Mammon

Mammon, par William Thomas Horton, 1898

DIMANCHE 26 FEVRIER

Evangile selon Saint Matthieu : 6, 24-34

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Nul ne peut servir deux maîtres : ou bien il haïra l’un et aimera l’autre, ou bien il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et l’Argent. C’est pourquoi, je vous dis : Ne vous souciez pas, pour votre vie, de ce que vous mangerez, ni, pour votre corps, de quoi vous le vêtirez. La vie ne vaut-elle pas plus que la nourriture, et le corps plus que les vêtements ? »

« Regardez les oiseaux du ciel : ils ne font ni semailles ni moisson, ils n’amassent pas dans des greniers, et votre Père céleste les nourrit. Vous-mêmes ne valez-vous pas beaucoup plus qu’eux ? Qui d’entre vous, en se faisant du souci, peut ajouter une coudée à la longueur de sa vie ? Et au sujet des vêtements, pourquoi se faire tant de souci ? Observez comment poussent les lis des champs ; ils ne travaillent pas, ils ne filent pas. Or, je vous dis que Salomon lui-même, dans toute sa gloire, n’était pas habillé comme l’un d’entre eux. Si Dieu donne un tel vêtement à l’herbe des champs, qui est là aujourd’hui, et qui demain sera jeté au feu, ne fera-t-il pas bien davantage pour vous, hommes de peu de foi ? »

« Ne vous faîtes donc pas tant de souci ; ne dites pas : « Qu’allons-nous manger ? » ou bien « Qu’allons-nous boire ? » ou encore : « Avec quoi nous habiller ? » Tout cela les païens le recherchent. Mais votre Père céleste sait que vous en avez besoin.

« Cherchez d’abord le Royaume de Dieu et sa justice, et tout cela vous sera donné par surcroît. Ne vous faites pas de souci pour demain : demain aura souci de lui-même ; à chaque jour sa peine. »

« Ne vous faites pas tant de souci….. Ayez confiance en votre Père ….

Depuis quelque dimanche nous lisons le discours de Jésus sur la montagne où nous découvrons toute la nouveauté qu’apporte Jésus. Dimanche dernier il nous demandait d’aimer nos ennemis et voilà qu’aujourd’hui il nous demande de choisir entre deux maîtres : Dieu ou l’Argent.

Ecoutons le pape François : «  Au centre de l’économie mondiale, il y a le dieu argent et non la personne, homme et femme. C’est le premier terrorisme qui s’attaque à la merveille de la création. »

Mais comment accueillir ces mots prononcés quatre fois dans l’Evangile de ce jour : « Ne vous faites pas tant de souci » N’est-ce pas indécent vis-à-vis des plus démunis de notre société, qui vivent en grande précarité ?

Allons dire cela à celui qui ne trouve pas de travail, n’a pas de logement, ne peut plus nourrir sa famille, se soigner ou prendre des loisirs, à celui qui est obligé de quitter son pays en guerre ? Il va nous prendre pour des illuminés, vivant en dehors de la réalité quotidienne. Si nous lui disons en plus que Jésus l’invite à vivre à la manière des oiseaux du ciel qui ne sèment ni ne moissonnent ?

Une mauvaise compréhension de la pensée de Jésus serait vraiment une insulte aux pauvres et aux déshérités de ce monde. Pourtant les premières phrases de cet évangile nous livrent peut-être la clé : « Vous ne pouvez servir Dieu et l’Argent. »

Il est normal et même nécessaire que nous possédions de l’argent, des biens. Mais ce qui est anormal c’est d’en être possédés. C’est notre relation à l’argent qui est mise en cause par Jésus.

C’est une mise en garde d’une actualité brûlante dans un monde de plus en plus régi par la finance. Certains spéculent de façon délirante, d’autres cherchent à faire fortune en fraudant, ou en exerçant des activités corrompues. Nous vivons dans un monde qui ne parle que de croissance, qu’il faut poursuivre sans cesse comme un but sacré, sous peine d’hérésie selon les règles de la société marchande… alors que le Seigneur Jésus nous attend d’abord dans le partage, la gratuité, la fraternité, le service gratuit…

Cet évangile se termine par l’exhortation de Jésus. « Cherchez d’abord le Royaume de Dieu et sa justice et tout vous sera donné par surcroît »

Ecoutez la réaction d’un paysan Brésilien à l’écoute de cet évangile : « Ces mots de l’Evangile sont les plus vrais pour nous aujourd’hui. Si nous nous étions préoccupés de ce que nous allons manger et boire demain, nous serions déjà en train de nous battre, de nous voler les uns les autres le peu qui nous reste. Mais parce que nous avons décidé de tout partager jusqu’à la fin, nous sommes toujours en vie malgré la terrible sécheresse. »

Le mot important dans la phase de Jésus est le mot «d’abord ». Il nous permet de nous demander ce qui est le plus important dans notre vie. Dans son exhortation « La joie de l’Evangile » le pape François a des paroles très fortes : « L’argent doit servir et non pas gouverner ! Le pape aime tout le monde, mais il a le devoir, au nom du Christ, de rappeler que les riches doivent aider les pauvres, les respecter, les promouvoir. Je vous exhorte à la solidarité désintéressée et à un retour de l’économie et de la finance au service de l’être humain. »

Certains pourraient dire devant le désarroi de notre société : « Le Seigneur m’a abandonné, le Seigneur m’a oublié », comme l’a dit Isaïe, dans la première lecture. Mais il ajoute : « Est-ce qu’une mère peut abandonner son petit enfant ? Même si elle l’oubliait, moi, dit le Seigneur, je ne t’oublierai pas. » Eh bien, c’est exactement ce que Dieu nous dit ce matin. N’est-il pas un père, une mère pour chacun de nous.

D’après certaines sources.

Père Jean Lucas

Le Culte de Mammon, Evelyn De Morgan, vers 1909

Le titre Mammon est de La Vitrine de l’île d’Arz

Mammon, dans le Nouveau Testament de la Bible, est la richesse matérielle ou l’avarice, souvent personnifiée en divinité, et parfois incluse dans les sept princes de l’Enfer.

« Aucun homme ne peut servir deux maîtres : car toujours il haïra l’un et aimera l’autre. On ne peut servir à la fois Dieu et Mammon (Matthieu 6:24). »

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