Deux gangs démantelés en Bretagne

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Près de 300 moteurs dérobés en un an pour un préjudice approchant les deux millions d’euros. Les gendarmes de la Section de recherches de Rennes viennent de démanteler deux réseaux de voleurs qui sévissaient en Bretagne et dans l’ouest. Cette fois-ci, la déferlante n’était pas moldave, mais lituanienne.

L’accalmie qui avait suivi le démantèlement d’un réseau de voleurs moldaves (près de 1.000 moteurs dérobés sur la façade atlantique, dont plusieurs centaines en Bretagne), en juin 2014, n’aura pas duré longtemps. Quatre petits mois. « En octobre 2014, les vols reprenaient », rapporte une source judiciaire. À partir de mars 2015, les moteurs disparaissaient par dizaines, chaque mois, en Bretagne. Au plus fort de la razzia, en avril et mai 2015, 103 moteurs sont dérobés. En temps normal, sur la même période, « on les compte sur les doigts d’une main », relève la même source.

« Raids vikings »

La Juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Rennes est à nouveau saisie. La Section de recherches de Rennes, épaulée par les groupements du Finistère et des Côtes-d’Armor, avec le soutien de l’Office central de lutte contre la délinquance itinérante (OCLDI), est chargée de l’enquête.

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C’est en épluchant les comptes-rendus de banals contrôles routiers que les gendarmes repèrent plusieurs profils suspects. Les individus, des Lituaniens, sont suivis à la trace. Depuis la Lituanie, l’équipe mène de véritables « raids vikings » dans l’ouest de la France : jusqu’en Bretagne, plus de 5.000 km aller-retour avalés en cinq à six jours ! La nuit, pas d’hôtel. « Ils dormaient dans leurs véhicules », pointe une source judiciaire. L’équipe ne cible que des petits moteurs, sur des embarcations au mouillage. Mais rapidement, les voleurs présumés ne réapparaissent plus. Les vols pourtant continuent. Mais ils ont changé de nature.

Revendus un quart de leur valeur

Désormais, seuls sont ciblés des moteurs de plus de 50 CV, et sur des bateaux en hivernage. Une autre équipe est finalement repérée et pistée. Les vols sont planifiés, les lieux préalablement repérés de nuit, et aussi grâce à Google Map. Parfois même, une équipe commence à démonter les moteurs avant de tout emporter les jours suivants. En hiver, rares sont les propriétaires à venir inspecter leur bateau. Et les locaux sont mal protégés. Tous les moteurs volés remontent dans le nord de la France dans la nuit même du vol. Puis, repartent au petit matin vers la Belgique, où le fourgon est embarqué sur un poids lourd dont le chauffeur ignore souvent ce qu’il transporte. L’équipe de truands prend d’ailleurs soin de sceller les portes de ses véhicules, histoire de décourager les curieux. Alors que les petits moteurs étaient destinés à la revente en Lituanie (pêche et lacs), les gros moteurs partent vers l’Ukraine et la mer Noire et vers l’enclave russe de Kaliningrad, où ils sont revendus pour un quart, parfois moins, de leur valeur. Les membres de ce second réseau sont identifiés. Entre octobre 2015 et avril 2016, huit d’entre eux tombent lors de flagrants délits. La dernière opération, en avril, met un coup d’arrêt brutal aux vols. Les têtes, elles, sont localisées dans le centre du pays, dans le district de Panevézys. Une région minée par le chômage où il est facile de recruter des voleurs payés 500 à 600 euros (salaire mensuel moyen en Lituanie) pour dix jours de raid. Fin septembre, les enquêteurs de la SR de Rennes rejoignent leurs homologues de la police lituanienne. La quasi-totalité des membres restants des deux réseaux sont interpellés dans les districts de Klaipeda, sur les bords de la mer Baltique, et de Panevézys. L’équipe des petits moteurs de bateaux était essentiellement constituée de marins-pêcheurs connus pour de la contrebande mais aussi pour des faits similaires au Danemark, en Suède, en Finlande et au Royaume-Uni. La seconde était issue de réseaux de quartiers, et organisée pour des vols ciblés à grande échelle. Une dizaine de ces personnes seront jugées en France par la JIRS de Rennes. Elles encourent jusqu’à dix ans de prison.


© Le Télégramme

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