Femmes de marins

Film de Jean Loiseau,

Christine et Valentin Morel


Journée internationale des droits des femmes. Jean Loiseau, ancien rédacteur en chef de Thalassa, a écouté et filmé les femmes de marins durant deux ans. Il en a tiré un court-métrage.

 

Carte postale ancienne -1909- Collection Christophe Stener

Le projet

Tout le monde connaît l’adage : « Femme de marins, femmes de chagrins ». Mais qu’en est-il vraiment ?

Pour le savoir, Jean Loiseau, journaliste à la retraite, et Christine Morel, artiste plasticienne, ont interrogé les principales intéressées, sur l’île d’Arz, où tous les deux possèdent une maison de vacances. « Mes parents avaient une maison à Arradon, raconte Jean Loiseau. Jepassais toutes mes vacances au bord du golfe du Morbihan. Quand j’ai voulu acheter une maison dans le secteur, j’ai eu envie d’une île. Arz s’est imposée. J’aime son côté rustique, nature, un peu « foutraque ».

L’ancien journaliste a appris à naviguer dans les courants du Golfe. « J’ai même été l’heureux propriétaire d’un Guépard. Mais comme je passais plus de temps à écoper qu’à naviguer, je l’ai donné au fils du premier propriétaire. »

Une parole précieuse, un trésor

Le musée de l’île propose, depuis plusieurs années, un film sur les capitaines. « J’y retourne régulièrement. Je vais revoir des histoires que je connais déjà, mais c’est émouvant, riche. »

Jean Loiseau est voisin du coupleFrançois et Christine Morel.Un jour, ils se sont dits : « On croise des femmes de marins tous les jours, pourquoi ne pas recueillir leur parole. Elles restent à terre, elles racontent leur histoire par bribes. Certaines ont plus de 80 ans. Il y a une parole précieuse à recueillir, une sorte de trésor. La même chose que leurs maris, mais de l’autre côté. »

Sur l’île d’Arz, dans le golfe du Morbihan, on les appelait les gardiennes de l’île. Elles devaient gérer l’absence, la solitude, l’inquiétude, parfois le drame. Elles s’occupaient aussi des enfants, de leur éducation, de la maison, et souvent travaillaient pour compléter les revenus de la famille, tout en maintenant sur l’île une vie sociale et une entraide.

Les interviews ont été réalisées à bâtons rompus. « Un peu comme des conversations. Le luxe, c’est qu’on avait le temps. » Jean Loiseau et Christine Morel ont choisi d’interviewer plusieurs générations de femmes. La plus âgée est presque centenaire, la plus jeune a une trentaine d’années.

« Elles n’en parlent pas »

« Aujourd’hui, si les conditions de navigation ont changé, il faut toujours supporter le départ, l’absence et le retour qui n’est pas si simple. Même si les moyens de communication sont aujourd’hui plus faciles, il ne faut pas inquiéter l’autre outre mesure. »Une constante revient aussi dans les échanges : finalement, entre elles, les femmes ne parlent pas tant que ça de leurs problèmes. « Elles vivent les mêmes choses mais n’en parlent pas. »

Le film de 21 minutes sera diffusé en boucle, au musée Marins et capitaines de l’île d’Arz. Une projection publique aura lieu samedi 31 mars. Le film sera aussi diffusé dans des festivals de films documentaires.

Ouest France

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