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L’apparition de Jésus au bord du lac

La pêche miraculeuse – Raphaël

DIMANCHE 10 AVRIL.

L’apparition de Jésus au bord du lac

Evangile selon saint Jean. CH : V 1-19

C’est la troisième fois que Jésus vient au-devant de ses disciples après sa mort sur la Croix. L’Evangile utilise deux images pour nous faire comprendre la réalité de cette rencontre étonnante. La première image est celle du passage de la nuit au jour. La rencontre se passe au lever du jour, quand la nuit fait place peu à peu à la lumière. Les Apôtres ont pêché toute la nuit sans rien prendre. La nuit est le temps de l’échec. Nous avons tous fait l’expérience de ces efforts qui ne servent à rien. C’est la nuit parce que l’on est dans la tristesse, la fatigue, le découragement. Mais voilà qu’au matin un inconnu appelle. Jésus est sorti de cette nuit, la nuit de la Passion, de sa condamnation à la mort de la Croix. Jésus est sorti de cette nuit, mais les disciples ne le reconnaissent pas encore. Il les invite à jeter une fois encore leur filet, alors qu’ils n’avaient rien pêché durant la nuit. Cette parole de Jésus fait renaître en eux la confiance. Elle donne du courage pour recommencer une fois encore et le miracle se produit : leurs filets sont remplis de poissons au point de craquer. Jésus nous rejoint ainsi en toute parole d’encouragement, en toute parole qui réveille la confiance.

Tout devient alors possible au-delà de ce que nous espérions. Jésus est vivant et avec lui notre vie sur terre est possible. Nous avons facilement le sentiment d’être responsable de nos échecs, mais lorsque vient la réussite, alors elle nous apparaît comme un véritable miracle, comme quelque chose qui ne vient pas de nous et qui nous est donné. Le Christ lui-même a reçu sa vie de Dieu son Père comme un don inespéré après son échec et sa mort sur la Croix. C’est pourquoi il peut nous découvrir que la vie est un cadeau de Dieu.

La deuxième image de ce récit est celle non pas du passage de la nuit au jour, mais de la mer à la terre. Les disciples sont sur la mer et Jésus est sur la terre. La mer représente un lieu difficile et parfois dangereux. Lorsque nous disons qu’il nous faut ramer, nous exprimons combien la vie est difficile. La mer représente la vie dans sa dimension d’effort, de combat, de travail. C’est d’autant plus difficile que parfois on se fatigue pour rien. Il arrive que l’on travaille toute une nuit sans obtenir de résultats : l’expression « ramer » dit bien cette difficulté de notre vie. Face à la mer sur laquelle les disciples se trouvent, épuisés par une nuit d’efforts inutiles, il y a le rivage. Jésus se trouve sur terre en sécurité. Il est sur le lieu de sa victoire sur la mort. En fait, cette terre représente déjà le ciel, car Jésus ressuscité appartient au ciel. Notre vie sans Dieu est comme uns vie en pleine mer alors que la terre apparaît comme le lieu de la vie avec Jésus, un commencement du ciel. Parce qu’ils croient en sa Parole, les disciples peuvent rejoindre Jésus sur la terre ferme.

Chers amis, lorsque nous cherchons à nous imaginer ce que sera notre rencontre avec Dieu après la mort, nous pensons quelque chose de grandiose qui nous fait peut-être un peu peur. Nous serons totalement surpris, déroutés par cette rencontre, parce que cela sera tout simple comme est simple l’amour véritable. Comme pour les disciples de Jésus, un feu de bois, quelques poissons grillés et du pain suffiront à Dieu pour nous dire son amour, cette vie qu’il nous donne totalement en son Fils bien-aimé. Tout l’amour de Dieu est dans ce repas que Jésus nous offre au lever de ce jour nouveau. Il a préparé lui-même un peu de pain, quelques poissons, un feu d braise. C’est son corps livré au feu de l’amour sur la Croix et donné en nourriture pour que nous vivions pour toujours avec lui. Cette nourriture du ciel nous est offerte en cette messe pour rencontrer le Christ vivant avec Dieu. Déjà, ce repas partagé, préparé par Jésus, nous donne de comprendre que Dieu est tout proche, profondément humain. Son amour touche notre cœur par les gestes les plus simples, du pain et du vin partagés. En Jésus, son Fils, sa vie divine s’est faite pour nous infiniment humaine.

Père Lucas

La pêche miraculeuse – Duccio
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Dimanche de la Miséricorde – 3 avril 2016

St Thomas – Caravage

Dimanche 3 Avril

Dimanche de la Miséricorde

Thomas l’incrédule

La foi est le leit-motiv de ce dimanche.

Donner sa foi… à quelqu’un est un langage d’alliance par amour. Parce que je t’aime et surtout parce que je sais que tu m’aimes, j’ai confiance dans l’avenir. C’est ce que se disent deux fiancés qui veulent vivre ensemble. C’est le langage du Cantique des Cantiques, qu’on lit dans la bible, où le jeune homme amoureux cherche et trouve celle qu’il aime comme Dieu qui cherche inlassablement notre âme. C’est le langage du Dieu de la bible qui sans cesse veut faire alliance avec les hommes.

C’est le langage du croyant qui répond comme Saint Thomas : « Mon Seigneur et mon Dieu ! Ou comme le psalmiste : J’ai confiance en toi, avec toi j’irai jusqu’au bout du monde. Avec toi je n’aurai peur de rien. Si j’ai à traverser les ravins de la nuit, ton amour me donnera le courage et la force, je ne craindrai aucun mal. » Tant que je serai aimé par toi, et je sais que tu m’aimeras toujours, je serai empli d’espoir, de projets et de vie.

Avoir la foi, donner sa foi à Dieu, fonder sa vie sur Dieu, c’est le langage d’alliance et d’amour et non d’asservissement et de crainte. Je deviens et je reste croyant dans la mesure où je suis certain d’être aimé de Dieu, d’être rejoint par le désir de Dieu, d’être vivifié par la puissance de Dieu.

François Varone dans « Ce Dieu absent qui fait problème » assure : « Dans quelle que religion que ce soit, l’homme devient et reste croyant dans la mesure où il se perçoit aimé de Dieu (…) dans la mesure où il cesse de percevoir Dieu comme une puissance menaçante à apaiser ou indifférente à émouvoir. ( Pour nous chrétiens) il ne s’agit pas seulement de croire que Dieu a ressuscité Jésus, il s’agit de se croire bénéficiaire de cette même puissance de vie. »

Je deviens croyant quand j’ai foi dans l’amour de Dieu pour moi… comme tout à l’heure cette femme, cet hommes amoureux l’un de l’autre avaient suffisamment foi l’un en l’autre pour faire alliance, et c’est même pour cela que la bague qu’ils portent au doigt s’appelle justement une alliance.

La question m’est posée : « En quel Dieu est-ce-que je crois ? Quelle idée est-ce que je me fais de Dieu ? Pour qui est-ce que je le prends ? Est-ce que j’ai peur de lui ? Est-ce que je pense qu’il peut m’être un jour utile et donc que je le considère comme utilisable dans certaines circonstances, profitant de son amour sans réponse de ma part autre qu’intéressée, comme de client à fournisseur ?

Ou comme Saint Thomas, est-il « Mon Seigneur et mon Dieu » que j’aime parce qu’Il m’aime malgré mes infidélités, voire mes reniements ? En amour, le plus important n’est pas de pouvoir dire « Je t’aime » mais bien plutôt d’être habité par une certitude fondatrice : « Je sais que Tu m’aimes. » Moi, j’ai pu cesser d’avoir confiance en Toi parce que je te croyais absent de ma vie – comme saint Thomas absent lors de la première apparition aux Apôtres- Toi, tu n’as cessé de croire en moi et de me faire confiance . Bien mieux, même quand je doute, quand j’ai honte de moi, toi, tu continues de m’aimer et de me faire confiance.

Eternel est ton amour, même quand nous te défigurons, comme le dit si bien Stan Rougier :

Seigneur on te soupçonne de manipuler les hommes

Par la contrainte et la peur de l’enfer.

Tu ne les attires que par amour.

On te soupçonne d’avoir des complicités avec la mort des êtres chers :

Tu n’as de connivence qu’avec leur vie.

Nous te disons mesquin et fouineur de conscience,

Nos médiocrités ne mobilisent que ta tendresse

Nous te disons rancunier :

Tu pardonnes comme nous respirons

Nous te disons figé comme un monarque :

Tu es ardent comme un berger.

Nous te croyons initiateur de l’inquisition

Tu en es la victime.

Nous prétendons que Tu es « quelque chose au- dessus de nous »

Tu es quelqu’un au-dedans de nous.

Nous te cherchons chez les justes :

Tu loges chez les pécheurs.

Nous te cherchons tenant dans la main la foudre et le fléau :

Tu joues une sardane avec « un roseau froissé ».

Nous te cherchons dans un cimetière :

Tu accompagnes sur le chemin deux voyageurs égarés.

Nous voulons te cerner dans le filet des mots :

Tu Te poses sur le sourire des enfants.

Ce Dieu d’amour et de miséricorde, c’est celui de notre pape François. Qu’il soit également le nôtre.

Père Lucas

Saint Thomas – Rembrandt

Saint Thomas – Le Guerchin

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