« Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? »

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Baptistère de Saint-Jean à Florence

              Dimanche 11 décembre

Troisième dimanche de l’avent

Jean le Baptiste, dans sa prison, avait appris ce que faisait Jésus. Il lui envoya demander par ses disciples : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre. » Jésus lui répondit : « Allez rapporter à Jean ce que vous entendez et voyez : Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres. Heureux celui qui ne tombera pas à cause de moi ! » Tandis que les envoyés de Jean se retiraient, Jésus se mit à dire aux foules à propos de Jean : « Qu’êtes-vous allés voir au désert ? un roseau agité par le vent ?…Alors qu’êtes- vous allés voir ? un homme aux vêtements luxueux ? Mais ceux qui portent de tels vêtements vivent dans les palais des rois. Qu’êtes-vous donc allés voir ? un prophète ? Oui, je vous le dis, et bien plus qu’un prophète. C’est de lui qu’il est écrit : Voici que j’envoie mon messager en avant de toi, pour qu’il prépare le chemin devant toi. Amen, je vous le dis : Parmi les hommes, il n’en a pas existé de plus grand que Jean Baptiste ; et cependant le plus petit dzns le Royaume des cieux est plus grand que lui.

                                  « Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? »

Qui n’a pas entendu cette réflexion, qui ressemble à une accusation : «  Qu’est-ce que Dieu fait dans tout cela. » C’est la réflexion de malheureux accablés par l’épreuve. C’est la réflexion de gens scandalisés par les injustices évidentes dans le monde. Pourquoi les souffrances des innocents ? Pourquoi ces hommes, ces femmes, ces enfants, innocents,  tués ou estropiés parce qu’ils habitent  Mossoul ou  Alep ? Pourquoi toutes ces victimes de mines ou de voitures conduites par des kamikazes en Syrie et en Irak ? Cette question, qui ne l’a pas entendue par des personnes regrettant sincèrement que Dieu ne vienne pas pour punir avec vigueur les auteurs de ces crimes qui sèment la terreur ?

Elle n’est pas nouvelle, cette question. Jean Baptiste, dans sa prison ne reconnaissait pas le Messie que lui-même avait annoncé. Au lieu d’un prophète qui parle avec force, condamne et menace à la manière de Jérémie, Jésus parle avec douceur, fréquente et vient en aide aux publicains et aux pécheurs. Celui dont il n’est pas digne de délier la courroie de ses sandales ne prend pas dans sa main la pelle à vanner pour nettoyer son aire comme l’avait annoncé Jean Baptiste. De toute évidence, Jésus n’est pas le juge redoutable qui commande au feu du ciel de descendre sur les méchants ; il n’est pas le Messie puissant qui manifeste la gloire de Dieu dans un grand bouleversement de l’univers.

Jean Baptiste, dans sa prison a des doutes : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nos en attendre un autre ? »

« Allez rapporter à Jean ce que vous entendez et voyez : Les aveugles voient, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres. »

Dieu, pour venir dans le monde, a choisi la voie discrète de l’incarnation plutôt que celle de la manifestation de sa puissance. IL s’est fait homme parmi les hommes pour transformer le monde de l’intérieur et non de l’extérieur.

« Qu’est-ce qu’il fait Dieu dans tout cela ? » Il ne fait rien d’extraordinaire ; il ne dévie pas la balle du tireur fou, il ne détourne pas l’avion du terroriste fanatique, il ne tient pas dans ses mains le rocher qui va tomber pas plus que la corde à tourner le vent. Il n’arrête pas les cataclysmes comme les tremblements de terre ou les tsunamis. Les signes de sa présence dans notre monde d’aujourd’hui sont les mêmes que ceux d’autrefois, ceux qu’il a donnés à Jean Baptiste : « Les aveugles voient, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres. »

Les signes de la présence de Jésus, ils se réalisent lorsque des hommes, des femmes mettent en pratique ses paroles : « J’ai eu faim… J’étais un étranger… J’étais en prison… j’étais malade…  vous m’avez ….»

« J’ai eu faim » Voici quelques jours des hommes, des femmes recevaient, à la porte des grandes surfaces, des produits alimentaires pour permettre aux Restos du Cœur de secourir les personnes dans le besoin. Que d’associations caritatives viennent au secours des pauvres, des handicapés à travers le monde, des personnes dans le besoin : le Secours catholique, le secours populaire, le CCFD, les médecins du monde et tant d’autres. Ils ne peuvent agir que grâce à notre générosité

« J’étais un étranger. » La aussi, il faut rendre témoignage à ceux et celles qui se mobilisent pour accueillir les étrangers qui fuient leur pays en guerre, abandonnant tous leurs biens et risquant leur vie sur le chemin de l’exil.

« J’étais en prison », prisonnier de la drogue, du sida ou tout simplement de passions incontrôlées. Là aussi des personnes se préoccupent de leur santé physique ou morale.

« J’étais malade ». Dans les hôpitaux et  les maisons de retraite, des visiteurs de malades passent du temps à écouter, consoler, apporter un peu de joie et de réconfort. Ainsi, chaque vendredi, je vais, à la maison de retraite l’Orpéa célébrer l’Eucharistie pour une trentaine de pensionnaires. La messe est préparée et animée par un certain nombre de personnes de la paroisse.

Où est Jésus aujourd’hui. Que fait-il dans tout cela ? Il est là exactement où nous sommes, et il fait ce qu’il faisait autrefois. En agissant en nous et par nous, il dit toujours : « Les aveugles voient, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres. »

Alors que faisons-nous pour que le Christ soit à l’œuvre aujourd’hui dans notre monde où il y tant de misères et tant d’attentes de joie, de paix, de secours et de générosité ?

Père  Jean Lucas

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St Jean en prison – Flabellum de Londres
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