« Peuple de Dieu qui rêve de justice. »

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Raphaël

Dimanche 4 Décembre

Deuxième dimanche de l’Avent

En ces jours-là, parut Jean Baptiste, qui proclame dans le désert de Judée : « Convertissez-vous, car le Royaume des Cieux est tout proche ». Jean est celui que désignait la parole prononcée par le prophète Isaïe : « Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers. »

Lui, Jean, portait un vêtement de poils de chameau, et une ceinture de cuir autour des reins ; il avait pour nourriture des sauterelles et du miel sauvage ?

Alors Jérusalem, toute la Judée et toute la région du Jourdain se rendaient auprès de lui, et ils étaient baptisés par lui dans le Jourdain en reconnaissant leurs péchés. Voyant beaucoup de pharisiens et de sadducéens se présenter à son baptême, il leur dit :

« Engeance de vipères ! Qui vous a appris à fuir la colère qui vient ? Produisez donc un fruit digne de la conversion. N’allez pas dire en vous-mêmes : « Nous avons Abraham pour père » ; car, je vous le dis : des pierres que voici, Dieu peut faire surgir des enfants à Abraham. Déjà la cognée se trouve à la racine des arbres : tout arbre qui ne produit pas de bons fruits va être coupé et jeté au feu. « Moi, je vous baptise dans l’eau, en vue de la conversion. Mais celui qui vient derrière moi est plus fort que moi, et je ne suis pas digne de retirer ses sandales. Lui vous baptisera dans le feu. Il tient dans sa main la pelle à vanner, il va nettoyer son aire à battre le blé, et il amassera son grain dans le grenier ; quant à la paille, il la brûlera au feu qui ne s’éteint pas. »

« Peuple de Dieu qui rêve de justice. »

Nous sommes dans la saison de l’Avent, saison de joie et d’espérance et pourtant aujourd’hui dans l’Evangile on entend : « Convertissez-vous ! » On se croirait en plein Carême ! C’est vrai que le mot conversion rime souvent avec jeûne et pénitence. C’est vrai aussi que la figure de Jean Baptiste, présentée dans l’Evangile d’aujourd’hui, accentue cette impression d’austérité. La figure de Jean Baptiste est problématique. On dirait que les évangiles prennent plaisir à durcir ses traits : vie ascétique, parole abrupte, caractère entier. Il semble s’inscrire à la frontière entre deux mondes : celui d’avant Jésus que nous appelons Ancien Testament, et celui inauguré par Jésus, que nous appelons Nouveau Testament.

Jean Baptiste est une des principales figures de l’Avent. C’est à un Noël presque violent que nous appelle Jean Baptiste. Dans le désert, sa voix se fait âpre et dure. Il crie son message : « Engeance de vipères ! Qui vous a appris à fuir la colère qui vient ? Produisez donc un fruit qui exprime votre conversion… Déjà la cognée se trouve à la racine des arbres : tout arbre qui ne produit pas de bons fruits va être coupé et jeté au feu… » Les gens s’empressent de se faire baptiser pour exprimer leur conversion. Ils prennent conscience de leur manque de justice et, secoués par la voix du prophète, ils n’hésitent pas à reconnaître leurs péchés. A ceux et à celles qui refusent d’être transformés par la venue du Fils de Dieu, il annonce le jugement : « Celui qui vient derrière moi est plus fort que moi, et je ne suis pas digne de lui retirer ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et dans le feu. »

Dans notre monde troublé par les guerres, le terrorisme et les fanatismes religieux, ce message est dérangeant. Il faut bien comprendre que Jean Baptiste exige la conversion des cœurs, le changement de vie, et non la violence. Mais de nos jours aussi, le sujet de la conversion a un petit air sectaire : ce serait l’expérience spéciale faite par un petit nombre de « géants de la foi », tel que Paul, François d’Assise et bien d’autres. La conversion n’a pas bonne presse parce qu’elle présuppose une condition humaine dans laquelle bien peu de personnes sont prêtes à se reconnaître.

La conversion est l’œuvre du Saint Esprit.

Se convertir, comme dans l’Evangile, exige une prise de conscience de son état de péché.

Se convertir exige que l’on reconnaisse de tout son cœur sa propre faiblesse face à ce mal, et que l’on soit prêt à requérir la miséricorde de Dieu.

Se convertir présuppose, alors qu’on n’y croit plus guère de nos jours, qu’il y aura, un jour, un jugement. Se convertir présuppose la foi au Christ Sauveur des hommes.

Le thème de la conversion est donc bien à sa place dans cette saison de l’Avent et demeure d’actualité dans notre monde. Lorsque Jean Baptiste, et, plus tard, Jésus, parle de conversion, c’est d’abord et avant tout une bonne nouvelle, et, pour être plus juste, à cause d’une bonne nouvelle. « Convertissez-vous, car le Royaume de Dieu est tout proche. » Cela veut dire qu’on se convertit lorsque l’on a compris que le Royaume est tout proche, qu’il est arrivé.

Autrement dit, le Bonne Nouvelle vient en premier et les exigences qui en découlent, celles de la conversion, viennent par la suite dans un climat de gratuité. Donc la conversion durant ce temps de l’Avent est une réponse joyeuse et spontanée qui naît de cette certitude que Dieu vient dans notre monde et que sa présence change tout.

La conversion, c’est comme une nouvelle naissance, le début d’une nouvelle relation avec un Seigneur et un Sauveur, qui nous fait entrer dans son éternité.

C’est à un nouveau départ exigeant que nous convoque le prophète du désert. Le règne de Dieu appelle à un nouveau changement. Nous sommes loin de l’exploitation païenne que l’on fait de la fête de Noël, d’une fête où chacun rêve égoïstement de confort, de bons repas et de cadeaux. Noël n’est pas seulement cela.

Nous sommes chrétiens et nous croyons que le Royaume de Dieu est tout proche, qu’il est arrivé. A nous de le montrer par notre façon de vivre.

Interrogeons-nous : Que puis-je faire pour qu’en ce temps de l’Avent advienne davantage de paix, de justice et d’amour là où je vis ?

Père Jean Lucas   d’après diverses sources

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