Une loi pour mieux protéger le littoral et ses habitants de l’érosion

  • Au Cap Ferret, 400 mètres de littoral sont interdits au public. L’érosion de la dune à cet endroit provoque des éboulements.
    Au Cap Ferret, 400 mètres de littoral sont interdits au public. L’érosion de la dune à cet endroit provoque des éboulements. | AFP

La mer avance. Le trait de côte recule. Les habitants du littoral se retrouvent pour certains en danger. C’est pourquoi l’Assemblée nationale a adopté jeudi soir une proposition de loi qui entend adapter les territoires littoraux au changement climatique. Elle doit notamment permettre de mieux indemniser les habitants dont le logement a été rendu inutilisable en raison de l’érosion.

Seule allusion au cours de la séance à l’annonce de François Hollande qu’il renonçait à briguer un second mandat à l’Élysée en 2017, celle de Marc Le Fur (LR), au perchoir, qui a glissé aux députés: « On va essayer d’accélérer, je crois que l’actualité est ailleurs »

Le texte des socialistes, adopté en première lecture, doit permettre de mieux prendre en compte le fait que la limite entre terre et mer, appelée « trait de côte », évolue chaque année, de nombreuses côtes reculant du fait de l’érosion.

Les côtes grignotés

Ce phénomène « grignote peu à peu » les 7,500 km de côtes françaises, a noté Emmanuelle Cosse, ministre du Logement, soulignant que les surfaces en recul en métropole représentaient « 3 100 terrains de rugby »« Il est nécessaire d’anticiper » ces phénomènes face au changement climatique, a-t-elle ajouté, saluant un texte qui « répond à des préoccupations restées longtemps sans réponse ».

Rappelant la tempête Xynthia de 2010 et « le lourd tribut payé en vies humaines » (47 morts, dont 29 dans des lotissements de La Faute-sur-Mer), la rapporteure Pascale Got (PS), élue de Gironde, a jugé qu’il fallait « arrêter de finasser » et de ne réagir « qu’après l’aléa », soulignant que le texte donnerait des « outils » aux collectivités face au recul du trait de côte.

Et ce alors qu’une hausse de la population « de plus de 4 millions de personnes » est prévue en 2040 sur le littoral, notent les auteurs du texte.

Recul du trait de côte

Technique, la proposition de loi, qui vient compléter les mesures déjà prises pour faire face aux inondations et submersions marines, vise à une meilleure prévention du recul du trait de côte. Elle l’intègre par exemple dans les risques devant faire l’objet d’un plan de prévention des risques naturels prévisibles, et prévoit une meilleure information des populations, notamment dans l’immobilier.

De manière transitoire et dans l’attente d’un mécanisme plus général prévu par le texte sur le fonds d’indemnisation dit « Barnier », il prévoit aussi une indemnisation des interdictions d’habitation dues au recul du trait de côte.

La rapporteure a notamment évoqué le cas de l’immeuble « le Signal » à Soulac-sur-Mer (Gironde) à 200 mètres du front de mer lors de sa construction en 1967. Les habitants de ses 78 logements ont dû être évacués en 2014. La crête de dune n’est plus qu’à 16 mètres.

http://www.ouest-france.fr/environnement/climat/une-loi-pour-mieux-proteger-le-littoral-et-ses-habitants-de-l-erosion-4650062?utm

Mers, océan et vent grignotent : l’érosion menace un quart du littoral

 

  • L'érosion ronge nos côtes comme ici au Cap Ferret.
    L’érosion ronge nos côtes comme ici au Cap Ferret. | Reuters

Des pans de sentiers côtiers qui s’effondre, des dunes qui reculent voire disparaissent, … Selon Stéphane Costa, président du conseil scientifique sur la gestion du littoral, un quart du littoral français est menacé par l’érosion. Entretien.

Depuis combien de temps l’érosion inquiète-t-elle les spécialistes de l’environnement ?

C’est un thème qui est pris en compte depuis les années 1960-1970, période pendant laquelle on a construit massivement très près du rivage.

On en paye les conséquences aujourd’hui ?

L’érosion côtière fait que la mer rattrape l’urbanisation qui s’est imprudemment implantée trop près du rivage. C’est cette urbanisation, parfois incontrôlée, qui nous amène à ces situations. Je me souviens de la publicité pour les maisons les pieds dans l’eau. Eh bien, on y est !

Combien de kilomètres de côtes sont-ils concernés par ce problème ?

À peu près 25 % du linéaire français (sur environ 7 000 km) est en proie à l’érosion, mais c’est un chiffre trompeur. Il y a beaucoup de falaises rocheuses très résistantes, en Bretagne, dans le Cotentin ou dans la Manche, qui ne bougent pas. Ces falaises représentent environ 60 % du littoral contre 40 % pour les plages et les dunes. Ce sont ces 40 % qui sont en voie d’érosion, principalement la façade atlantique, ainsi que les falaises peu résistantes comme celles de craie en Seine-Maritime.

Quelle serait la solution pour protéger les zones qui ont été urbanisées à outrance ?

À un moment, c’est la nature qui va gagner. On peut toujours mettre en place des ouvrages de défense contre la mer. Mais ils perturbent le milieu. On s’aperçoit aujourd’hui, soit cinquante ans après, que ces ouvrages en dur ont déporté le problème de l’érosion un peu plus loin. C’est une solution qui doit nous donner du temps pour déplacer ensemble les gens qui sont menacés.

Depuis 1986 et la loi sur le Littoral, une série de réglementations ont été prises pour, d’une part, éviter de rallonger la liste des biens menacés et, d’autre part, faire en sorte qu’il n’y ait pas de mort sur le littoral. Recueilli par E.C.

http://www.ouest-france.fr/environnement/mers-ocean-et-vent-grignotent-lerosion-menace-un-quart-du-littoral-4416800

Share