Qui donc est cet homme ?

Dimanche 9 Avril

Homélie du dimanche des Rameaux

Extrait du récit de la passion de Notre Seigneur Jésus Christ :

…. On fit paraître Jésus devant Pilate, le gouverneur, qui l’interrogea : « Es-tu le roi des juifs ? » Jésus déclara : « C’est toi qui le dis. » Mais, tandis que les grands prêtres et les anciens l’accusaient, il ne répondit rien. Alors Pilate lui dit : « Tu n’entends pas tous les témoignages portés contre toi ? » Mais Jésus ne lui répondit pas un mot, si bien que le gouverneur fut très étonné.

A chaque fête de la Pâque, le gouverneur avait coutume de relâcher un prisonnier, celui que la foule demandait. Il y avait alors un prisonnier bien connu, nommé Barabbas. Les foules s’étant donc rassemblées, Pilate leur dit : « Qui voulez-vous que je vous relâche : Barabbas ? ou Jésus, appelé le Christ ? « En effet, Pilate savait que c’était par jalousie qu’on avait livré Jésus.

Tandis qu’il siégeait au tribunal, sa femme lui fit dire : « Ne te mêle pas de l’affaire de ce juste, car aujourd’hui j’ai beaucoup souffert à cause de lui. »

Les grands prêtres et les anciens poussèrent les foules à réclamer Barabbas et à faire périr Jésus. Le gouverneur reprit : « Lequel des deux voulez-vous que je vous relâche ? » Ils répondirent : « Barabbas ! » Pilate leur dit : « Que ferai-je donc de Jésus appelé le Christ ? » Ils répondirent tous : « Qu’il soit crucifié ! » Pilate demanda : « Quel mal a-t-il donc fait ? » Ils criaient encore plus fort : « Qu’il soit crucifié ! » Pilate voyant que ses efforts ne servaient à rien, sinon à augmenter le tumulte, prit de l’eau et se lava les mains devant la foule, en disant : « Je suis innocent du sang de cet homme : cela vous regarde. » Tout le peuple répondit : « Son sang, qu’il soit sur nous et sur nos enfants ! » Alors Pilate leur libère Barabbas. Il fait frapper Jésus à coup de fouets et il le livre aux soldats pour qu’ils le crucifient.

Qui donc est cet homme ?

Jésus vient de ressusciter Lazare. Il vient de montrer qu’il est source de Vie. Il monte à Jérusalem… Il y est acclamé… En effet beaucoup pensent avoir trouvé le Messie, le sauveur promis, celui qui va venir apporter à tous :

La fin des souffrances, la fin de l’oppression romaine, la fin de nos limites humaines.

Jusqu’à la fin, les foules avaient adulé Jésus comme s’il était un homme de pouvoir venu rétablir une dynastie déchue. N’avaient-elles donc rien compris à son discours quand, sur la montagne, il s’identifiait aux exclus et aux exploités ?

Le sauveur devait instaurer le Royaume de Dieu, il devait apporter le bonheur et le triomphe pour tous…à peu de frais. Il devait changer le monde sans que l’on change vraiment dans ses habitudes, sans que l’on se remette vraiment en cause. Mais Jésus apporte la lumière sur le projet de Dieu, sur la vie, sur nous-mêmes, sur les problèmes de ce monde, sur nos propres problèmes. Le chemin de Jésus n’est pas celui de la facilité. Pour faire triompher le Royaume de Dieu, il faut souffrir, puis :

Mourir aussi… mourir à ses idées… mourir à ses idoles… Mourir à ses conceptions, mourir à ses images… mourir à ses désirs !

Une foule acclame Jésus, une autre le condamne à grands cris à mourir sur une croix. La foule fait son choix. Barabbas n’était pas un vulgaire assassin, mais un résistant violent, un terroriste selon l’appellation d’aujourd’hui ? C’est à ce singulier personnage que Pilate oppose Jésus. Jésus était un prophète aux paroles fascinantes, mais qui demeure muet, un guérisseur puissant réduit à l’inaction. Jésus, un ami insaisissable ? Jésus le vrai Messie, le Fils de Dieu, le Fils de David, le Roi des juifs ?

On libère donc un criminel de droit commun ; on fait mourir à sa place le vrai Fils de Dieu le Père. Un apôtre se prépare à le livrer en secret. De la bouche de Pilate vient la seule tentative de reconnaître Jésus. Il le fait avec des mots païens qui furent autrefois ceux des mages : le Roi de juifs.

Qu’aurions-nous choisi à la place de la foule ? Nous tirons trop souvent notre profit des évangiles plutôt que de les écouter. Comme Barabbas, nous sommes bien fils de « nos pères »

Jésus nous entraine à un autre chemin et nous fait perdre nos repères. C’est à l’ombre d’une croix qu’il faut le trouver et se retrouver

D’après diverse sources

Père Jean Lucas

Giotto
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