Arz. La vigne est de retour sur l’île

L’association In Vino Verit’Arz a planté ses premiers pieds de vigne ce week-end, face à la mer, sur la pointe de Liouse. L’île renoue ainsi avec son histoire : des moines y produisaient du vin dès le XIe siècle.

Les conditions étaient enfin réunies ce week-end. Après deux reports de l’opération pour cause de terres trop humides, c’est sous un soleil radieux et dans la bonne humeur qu’une douzaine de bénévoles ont planté 250 pieds de pinot blanc. « Nous avons aussi commandé 250 plants de pinot gris et 50 de chenin auprès d’un pépiniériste de la région nantaise. Mais le bas du terrain est encore un peu trop humide pour les planter », explique Daniel Lorcy, l’ancien maire de l’île d’Arz, à l’origine de ce projet.

2.000 heures de soleil


Le terrain, situé derrière l’école de voile des Glénans, sur la pointe de Liouse, a été choisi pour son exposition sud-est, qui peut offrir à la vigne 2.000 heures de soleil par an. « C’est plus qu’en Alsace ou en Anjou », deux régions viticoles du Nord de la France. La pente repoussera l’humidité vers la mer, en face d’Ilur et Saint-Armel, et donnera son nom au futur vin : « Le Coteau de Liouse ». La parcelle de 5.000 m² est louée en fermage à la commune, à qui reviendra de fait 3 % de la production annuelle, estimée à 750 bouteilles. « On exploite seulement 1.000 m² du terrain, car au-delà la loi nous oblige à passer en statut d’entreprise ». Le reste de la production sera partagé entre les 52 premiers membres de l’association In Vino Verit’Arz, créée en 2015. « On aurait aimé avoir plus d’habitants de l’île au départ du projet. Mais aujourd’hui on est obligé de limiter le nombre d’adhérents, avec liste d’attente », regrette Daniel Lorcy. L’idée de planter de la vigne sur l’île a germé dans la tête de l’ancien maire il y a quatre ans.

« C’était un projet parmi d’autres, comme recréer une saline ou réinstaller des maraîchers ». Mais c’est finalement celui de produire du vin localement qui se concrétise en premier. « On n’a rien inventé, puisque les moines ont planté de la vigne pour le vin de messe dès leur arrivée sur l’île, au XIe siècle ».

Première récolte dans trois ou quatre ans


La tradition aurait perduré jusqu’aux années 1950. « Les habitants ont continué pour mettre du vin dans leur eau, qui provenait des puits et n’était sans doute pas très bonne. C’était le vin qui rend fou, avec beaucoup de méthanol ». Aussi parce qu’il n’y avait pas de verger sur l’île, par manque de place, et donc pas de cidre. « Mais il y avait de la frênette, que l’on appelait piquette, une sorte de cidre à base de feuille de frêne ». Si tout se passe bien, la première récolte du « Coteau de Liouse » est attendue dans trois à quatre ans, une fois que les ceps de vigne auront développé leur système racinaire. En attendant, l’association pourra s’appuyer sur les conseils avisés de Cédric Chevrier, maître de chai et responsable d’exploitation pendant dix ans dans des domaines viticoles du Languedoc-Roussillon et du Rhône, qui vient de s’installer à Conleau. « C’est un projet associatif, mais il peut apporter une expérience concrète sur la viticulture en Bretagne. On sait qu’il y a d’autres projets à Groix ou sur la presqu’île de Rhuys. On va notamment voir si le choix des cépages est adapté ». Il n’y a plus qu’à laisser le temps aux temps. Dès l’année prochaine, les petits pieds de vigne devraient commencer à être visible de la côte. « On imagine déjà la tête des plaisanciers ! », se réjouissent d’avance les membres de l’association.
© Le Télégramme

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