Tout comprendre à « Traditionis Custodes », le nouveau motu proprio du pape François

https://fr.aleteia.org/2021/06/29/lhistoire-agitee-de-summorum-pontificum-le-motu-proprio-qui-a-liberalise-la-messe-en-latin/

Qu’est-ce qu’un motu proprio ?

Il s’agit d’un décret pris par le pape de sa propre initiative, en général pour régler une question pratique. Il se distingue des encycliques, des exhortations apostoliques ou des constitutions apostolique. Le style des textes pontificaux n’a pas d’influence sur leur autorité. Un motu proprio sur une question très pratique peut ainsi avoir une importance bien plus grande qu’une encyclique sur un thème très général. Traditionis Custodes, publié par le pape vendredi 16 juillet, en est un bon exemple.

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► L’abrogation de Summorum Pontificum, une inflexion inattendue

En donnant son motu proprio Traditionis Custodes ( « gardiens de la tradition, en latin), le pape François a surpris les milieux traditionalistes. Le texte pontifical estime que Summorum Pontificum, un motu proprio de Benoît XVI, promulgué en 2007 pour permettre d’exercer certains rites antérieurs à Vatican II, a été « exploité pour élargir les fossés, renforcer les divergences et encourager les désaccords qui blessent l’Église, bloquent son chemin et l’exposent au péril de la division ». L’objectif de l’unité a ainsi été « gravement négligé », selon le pape, qui souhaite donc restreindre les libertés permises par son prédécesseur.

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►Que dit exactement la nouvelle règle ?

La célébration de la messe selon l’ancienne forme du rite reste possible, mais les conditions de sa tenue deviennent drastiques. Ainsi, l’utilisation des livres préconciliaires est désormais soumise à la « compétence exclusive » d’autorisation par l’évêque du diocèse ; les lectures doivent se faire en langue vernaculaire et non en latin ; les messes doivent être célébrées hors « des églises paroissiales et sans ériger de nouvelles paroisses personnelles » ; les prêtres désirant célébrer selon l’ancien rite devront demander l’autorisation à l’évêque, et le Vatican sera directement consulté s’il s’agit de prêtres nouvellement ordonnés.

→ EN DÉTAIL. Motu proprio : que dit la nouvelle règle

► Comment Traditionis Custodes a-t-il été accueilli dans les milieux traditionalistes ?

Plus que la décision du pape en elle-même, ce sont ses motivations qui soulèvent le plus de questions dans les milieux traditionalistes. Le pape François estime que la célébration sous la forme tridentine a été « exploitée » pour « élargir les fossés » et « encourager les désaccords », ce que contestent des fidèles.

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« En France, nous avons plutôt l’impression que les relations étaient apaisées et ne correspondent pas du tout à la description qu’en fait le pape », déplore par exemple l’abbé Benoit Paul-Joseph, supérieur pour l’Hexagone de la Fraternité Saint-Pierre (FSSP), dont les prêtres célèbrent dans la forme tridentine.

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► Comment les évêques français réagissent-ils ?

La Conférence des évêques de France a publié un communiqué le 17 juillet dans lequel ils « souhaitent manifester aux aux fidèles célébrant habituellement selon le missel de Saint Jean XXIII et à leurs pasteurs, leur attention, l’estime qu’ils ont pour le zèle spirituel de ces fidèles », rappelant la bonne entente qui règne généralement au sein des diocèses avec les fidèles attachés à la messe en latin. Une tentative de rassurer les fidèles concernés.

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► Comment Traditionis Custodes pourrait-il affecter les diocèses ?

Pour les groupes traditionalistes, au nombre d’environ 250 et qui réunissent 60 000 fidèles, le motu proprio ne devrait pas changer la donne, d’autant qu’ils ont trouvé leur place dans le paysage ecclésial français.

→ ZOOM. Motu proprio : quelles conséquences pour les diocèses ?

Reste que l’un des principaux effets de cette décision est en tout cas de remettre l’évêque au centre de tout processus de décision. Si le motu proprio de 2007 promulgué par Benoît XVI pouvait être sujet à quelques interprétations subjectivistes de la part de certains prêtres, celles-ci ne seront plus possibles : en dehors des groupes constitués, l’évêque devra être informé de chaque célébration.

► « Archéologie d’une impasse liturgique » : le point de vue de Grégory Solari

Philosophe, chargé d’enseignement en théologie, directeur des éditions Ad Solem et blogueur pour La Croix, celui qui se présente comme un ancien membre de la génération Ecclesia Dei porte une analyse singulière sur la façon dont, dès son décret d’application, Summorum Pontificum fait naître un « malentendu ». Dans la « coexistence de deux formes » se nicherait « la concurrence sinon de deux Églises, du moins de deux représentations de l’Église ».

https://www.la-croix.com/Religion/Tout-comprendre-Traditionis-Custodes-nouveau-motu-proprio-donne-pape-Francois-2021-07-18-1201166807

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