Altercation à l’île d’Arz. Un an de prison ferme au plaisancier

VANNES (56) : palais de justice tribunal

Un plaisancier a été condamné par le tribunal correctionnel de Vannes à 12 mois de prison pour des violences commises sur la cale de Mounien à l’île d’Arz. Parmi les victimes, un adjoint au maire…

« Il n’a pas voulu se faire un maire. Mais une fois qu’il était informé de sa qualité, cela ne l’a pas dérangé de s’en prendre à un maire »… Tout en jugeant « inacceptable » un tel comportement, Alexis Mihman, vice-procureur, a tenu à décorréler du contexte national les violences dont a été victime un adjoint au maire de l’île d’Arz. Les faits se sont déroulés dimanche, à la cale du Mounien et ils n’ont pas tardé à faire le tour de « l’île aux capitaines ». Vers 14 h, un couple, à bord d’un hors-bord, y accoste malgré le panneau d’interdiction. Ignorant les remarques de deux retraités, ils vont faire des courses et boire un verre.

Nez cassé !

Deux heures plus tard, ils sont de retour à la cale et l’affaire tourne au vinaigre : le ton monte entre le couple de plaisanciers et un petit groupe dans lequel se trouve, Jacques Poidvin, maire-adjoint. Une chose est certaine : des coups sont échangés puisque l’une des parties civiles a le nez cassé comme l’atteste son pansement lors de l’audience mardi, au tribunal correctionnel de Vannes. Bousculade, il y a eu ; gifle, probablement, mots d’oiseaux sans doute, altercation de toute évidence. Mais, comme toujours dans ce type d’affaire, les versions divergent. Le plaisancier soutient qu’il a été rejoint dans la cabine de son bateau, où il s’était réfugié et qu’il a mordu à la main l’homme qui lui faisait une prise d’étranglement pour le contenir… Une autre version indique que les deux hommes seraient tombés de la cale sur le bateau. Le plaisancier en sort avec des plaies superficielles et une douleur à l’épaule. Quant au maire-adjoint, avec un œdème à la joue, il n’en sort pas indemne non plus.

« Un sentiment de toute-puissance »

« La mer est un domaine particulier. Il y a un sentiment, quand on est sur l’eau, de toute puissance », dit Alexis Mihman en entamant son réquisitoire. Le vice-procureur a mis l’accent sur le contexte d’alcoolisation et les faits de violences qui jalonnent le casier judiciaire de Sébastien Lorin, 37 ans, auto-entrepreneur dans la réparation de bateaux. Un casier lourd de treize condamnations, dont la dernière en septembre 2018 est assortie du port d’un bracelet électronique, aménagement de peine déplacé de quelques mois à la demande du prévenu. Alexis Mihman voit dans le tempérament du prévenu une « violence sous-jacente ». Il rejette la légitime défense faute de riposte « proportionnée » et voit une cohérence sur le déroulement des violences, malgré la divergence sur la chronologie des faits… Avant de requérir 18 mois de prison avec mandat de dépôt, l’interdiction de paraître sur l’île d’Arz pendant deux ans et la privation des droits civiques et civils pendant deux ans.

« Un peu l’homme à abattre… »

Maître Georges Benabes, avocat de la défense, a plaidé la relaxe après avoir souligné l’absence de témoins objectifs et les « discordances » des témoignages. Évoquant le contexte de l’île, il s’interroge : « Sébastien Lorin est un peu l’homme à abattre. Il y a des groupes qui se constituent sur l’île. Si je reprends les témoignages des sept personnes, toutes sont liées par une communauté d’intérêts ». Pour l’avocate des parties civiles, on n’est pas sur une rixe mais sur une « montée en puissance de la violence » du prévenu.

Le tribunal a condamné Sébastien Lorin à 12 mois de prison avec mandat de dépôt, interdiction de se présenter sur l’île d’Arz pendant deux ans mais n’a pas retenu l’état d’ivresse manifeste.


© Le Télégramme

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