Au cours de l’office du dimanche 26 juin 2016, le Père Gaètan Lucas, vicaire épiscopal, assisté du Père Jean Lucas, Recteur de la paroisse de l’île d’Arz, a béni l’orgue de Notre-Dame de la Nativité et prononcé une homélie sur la place de l’orgue dans la liturgie catholique.
Le Père Gaètan Lucas a remercié la chorale de l’église pour l’accompagnement musical, rappelant la parole de Saint Augustin : “Chanter, c’est prier deux fois”
Homélie du Père Gaétan Lucas
Dimanche 26 juin 2016 – 13ème D.O – Bénédiction de l’orgue restauré à l’Ile d’Arz
« Tous les peuples, battez des mains, acclamez Dieu par vos cris de joie. ».
Frères et sœur, chers amis, ce verset du psaume 46, qui est aussi l’antienne proposé au début de cette messe du 13ème dimanche du temps ordinaire, nous donne le ton –si je puis dire- à la célébration de ce jour et à l’évènement que nous célébrons ici, aujourd’hui.
Il fait écho aux psaumes de Louange et d’acclamation, tel le psaume 150 :
« Louez Dieu dans son temple saint…
Louez le en sonnant du cor,
Louez le sur le harpe et la cithare,
Louez le par les cordes et les flûtes,
Louez le par la danse et le tambour !
Louez le par les cymbales sonores,
Louez le par les cymbales triomphantes !
Et que tout être vivant
Chante Louange au seigneur ! » Ps.150
La musique sacrée est d’une grande importance dans la célébration chrétienne ; Dans l’église latine, l’orgue est particulièrement en honneur dans le dispositif liturgique. Cet orgue accompagne les chants lors des célébrations liturgiques tout au long de l’année. Par ses divers jeux et le rythme qu’il donne, il fait monter vers le ciel l’acclamation du peuple Ildarais qui chante ici la Gloire de Dieu et les Louanges de la Vierge Marie et des Saints. Comme l’exprime le rituel de bénédiction, « L’art musical au service du culte a pour premier but de rendre gloire à Dieu et de sanctifier les hommes »
Dans notre société contemporaine beaucoup sont devenus ignorants de l’Evangile. L’Eglise est chargée d’indiquer à tous le chemin du Christ. Aux hommes et aux femmes qui ont perdu le chemin de Dieu, l’Eglise a pour mission de rappeler la voie de l’Evangile. Elle le fait à temps et à contre temps, en témoignant de la Bonne Nouvelle, en célébrant les sacrements et en s’engageant au service de l’épanouissement de la personne humaine. L’Eglise proclame et même chante la Parole de Dieu pour que celle-ci fasse corps avec la vie de chacun, pour que L’Evangile devienne chant et musique dans la vie de chacun et de tous.
Il se trouve qu’aujourd’hui, dans notre société actuelle, l’expérience du beau redevient l’une des voies d’annonce de l’amour de Dieu aux hommes : On s’émerveille devant une belle cathédrale ou une belle église, comme celle dans laquelle nous nous trouvons ce matin, nous nous émerveillons devant un tableau représentant une scène de l’évangile, nous nous émerveillons en écoutant une pièce musicale : une passion de St Matthieu ou un Ave Maria de Schubert… L’expérience artistique peut ouvrir dans le coeur de l’homme qui la reçoit une respiration qui l’ouvre à l’immensité de Dieu. C’est pourquoi l’Eglise a, si souvent dans l’histoire, favorisé l’expression des arts. La musique spirituelle y trouve une grande place tant elle participe à élever les âmes vers Dieu.
On peut donc dire : Aujourd’hui la beauté des images s’associe avec l’harmonie des sons pour la gloire de Dieu et le salut de l’homme.
Frères et soeurs, ce matin au commencement de l’eucharistie, nous avons béni l’orgue de notre église. Bien plus qu’un simple instrument de musique, l’orgue dans l’église est un acteur de la liturgie. Il impulse le souffle, il chante, il fait résonner la prière et la louange de Dieu, il porte à l’inspiration. L’orgue est un instrument de l’Esprit. Quand nous chantons avec l’orgue, quand nous écoutons la musique sacrée, nous ouvrons nos coeurs au souffle de Dieu. ” Chanter, c’est prier deux fois ” disait Saint Augustin.
Rendons grâce pour cet instrument qui nous permet de nous mettre sans cesse en marche à la suite du Christ, pour que chacun de nos pas avec le Christ, soit à l’image de chaque note de musique qui, les unes à la suite des autres, donne l’harmonie et le rythme sur le chemin de notre vie.
Nous venons d’entre dans l’évangile de ce jour qu’il n’est jamais facile de se mettre à la suite du Christ. Sur la route qui monte à Jérusalem, l’appel à suivre Jésus semble se faire encore plus exigeant : « Le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer la tête ». Vivre et annoncer l’Evangile n’est jamais de tout repos. Et pourtant, il ne manque pas d’hommes et de femmes qui osent se mettre à sa suite et engagent toute leur vie pour le servir. Dimanche dernier, dans notre diocèse, nous avons pu accueillir 7 nouveaux prêtres, qui ont accepté de prendre la route à l’appel du Christ « suis-moi »…Il nous faut prier pour eux, comme pour tous ceux qui depuis des années sont à notre service…Que chacun de nous entendent l’appel à se mettre en route dans sa vie et en nous laissant conduire par l’Esprit.
Le Dieu des miséricordes est celui qui a prit visage d’homme en Jésus Christ et c’est ce que nous voulons chanter sur tous les tons et dans toutes gammes.
Saint Paul lui-même invitait les Colossiens (col 3,12-17) : « chantez à Dieu dans vos cœurs votre reconnaissance » non seulement par des psaumes, des hymnes et de libres louanges, mais encore par toute sa vie, par sa façon d’agir et de se comporter avec les autres : En choisissant le chemin de la tendresse, de la bonté, de l’humilité, de la douceur et de la patience. En se supportant mutuellement et en pardonnant…En un mot, en agissant comme le Seigneur. « Tout ce que vous dites, tout ce que vous faites, que ce soit toujours au nom du Seigneur. »
Frères et soeurs, en ce dimanche, jour du Seigneur, que notre prière nous convertisse à l’Evangile dans le souffle de l’Esprit Saint. Que, par la grâce des chants et de sa musique, notre Eglise ouvre dans les cœurs de tous les hommes la porte de la maison de Dieu pour que nous chantions ensemble, avec tous anges et tous les saints, avec les vivants de la terre et du ciel, sans fin, la louange de sa gloire. Amen.
