Arz n’a pas de pétrole mais de l’eau douce

Michaël Goujon, Étienne Chambon et Félix de Talhouet-Roy, étudiants et Pascale Lutz utilisent des méthodes non destructrices pour avoir une image du sous-sol à l’heure de plusieurs outils, dont la tomographie électrique. La même équipe a déjà travaillé à l’île-d’Yeu. © Ouest-France

À l’heure où l’eau devient un enjeu majeur et où le prix de l’eau potabilisée ne cesse d’augmenter, une étude d’élèves ingénieurs en hydrogéologie quantifie la nappe phréatique de l’île d’Arz (Morbihan).

Pour la 3e année, deux élèves ingénieurs et leurs professeurs sont venus à l’île d’Arz pour continuer la campagne de recherche sur le terrain. « Nous nous étions fixés pour objectif de connaître l’importance de la réserve naturelle en eau de l’île d’Arz et déterminer s’il y a des échanges entre l’eau douce et l’eau de mer », explique Michaël Goujon, responsable du laboratoire d’hydrogéologie de l’Institut polytechnique UniLaSalle, à Beauvais (Oise).

« Sur l’île, une soixante de puits ont été analysés. Le sondage a été réalisé par technique électrique, et le recensement, par sondage radar electromagnétique, rajoute Michaël Goujon. On a trouvé de l’eau douce en quantité : 150 000 m³ au total. L’été, en période de basse saison, la quantité peut être moindre, et supérieure en hiver où la pluie est plus abondante ».

La consommation moyenne d’eau en France est de 147 litres par personne et par jour. La surface d’eau douce disponible en sous-sol sur l’île est de 1,09 km². Elle se situe à entre 3 et 4 m de profondeur.

« On détermine l’impact des marées sur l’eau »

Sur une île, on est contraint par le biseau salé, qui est l’interface entre l’eau douce et l’eau de mer. Cette intrusion d’eau saumâtre ou salée dans une masse d’eau peut poser problème, quand il menace la nappe phréatique. « On souhaite déterminer l’influence des marées sur l’eau des nappes phréatiques de l’île, explique le groupe de chercheurs. Samedi, nous avons travaillé toute la nuit pour observer les effets potentiels de la grande marée, le coefficient étant de 113 ».

Pascale Lutz, géophysicienne, met en place des méthodes non destructrices pour avoir une image du sous-sol : « Je suis en quelque sorte la radiologue du sous-sol pour répondre aux questions de mes collègues. J’utilise plusieurs outils dont la tomographie électrique. Le courant dans le sous-sol mesure la différence de potentiel. On peut en déduire la résistivité et donc la présence d’eau ou non, et si elle est douce ou salée ».

Le Parc naturel régional a manifesté de l’intérêt et a participé au financement, la municipalité de l’Île-d’Arz suit avec attention les résultats.

« Le même problème se pose pour toutes les îles. Je suis prêt à rencontrer ces îliens pour étudier leurs attentes », conclut Michaël Goujon.

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