« Il se fit reconnaître par eux à la fraction du pain. »

Pèlerins d’Emmaüs – Rembrandt – Jacquemard André

Dimanche 30 Avril

Évangile de saint Luc  (Chapitre 24, versets 13 à 35)

« Il se fit reconnaître par eux à la fraction du pain. »
Pèlerins d’Emmaüs – Rembrandt

Nous pouvons facilement nous reconnaître dans ces deux disciples marchant sur la route d’Emmaüs, déçus par les événements. Nous n’avons pas vécu la mort du prophète en qui nous mettions toute notre confiance, mais que de déceptions, de frustrations, ne traînons-nous pas sur la route de notre vie.

Chacun de nous, en parcourant sa vie peut en faire le constat. Notre vie a été souvent faite de rêves qui ne se sont jamais réalisés et nous avons vécu des situations pénibles que nous n’avions pas prévues.

Chacun de nous peut penser aux épreuves et aux difficultés de sa vie et aurait peut-être envie de dire à Jésus comme les disciples d’Emmaüs :

« Tu es bien le seul à ignorer les évènements de ces jours-ci. »

« Vous n’avez donc pas compris. Comme votre cœur est lent à croire » répondrait Jésus.

Tous les textes que nous lisons les dimanches qui suivent Pâques, nous disent, nous montrent, nous prouvent, que Jésus est ressuscité. Il est ressuscité, mais cela ne veut pas dire qu’il est revenu vivant comme avant, de la même manière. Il est assez significatif que les disciples aient de la difficulté à le reconnaître.

Il est revenu vivant d’une autre manière pour être près de nous. Libéré des conditions corporelles, spatiales et temporelles, il ne vit pas à côté de nous mais en nous, là exactement où nous sommes. C’est cela qu’il a promis lorsqu’il a dit : « Je vous enverrai mon Esprit. »

N’avons-nous pas un comportement semblable à celui des disciples d’Emmaüs ? Nous pensons avoir perdu Jésus alors qu’il marche avec nous. Nous le cherchons dans l’extraordinaire, alors qu’il vit dans l’ordinaire avec nous.

Regardons bien ces disciples d’Emmaüs. Avec eux, Jésus n’a pas recommencé le temps, il n’a pas réparé le désastre de sa mort, il n’a pas libéré Israël de l’occupant romain. Il a marché avec eux, il leur a expliqué les écritures, il a ouvert leur cœur. « Notre cœur n’était-il pas brûlant, tandis qu’il nous parlait ? » Assis à leur table, il a partagé le pain, il les a nourri de lui, il leur a donné son Esprit et sa force pour qu’ils continuent leur route. Il agit de la même manière avec nous. « Jésus n’est pas venu supprimer la souffrance, ni l’expliquer, il l’a remplie de sa présence. » a écrit Paul Claudel.

Qu’est-ce que cela change, la résurrection du Christ ? Cela change tout. Nous gardons notre maladie, notre vieillesse, notre chagrin, notre déception, mais nous ne sommes pas seuls pour les vivre. Nous avons un partenaire. Jésus marche avec nous. Si nous sommes attentifs à sa présence sur la route de notre vie, si nous lui donnons du temps pour nous expliquer les écritures, si nous partageons le pain avec lui, nous dirons aussi : « Notre cœur n’était-t-il pas brûlant, tandis qu’il nous parlait ? »

Enfin remarquons qu’après le repas, Jésus est disparu et les disciples sont allés annoncer la Bonne Nouvelle. Il n’avait plus besoin d’être physiquement visible, il l’était par ses deux disciples. Aujourd’hui, c’est nous qui manifestons sa présence.

Père Jean Lucas

Pèlerins d’Emmaüs – Rembrandt
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