Île ne sait pas exploiter les trésors de ressources qu’elle possède !

Cependant, il faut le dire, l’Île d’Arz, comme bon nombre d’îles, est devenu aujourd’hui une terre d’accueil aux frontières rassurantes et doucement bercée par le va et vient des marées, et cela ne l’aide pas à explorer des projets plus ambitieux.

« L’île est d’autant plus Île que la rupture est forte, ou ressentie comme telle ; il faut traverser la mer pour y arriver, confie une voyageuse…. On a le temps d’y penser. On change de rythme, on passe dans un autre Espace-Temps. »

Mais, malheureusement, nos Îles du Ponant ne peuvent pas se contenter d’attirer des vacanciers et des touristes béats d’admiration, même si cela est évidemment très important pour un certain équilibre économique actuel.

Pour s’engager dans le débat ouvert, c’est vrai, si l’on ne fait rien, ce fameux Taux de Vieillissement ne cessera de croître de plus en plus vite, et risque de mettre en péril toutes perspectives d’avenir.

Il ne s’agit pas de faire du « Jeunisme » à tout prix, mais simplement de constater des faits assez récents, et donc de se poser quelques questions critiques à ce propos :

Aujourd’hui, Politiquement, rien est fait pour encourager l’installation et la sédentarisation de nouveaux actifs, jeunes ou moins jeunes, sur notre territoire :

Les faucheurs de buts, sur l’Espace Jean Danet dédié aux jeunes, restent impunis.

Absence quasi-totale d’accueils et d’installations Municipales concernant les activités nautiques…exceptés, Jeunesse et Marine, 47° Nautik, les Douanes et les Glénan pour leurs stages d’apprentissage.

Aucune perspective de projet d’installation d’aire de jeux ouverte et polyvalente pour les 10/15 ans.

Fiasco total de l’implantation d’un couple de Maraîchers Bio, avec deux enfants déjà scolarisés sur l’Île.

D’accord, c’est un défi pour la pensée et l’action politique qui pour l’instant ne voient pas plus loin que le bout de leur nez et spéculent immanquablement sur de futures élections.

Pourtant, le développement de la multiplicité des moyens techniques de communication devrait nous amener à repenser « la question de l’habiter ensemble sur terre » comme le suggère Edgar Morin, question qui se pose de façon de plus en plus aigüe chaque jour dans notre petite collectivité insulaire.

Il s’agit en fait de l’Unité de l’Île : le problème est bien là aujourd’hui, car l’Unité n’est pas forcément exclusive et antinomique des différences et des particularités de pensée et de vie de chacun.

Pour atteindre cet idéal, il est indispensable de se parler à nouveau, il est indispensable de promouvoir une politique qui serait attentive,

A ce qui est dit, et non à qui l’a dit.

Je dis ce que je fais, et je fais ce que je dis.

Puisque le débat semble ouvert, accrochons-nous à une conviction énoncée par Théodore Monod,

« L’utopie n’est pas l’irréalisable, mais l’irréalisé ».

Bernard Le Roy 14/03/2016

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