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Qu’il prenne sa croix et me suive…

DIMANCHE 03 SEPTEMBRE

Evangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (16 ; 21-27)

En ce temps-là, Jésus commença à montrer à ses disciples qu’il fallait partir pour Jérusalem, souffrir beaucoup de la part des anciens, des grands-prêtres et des scribes, être tué, et le troisième jour ressusciter. Pierre, le prenant à part, se mit à lui faire de vifs reproches : « Dieu t’en garde, Seigneur ! Cela ne t’arrivera pas. » Mais lui, se retournant, dit à Pierre : « Arrière, Satan ! Tu es pour moi une occasion de chute : tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. » Alors, Jésus dit à ses disciples : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra, mais celui qui perd sa vie à cause de moi la trouvera. Quel avantage, en effet un homme aura-t-il à gagner le monde entier, si c’est au prix de sa vie ? Et que pourra-t-il donner en échange de sa vie ? Car le Fils de l’homme va venir avec ses anges dans la gloire de son Père ; il rendra à chacun selon sa conduite.

La croix est au centre des textes bibliques de ce dimanche.

C’est ce qui s’est passé pour le prophète Jérémie. Au milieu de sa vie, crucifié par sa vocation, cet homme remet tout en question. Au départ, après quelques hésitations, il s’est laissé séduire par Dieu. Mais bien vite, ne voyant monter contre lui que l’incompréhension, les moqueries, la haine, enfin la persécution, alors n’en pouvant plus, il se pose la question : « Pourquoi Seigneur, m’as-tu séduit ? »

C’est pour lui une saison en enfer, il maudit sa vie ; en bon oriental, il crache sur elle.

Mais Jérémie ne hurlerait pas si fort dans sa nuit si sa foi n’était pas aussi forte que son cri. Il trouve sa force dans le feu dévorant que Dieu a allumé au plus profond de son cœur. Cela fait penser au cœur brûlant des disciples accompagnés par le Christ ressuscité sur le chemin d’Emmaüs !

Il n’est jamais confortable de dire une parole qui dérange, qui bouscule. C’est parce qu’il proclame la Parole de Dieu à temps et à contre temps que Jérémie est persécuté, mais c’est cette Parole qui lui donne la force de continuer.

Un jour, Jérémie alla se poster à la porte du Temple de Jérusalem, et il fit à ceux qui entraient et sortaient le discours suivant : «  Vous tous qui venez dans ce Temple prier et offrir des sacrifices, écoutez ce que dit le Seigneur notre Dieu. Cela ne sert à rien de répéter : ici, c’est le Temple du Seigneur. Si chacun est honnête avec son prochain, si vous n’exploitez pas les étrangers et les pauvres, alors vous aurez toujours ce Temple au milieu de vous. Mais vraiment, vous avez

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“Pour toi, qui suis-je ?”

Fra Angelico – Scènes de la vie du Christ

Dimanche 27 Août 2017

Evangile selon saint Matthieu 16, 13-20

En ce temps-là, Jésus arrivé dans la région de Césarée de Philippe, demandait à ses disciples : « Au dire des gens, qui est le Fils de l’homme ? » Ils répondirent : « Pour les uns, Jean le Baptiste ; pour d’autres, Elie ; pour d’autres encore, Jérémie ou l’un des prophètes. »

Jésus leur demanda : «  Et vous, que dites-vous ? Pour vous qui suis-je ? » Alors, Simon Pierre prit la parole et dit : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! »

Prenant la parole à son tour, Jésus lui dit : « Heureux es-tu, Simon fils de Yonas : ce n’est pas la chair ni le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux. Et moi je te le déclare : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise ; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle. Je te donnerai les clés du Royaume des Cieux : tout ce que tu auras lié sur terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur terre sera délié dans les cieux. »

Alors, il ordonna aux disciples de ne dire à personne que c’était lui le Christ.

L’Evangile d’aujourd’hui nous invite à regarder et à comprendre un peu mieux la vie de Jésus Christ.

Jésus n’est jamais seul : « Je ne suis pas seul, le Père est avec moi. » (Jean 16, 32). Il parle peu de lui-même. Ses gestes parlent pour lui. Mais dès qu’on le somme de s’expliquer, de rendre compte de son comportement déroutant, de l’autorité avec laquelle il parle, de la puissance de guérison et de pardon qui émane de lui ; à chaque fois il se réfère à un autre, celui qui l’a envoyé, celui que tous appellent Dieu et que lui a l’audace d’appeler son Père.

« Les paroles que je vous dis sont les paroles du Père, les œuvres que je fais sont les œuvres du Père. » (Jean 5, 36)

Toute son existence, tout son comportement trouvent leur source dans cette relation.

Conformément à l’idée qu’on se faisait de Dieu en Israël, on attendait un Messie plus extraordinaire. Jésus, on le connaissait trop… enfin, on croyait le connaître. Il était trop proche, trop semblable au commun des mortels : «  Nous savons d’où il est, on connait le nom de son père, disent les gens autour de lui, tandis que, lorsqu‘il viendra le Christ, nul ne saura d’où il est. » (Jean 7, 27). Jésus, on connait sa famille, le village où il a grandi.

Le Très-Haut est tellement compris comme le Très-Loin et le Tout-Puissant que l’enfant de Bethléem, le charpentier de Nazareth, le prédicateur itinérant de Palestine, le crucifié de Jérusalem ne saurait être l’envoyé, encore moins le Fils de ce Dieu-là.

On demande des signes à Jésus pour posséder des preuves palpables. Mais Jésus n’entre pas dans ce jeu-là parce qu’il ne partage pas cette conception de Dieu. Il est bien placé pour savoir qui est Dieu : un Dieu qui propose et qui invite, qui propose humblement, discrètement.

Ce fut sans doute pour Jésus le drame de sa vie : il a souvent déçu parce qu’il n’acceptait pas de réussir par les moyens spectaculaires qui auraient conforté son entourage dans leur étrange idée de Dieu. S’il avait accepté de se jeter du haut du pinacle du Temple, s’il avait voulu transformer les pierres en pain, s’il avait accepté d’être proclamé roi comme on le lui proposait, alors on l’aurait reconnu comme le Messie attendu. En refusant de se situer sur ce terrain-là, Jésus ne pouvait que décevoir.

Tous les gestes de Jésus pourraient se résumer en un mot : il fait vivre. Il n’annexe personne, il libère, il restaure du dedans. Quand Jésus ouvre les yeux d’un aveugle, quand il redresse la

femme courbée, quand il ressuscite son ami Lazare, c’est la victoire de la vie. Il ne répond jamais à la violence par la violence.

Et les disciples commencent alors à découvrir que Dieu, le vrai, l’unique, ressemble à Jésus ? C’est bien lui l’image du Dieu invisible.

Nous pourrions dire aussi : « C’est tout son Père. »

Jésus apparaît bien comme celui qui a vécu jusqu’au bout cet attachement en Dieu unique. Il est allé jusqu’à prendre le risque d’être rejeté et mis à mort pour attester que Dieu seul est Dieu, et non pas César, l’empereur romain, et que la loi est au service de l’homme.

« Dieu, personne ne l’a jamais vu. Le Fils unique qui est dans le sein du Père nous l’a dévoilé. » (Jean, 1, 18)

En aimant les siens jusqu’au bout, Jésus nous a révélé ce qu’il y avait dans le cœur du Père : un désir de relation, de communion, de don de soi pour faire exister l’autre.

Jamais homme n’a aimé comme cet homme.

« Voici l’homme ! » proclame Pilate. Voici l’homme que Dieu cherchait depuis les origines. Souvenez-vous : « Adam, où es-tu, où te caches-tu ? » Voilà que Dieu l’a enfin trouvé. Jésus l’homme véritable, celui en que Dieu peut reconnaître son image enfin ressemblante, le partenaire avec lequel il peut enfin tout partager. Jésus, notre frère, le premier-né d’une humanité nouvelle, à laquelle nous sommes participants depuis notre baptême.

Alors à chacun et chacune d’entre nous Jésus pose cette question ce matin :  « Pour toi, qui suis-je ? »

D’après diverses sources

Père Jean Lucas

Emil Nolde – La vie du Christ
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