Messe de Noël : samedi 24 décembre 19:00

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Georges de la Tour

Homélie de la messe de la nuit de Noël 2016

                                   Evangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ces jours-là, parut un édit de l’empereur Auguste, ordonnant de recenser toute la terre- ce premier recensement eut lieu lorsque Quirinius était gouverneur de Syrie. Et tous allaient se faire recenser dans sa ville d’origine. Joseph lui aussi monta de Galilée, depuis la ville de Nazareth, vers la Judée, jusqu’à la ville de David appelée Bethléem. Il était en effet de la maison et de la lignée de David. Il venait se faire recenser avec Marie, qui lui avait été accordée en mariage et qui était enceinte.

Or, pendant qu’ils étaient là, le temps où elle devait enfanter fut accompli. Et elle mit au monde son premier-né, elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune. 

Dans la même région, il y avait des bergers qui vivaient dehors et passaient la nuit dans les champs pour garder leurs troupeaux. L’ange du Seigneur se présenta devant eux, et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière. Ils furent saisis d’une grande crainte. Alors l’ange leur dit : Ne craignez pas, car voici que je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple : Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur. Et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. »

Et soudain, il y eut avec l’ange une troupe céleste innombrable qui louait Dieu en disant : «  Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux qu’il aime. »

 

« Dieu n’est né à Noël que s’il naît dans nos coeurs »

Quand nous pensons Dieu, nous sommes portés à penser à un être spirituel, vague, lointain, inaccessible, donc étranger à nos préoccupations, à nos petits problèmes de tous les jours. On dit qu’il est partout pour dire qu’il est nulle part. On parle de lui, comme étant l’énergie première, l’origine du cosmos pour lui enlever toute présence dans nos vies.

L’enfant dans la crèche nous dit que ce n’est pas cela Dieu, que c’est beaucoup mieux que cela. L’enfant dans la crèche nous dit, qu’un jour, Dieu a décidé de venir demeurer chez nous. « Et le Verbe s’est fait chair et il a établi sa demeure parmi nous, » lisons-nous dans l’Evangile de saint Jean. Une demeure, c’est le lieu où l’on est chez soi, où on aime vivre. Dieu a établi sa demeure chez nous. Et il n’a pas changé d’idée. Il n’est pas venu seulement nous faire une visite en passant. Il ne s’est pas légèrement vêtu d’un manteau humain le temps d’une courte vie terrestre pour ensuite nous abandonner. L’enfant né de Marie, nous le savons, est mort sur une croix, on l’a tué. Mais il ne nous a pas quittés. Ressuscité, il est vivant ; il vit en permanence au milieu de nous d’une autre manière, par son Esprit. Il est aussi présent et aussi agissant dans nos vies qu’il l’était il y a 2000 ans. C’est cela la foi chrétienne.

Fêter Noël en profondeur, c’est ouvrir les yeux sur la présence de Dieu. C’est accueillir Dieu dans sa vie pour la rendre heureuse. « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière. » avons-nous lu dans la première lecture.

Dieu s’est fait homme, Dieu vit avec nous, pour nous éclairer, pour nous montrer comment vivre une vie humaine. Il n’est pas venu nous sortir du monde, faire de faux mystiques qui mépriseraient les réalités, les biens, les joies terrestres. L’Incarnation ce ne sont pas les hommes qui deviennent Dieu, qui essaient de s’habiller comme Dieu ; c’est Dieu qui se fait homme pour vivre avec nous la condition terrestre et nous dire :

« Vous êtes tous frères. »                 

« Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. »

« Pardonnez jusqu’à 77 fois 7 fois comme le Père vous pardonne. »

« Le plus grand parmi vous est le plus petit, ce n’est pas celui qui est servi, mais celui qui sert. »

« IL y a plus de plaisir à donner qu’à recevoir… Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux que l’on aime. »

L’enfant de la crèche vient apporter la paix sur la terre. Mais il ne la fera pas par autorité, par la force comme on fait la guerre. Il respecte notre liberté. Il nous demande de la faire en son nom et avec lui. Chaque génération a à la construire dans la situation qui est la sienne. Nous, où nous vivons, dans nos familles, dans nos quartiers, dans nos villes, dans nos lieux de travail.

Regardons bien l’enfant dans la crèche. Il ne casse rien, il ne fait tomber sur personne le feu du ciel. C’est un nouveau-né complètement démuni. Comprenons sa méthode pour sauver le monde. Cet enfant a besoin de nos mains, de nos bras, de notre cœur, de notre personne pour réussir quelque chose, pour construire le monde de justice, de paix, d’amour qu’il veut établir. En regardant la crèche, entendons-le nous dire :

« Bienheureux les pauvres, bienheureux ceux qui ont faim et soif de justice. » Entendons-le nous dire : « Viens, suis-moi. » Ne lui reprochons pas de ne rien faire pour combattre le mal dans le monde, sans nous demander ce que nous faisons. Dieu est présent dans le monde, mais il ne peut pas être agissant sans nous, c’est un tout petit enfant.

Nourrissons-nous bien de lui ce soir, laissons-nous habiter par son Esprit, pour aller chez nous, dans notre milieu de vie, apporter un peu de sa paix, de sa manière de vivre. N’oublions pas ses noms : « Merveilleux conseiller », « Prince de la paix », « L’Emmanuel, Dieu avec nous. »

Père Jean Lucas
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Dominico Ghirlandaio
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