Archives de catégorie : Vie paroissiale

Un prêtre de Rennes mis en examen pour viol sur un adolescent

Satan converti. Carte postale anticléricale. circa 1910. Collection Christophe STENER

Alors que les évêques de France se réunissaient en assemblée plénière à Lourdes, l’abbé Yannick Poligné, curé de la paroisse de Saint-Louis-Marie en Brocéliande (Ille-et-Vilaine), a été mis en examen et incarcéré à Paris, dimanche 6 novembre 2022, pour viol aggravé sur un adolescent de 15 ans. Les faits se sont produits dans la nuit du jeudi 3 au vendredi 4 novembre 2022. 

https://actu.fr/bretagne/rennes_35238/un-pretre-de-rennes-mis-en-examen-pour-viol-sur-un-adolescent-l-archeveque-reagit_55112416.html

La carte postale anticléricale de cet article vise non pas à hurler avec les loups anti calotins mais, bien au contraire, à souligner le risque évident de désaffection de certains fidèles devant ces scandales qui alimentent de simplissimes diatribes contre l’Eglise catholique aussi injustes et absurdes que si l’on condamnait l’école ou les associations sportives, toutes entières, pour le comportement déviant de quelques pédophiles mais il faut dire, avec la commission présidée par Jean-Marc SAUVE https://www.ciase.fr/ que les abus sexuels dans l’Eglise parce que malheureusement systémiques appellent une réforme et que le temps du silence coupable de la hiérarchie ecclésiastique est révolu.

Christophe STENER

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L’Eglise de France dans le scandale des abus sexuels

Le Cardinal Jean-Pierre Ricard

Violences sexuelles : 8 évêques français dont un cardinal «mis en cause» pour abus. Cette annonce a été faite par Eric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques, réunie depuis jeudi à Lourdes pour son assemblée plénière d’automne.

L’aveu a fait l’effet d’une bombe atomique parmi la centaine d’évêques catholiques réunis à Lourdes. Et fait couler des larmes. «Il y a trente-cinq ans, alors que j’étais curé, je me suis conduit de façon répréhensible avec une jeune fille de 14 ans», a confessé par lettre, adressée dimanche à l’épiscopat français, le cardinal Jean-Pierre Ricard, ancien archevêque de Montpellier (1996-2001) et de Bordeaux (2001-2019). «Mon comportement a nécessairement causé chez cette personne des conséquences graves et durables. Je m’en suis expliqué avec elle et lui ai demandé pardon, je renouvelle ici ma demande de pardon ainsi qu’à toute sa famille», a reconnu le prélat, l’une des grandes figures du catholicisme français des années 2000, proche du pape émérite Benoît XVI et président de la Conférence des évêques de France (CEF) de 2001 à 2007.

La confession écrite du cardinal a été rendue publique lundi, lors d’une très rapide conférence de presse tenue à Lourdes par Eric de Moulins-Beaufort, le président de la CEF. Celui-ci a confirmé que plusieurs autres prélats étaient impliqués dans des affaires de violences sexuelles. «Aucun d’entre eux n’est en exercice»,

https://www.liberation.fr/societe/religions/violences-sexuelles-11-eveques-ou-anciens-eveques-mis-en-cause-20221107_LRTJBMRHCRE4FKTOIEKPG6AMFA/

https://www.la-croix.com/Religion/Cardinal-Ricard-lEglise-France-nouvelle-fois-tourmente-2022-11-07-1201241084

https://www.boursorama.com/actualite-economique/actualites/france-l-archeveque-emerite-de-bordeaux-avoue-des-actes-reprehensibles-contre-une-mineure-7c8f870b96c6a91e405affa8e5d7f997

https://www.ladepeche.fr/2022/11/07/pedocriminalite-dans-leglise-lex-president-de-la-conference-des-eveques-reconnait-une-conduite-reprehensible-sur-une-mineure-de-14-ans-10787891.php

Jean Marc Sauvé, avec Véronique Margron et Éric de Moulins Beaufort, lors de la publication du rapport de la Ciase, le 5 octobre 2021, à Paris.    • THOMAS COEX/REA

Véronique Margron est présidente de la Conférence des religieux et religieuses de France (Corref). Le 5 octobre 2021, Jean-Marc Sauvé avait remis le rapport de la Ciase entre ses mains et celle du président de la Conférence des évêques de France, Éric de Moulins-Beaufort.

Alors que les évêques sont réunis à Lourdes pour leur assemblée plénière d’automne, Éric de Moulins-Beaufort a lu une lettre du cardinal Jean-Pierre Ricard dans laquelle celui-ci avoue avoir eu un « comportement répréhensible avec une jeune fille de 14 ans » il y a 35 ans, alors qu’il était curé. Comment vous sentez-vous, à l’écoute de cette nouvelle ?

Je suis mal. On ne sait plus très bien comment nommer les choses. On ne trouve plus les mots. Je pense à tous ces mensonges cumulés, à la victime… Je ne peux pas m’empêcher de me demander si les faits sont prescrits ; si la victime aurait pu obtenir une vraie justice si jamais il avait parlé plus tôt… Et si… Tout cela me fend à l’intérieur de moi-même. Mais qu’est-ce qu’il se passe ? Qu’est-ce qui nous arrive dans l’Église ? Jean-Pierre Ricard a été deux fois président de la Conférence des évêques de France, cardinal, électeur du pape… Mais comment a-t-il pu accepter ces charges ? Et il y a bien sûr cette question lancinante : et maintenant, on fait quoi ? Au-delà des procédures qui ont déjà été lancées, nous, que devons-nous faire ? Dans la vie religieuse, je pense à ces supérieurs qui ont minimisé, caché des abus, qui n’ont pas voulu voir à quel point la situation était grave : ils ont été naïfs, mais la naïveté nous rend coupables ! Peut-on dire la même chose de la solidarité épiscopale, de ce qu’on nomme d’un si beau nom la communion ? Et Dieu sait que c’est un beau nom… mais elle est brisée par cette réalité.

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Un cardinal s’avoue coupable. La démarche est inédite, c’est une vraie déflagration.

Certes, la démarche est inédite, mais je ne vois pas quelles conclusions en tirer. La vraie déflagration, ce n’est pas qu’il prenne la parole, c’est ce qu’il a fait ! Et l’expression de « comportement répréhensible » est sujet à beaucoup d’interprétations. Cela veut tout et rien dire. Il faut qualifier de quoi on parle !

Cela me coûte beaucoup de le dire, mais je pense sincèrement qu’on ne peut plus croire la parole des auteurs. Jean-Pierre Ricard a dit cela, mais c’est lui le coupable. Comment être sûr qu’il n’y a pas eu d’autres victimes, d’autres actes ? Comment le croire ? C’est cela que nous devons apprendre de ces horreurs : toujours garder une prudence extrême, une retenue. Si demain vous allez au parloir de Fleury-Mérogis, vous n’allez pas prendre pour argent comptant ce que disent les prisonniers sur les faits qu’ils ont commis ! Nous en arrivons là avec ces prêtres, ces évêques, qui pourtant sont avant tout des croyants. Cela me brise le cœur.

C’est la première fois qu’un coupable se dénonce  publiquement. Peut-être est-ce le point de départ d’un changement de culture ?

Malheureusement, l’heure n’est pas à l’espoir. Cela peut être conjoncturel : Jean-Pierre Ricard n’est plus très jeune, des enquêtes le concernant sont en cours… Penser que c’est le signe de changement de culture, que les autres évêques visés par des enquêtes vont se dénoncer, je pense que c’est un peu présomptueux. Même si, comme vous, j’aimerais que cette démarche soit un appel pour que les autres parlent ! Mais on a rarement vu un changement de culture à partir d’un seul homme.

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Vous sentez-vous découragée ?

Les révélations de violences sexuelles dans l’Église sont d’une terrible violence. Cela nous blesse dans l’intime de nous-mêmes, dans notre foi, dans l’intime de nos engagements, alors que nous essayons de les tenir bon an mal an. C’est le tout de soi qui se trouve atteint par ces violences. Le sentiment de trahison est intense.

Je pense d’abord à cette dame victime, à ses proches, au peuple de Dieu. Comment retisser de la confiance lorsqu’elle est si abîmée ? La confiance, on nous la donne ou pas, il ne nous appartient pas de l’obtenir. Notre seul objectif, c’est de faire tout ce que nous pouvons pour un vrai travail de vérité… et visiblement, nous sommes toujours loin du compte. Je pense à tous les membres des groupes de travail, de l’Inirr (Instance nationale indépendante de reconnaissance et de réparation) et de la CRR (Commission Reconnaissance et Réparation), tous ces gens de bonne volonté qui donnent un temps fou pour travailler à réformer l’Église, et qui doivent se demander à quoi ça sert. Nous qui essayons d’écouter des victimes à longueur de temps, à quoi on sert ? (Sa voix se serre) Éric de Moulins-Beaufort est très engagé contre les abus dans l’Église, je crois vraiment à ce qu’il dit, à son courage, son abnégation… J’ai le sentiment d’être face à un tsunami qui réduit constamment nos efforts à néant. C’est le mythe de Sisyphe.

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Bien sûr, nous repartirons, nous continuerons de nous battre. C’est une obligation humaine et morale. Mon âme, mon cœur, mon intelligence sont peuplés de ces visages de victimes. Le pire, ça serait de s’arrêter. Alors oui, pour nous, c’est très dur. Mais ça sera toujours moins dur que pour les personnes victimes. Nous sommes à terre mais nous n’avons pas le droit d’y rester, pour les victimes et le peuple de Dieu.

https://www.lavie.fr/christianisme/eglise/veronique-margron-le-sentiment-de-trahison-est-intense-85190.php

https://www.lejdd.fr/Societe/abus-sexuels-dans-leglise-catholique-la-victime-du-cardinal-ricard-temoigne-4146432

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