La vraie richesse, c’est l’homme

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Codex d’Aureus d’Etchenard

Dimanche 25 Septembre

Evangile de Jésus Christ selon saint Luc (Ch 16 ; v 19-31)

La vraie richesse, c’est l’homme

Chers amis, l’Evangile ne nous raconte pas que des choses agréables, et surtout pas des histoires doucereuses.

La parabole d’aujourd’hui, appelée « parabole du riche et du pauvre » est, en vérité, terrible. Car elle exprime de manière radicale que Dieu est celui qui vient au secours du pauvre, au point que le pauvre peut être appelé « Lazare », c’est-à-dire en Hébreu « Dieu a secouru », mais qu’il se détourne de celui qui possède (argent, pouvoir, avoir….) dès lors que celui qui a, est indifférent à la misère de ses frères.

Mais qui est ce riche de l’Evangile? Ce n’est pas une caricature de riche. Il y a bien pire que lui ! Ainsi, s’il n’a pas le souci du pauvre qui est installé devant sa maison, au moins ne cherche-t-il pas à le chasser loin de sa demeure. On aimerait tellement que les sans-logis, les hommes de la rue s’en aillent un peu plus loin chez « les autres ». Eh bien le riche de la parabole, lui, n’est pas comme cela. . Dans cette histoire, il ne fait de mal à personne.

Alors que lui reproche-t-on ? C’est la distance qu’il a mise entre lui et le pauvre. La grille de sa propriété est une vraie barrière, un mur infranchissable. Il n’a pas vu le pauvre. C’est comme s’il n’existait pas. Plus loin dans le texte, Jésus parlera d’un abîme. Un grand abîme. On croirait que la parabole a été racontée pour notre temps, de même que le texte foudroyant du prophète Amos. En effet, Amos ne parle pas simplement d’un pauvre et d’un riche, mais de son peuple tout entier. Il craint que le peuple d’Israël s’effondre. C’était au XIII siècle avant Jésus Christ. L’écart entre les riches et les pauvres se creusait de plus en plus. Aujourd’hui le grand abîme qui se creuse entre les riches et les pauvres est une menace pour la terre entière.

Entre les peuples qui s’enfoncent dans la misère et la famine et les pays riches qui souffrent de la maladie de l’abondance. Un grand abîme entre les privilégiés de nos sociétés et les exclus de toute sorte. Ces pauvres, Jésus continue à les appeler « Lazare » et il ne cesse pas de protester en leur nom. Il nous lance un appel.

Dieu n’a pas d’autre manière de secouer notre tranquillité et de nous ouvrir les yeux que sa Parole. Dieu nous a parlé en nous envoyant son Fils. Jésus nous décrit, à longueur de pages dans l’Evangile, le monde que Dieu veut, un monde de frères, une terre habitable pour tous.

Pour les chrétiens que nous sommes, la solidarité envers les pauvres n’est pas une matière à option. Croire, c’est agir, se battre pour transformer le monde. Pour frapper nos imaginations, Jésus brossera un jour un tableau saisissant. Il s’identifiera aux affamés, aux prisonniers, aux malades. « J’ai eu faim, j’ai eu soif, j’étais nu, j’étais malade. » Heureusement, nous sommes nombreux à entendre cette Parole ; on ne compte plus ceux et celles qui donnent de leur vie, de leur temps pour se mettre au service des déshérités de la vie dans les ONG, au Secours Catholique, au CCFD Terre solidaire, dans les Conférences de Saint Vincent de Paul, dans les Resto du cœur, dans l’accueil des migrants. D’autres le font en donnant de l’argent aux œuvres caritatives afin de combler l’abîme. Et les chrétiens n’en ont pas le monopole. Tant d’hommes et de femmes, luttent pour un monde plus juste. Ils sont nombreux ceux qui ont compris que la vraie richesse, c’est l’homme.

Malgré les tragédies de ce monde, la vie pourrait devenir prodigieusement belle, si tous les hommes de bonne volonté décidaient d’être vraiment solidaires. Face « au grand abîme » de la misère et de la pauvreté, nous sommes tous appelés, fusse de manière modeste, à agir pour le combler et créer un monde de justice où toute personne est considérée comme une créature de Dieu à respecter et à aimer.

Père Jean Lucas

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Lazare et l’homme riche par Gustave Doré
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