Le Carême : le temps de la Transfiguration

Raphaël

DIMANCHE 12 MARS

Evangile selon saint Matthieu 17, 1-9

Six jours après, Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean son frère, et il les emmène sur une haute montagne. Il fut transfiguré devant eux ; son visage devint brillant comme le soleil, et ses vêtements, blancs comme la lumière. Voici que lui apparurent Elie et Moïse, qui s’entretenaient avec lui. Intervenant, Pierre prit alors la parole et dit à Jésus : «Seigneur, il est heureux que nous soyons ici ! Si tu le veux, je vais dresser ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse, et une pour Elie. » Il parlait encore, lorsqu’une nuée lumineuse les couvrit de son ombre ; et, de la nuée, une voix disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis tout mon amour ; écoutez-le ! » Entendant cela, les disciples tombèrent la face contre terre et furent saisis d’une grande frayeur. Jésus s’approcha, les toucha et leur dit : « Relevez-vous et n’ayez pas peur ! » Levant les yeux, ils ne virent plus que lui, Jésus seul. En descendant de la montagne, Jésus leur donna cet ordre : « Ne parlez de cette vision à personne, avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts. »

« Le Carême : le temps de la Transfiguration »

Chaque année, le deuxième dimanche de Carême, l’Eglise nous fait lire cet Evangile de la transfiguration. Elle enlève le voile sur le visage de Jésus. Un peu comme dans un concours, dans une compétition, on montre d’avance la récompense, le prix à gagner. « Son visage devint brillant comme le soleil, et ses vêtements, blancs comme la lumière. »

Cela allait mal pour Jésus. A cause de l’opposition des chefs religieux d’Israël, son message ne passait pas. On disait qu’il ne suivait pas les lois, qu’il était hérétique, une cause de scandale. Les gens ne le suivaient plus ; même les Apôtres n’étaient plus sûrs. Jésus sentait qu’on allait le condamner. Au grand désarroi des Apôtres, il annonce sa passion et sa mort prochaine.

C’est à ce moment-là qu’il amène sur la montagne les trois Apôtres, Pierre, Jacques et Jean, les futurs piliers de l’Eglise, et qu’il leur montre son vrai visage. Non, il n’est pas hérétique, une cause de scandale, le fondateur d’un groupe sectaire comme celui des pharisiens ou des saducéens. Il est le Fils de Dieu. La voix du Père se fait entendre : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis tout mon amour ; écoutez-le. » La manifestation est tellement forte que son corps ne peut cacher sa divinité.

Aujourd’hui encore, on peut dire que ça va mal pour Jésus. Que ça va mal pour son Eglise. Il suffit de regarder les assistances dans les églises le dimanche. Il est évident que bien des gens ont cessé de pratiquer. A la télévision, dans certains journaux, dans les conversations, l’Eglise n’a pas toujours bonne presse, l’Eglise d’hier et celle d’aujourd’hui. On est très critique à l’égard de certaines décisions du pape et des évêques, comme s’ils ne disaient plus le message de Jésus, ou pire, comme si ce message était dépassé. Un goût de laïcisation semble vouloir banaliser toutes valeurs religieuses.

Où trouver aujourd’hui, le visage transfiguré de Jésus ? Ne serait-ce pas nous qui aurions à le manifester. C’est ce que nous rappelle ce deuxième dimanche du Carême qui a pour thème « Renaître tout rayonnant de gloire. » Un jour nous renaîtrons en éternité, tout rayonnant de gloire, comme Jésus transfiguré. C’est ce qu’annonce la promesse à Abraham dans la première lecture, ce que garantissent la mort et la résurrection de Jésus. Mais ce jour est déjà commencé. Nous sommes des baptisés, nous sommes des fils et des filles de Dieu. Sur nous aussi le Père a dit : « Celui-ci, celle-ci est mon fils, ma fille bien-aimée ; en lui, en elle, j’ai mis tout mon amour. » En vivant notre baptême, nous ne pouvons que trouver notre joie, être rayonnants et manifester le visage de Jésus. Il suffit de le suivre, de vivre à sa manière et le laisser épanouir notre vie. C’est pour cela que nous faisons carême, pour revitaliser notre vie chrétienne et être dans notre monde le visage rayonnant de Jésus. Le lieu de la transfiguration, ce n’est plus la montagne du Thabor, c’est notre cœur. C’est là qu’apparaît à notre monde le visage transfiguré de Jésus. Il se manifeste dans notre foi, notre joie de vivre, notre charité.

D’après diverses sources.

Père Jean Lucas

Fra Angelico
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