Covid-19 : il faudra bientôt « trier les patients » dans les hôpitaux, alertent des médecins de l’AP-HP

Des cadres de l’AP-HP (Assistance publique -hôpitaux de Paris) ont prévenu, ce dimanche, qu’ils allaient devoir trier les patients, dans une tribune parue dans Le Journal du Dimanche.

Une quarantaine de directeurs médicaux de crise de l’AP-HP disent se préparer à devoir « faire un tri des patients » pour faire face à la troisième vague de covid-19 qui submerge la région parisienne, une perspective que neuf médecins réanimateurs appellent l’exécutif à assumer « publiquement ». « Nous ne pouvons rester silencieux sans trahir le serment d’Hippocrate que nous avons fait un jour », écrivent avec gravité ces médecins qui gèrent l’urgence dans les Hôpitaux de Paris, dans une tribune publiée par le Journal du Dimanche.

« Médecine de catastrophe »

« Dans les quinze prochains jours », estiment-ils, « nous avons une quasi-certitude sur le nombre de lits de soins critiques qui seront nécessaires, et nous savons d’ores et déjà que nos capacités de prise en charge seront dépassées au terme de cette période ». « Dans cette situation de médecine de catastrophe où il y aura une discordance flagrante entre les besoins et les ressources disponibles, nous serons contraints de faire un tri des patients afin de sauver le plus de vies possible », ajoutent les 41 signataires, au premier rang desquels figure le Pr Bruno Riou, directeur médical de crise de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris.

« Ce tri concernera tous les patients, covid et non-covid, en particulier pour l’accès des patients adultes aux soins critiques », poursuivent-ils en indiquant n’avoir « jamais connu une telle situation, même pendant les pires attentats subis ces dernières années ».

« Pertes de chances et non-accès aux soins »

Certes, « le tri des patients a déjà commencé puisque des déprogrammations médicales et chirurgicales importantes nous ont déjà été imposées et que nous savons pertinemment que celles-ci sont associées à des pertes de chances et des non-accès aux soins pour certains patients ». Mais « ces déprogrammations vont devoir s’intensifier dans les jours qui viennent, n’épargnant bientôt plus que les urgences vitales », ajoutent-ils.

« La situation actuelle tend vers une priorisation, autrement appelée + tri +, qui consiste, lorsqu’il ne reste qu’un seul lit de réanimation disponible mais que deux patients peuvent en bénéficier, à décider lequel sera admis », appuie, dimanche, dans Le Monde un collectif de neuf médecins réanimateurs de l’AP-HP.

« Absence de transparence sur ses conséquences »

« En imposant aux soignants de décider quel patient doit vivre et quel patient doit mourir, sans l’afficher clairement, le gouvernement se déresponsabilise de façon hypocrite. Il est temps que l’exécutif assume clairement et publiquement les conséquences sanitaires de ses décisions politiques », poursuit le collectif, qui redoute les erreurs que cela provoquera chez les soignants et les « séquelles physiques » qui s’ensuivront.

« Ce n’est pas tant la stratégie de réponse sanitaire qui est en cause. Ce qui est en cause, c’est l’absence de transparence sur ses conséquences », regrettent encore ces médecins.

L’agence régionale de santé (ARS) a demandé aux hôpitaux d’Île-de-France « d’anticiper une montée en charge du nombre de lits » de soins critiques avec un objectif de 2 200 lits disponibles pour accueillir les malades de la covid-19.

Un premier palier à 1 800 lits doit être franchi dans quelques jours.

https://www.letelegramme.fr/france/covid-19-les-patients-tries-28-03-2021-12726326.php

https://www.lepoint.fr/politique/covid-19-nouveau-tour-de-vis-en-perspective-macron-toujours-indecis-28-03-2021-2419695_20.php

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