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Le baiser de Judas

Fresque de l’église de Kernascléden (Morbihan)
Carte postale – Collection Christophe Stener

Kernascléden, commune du Morbihan, doit sa renommée à son église de style gothique flamboyant surnommée la « chapelle aux mille clochetons ». Des gens viennent parfois de très loin pour y admirer notamment une de ses fresques du XVe siècle représentant une danse macabre. La construction d’un édifice de cette importance dans un endroit aussi isolé n’aurait sans doute pas été rendu possible sans la volonté des Rohan, la famille princière alors la plus puissante de Bretagne après celle des ducs. Une autre fresque qui représente le baiser de Judas est le sujet de cette chronique.

Chrétien ou non, chacun sait que Jésus a été arrêté à Gesthsémani, on parle aussi du Mont des Oliviers où il pria la nuit pendant que les apôtres dormaient, et que Judas qui avait conduit la troupe de sbires envoyés par les Anciens et les Grands prêtres juifs l’embrassa alors. Mais que signifie ce baiser que les évangiles synoptiques (Marc, Matthieu, Luc) mais non celle de Jean relatent ?

Caravage – Le baiser de Judas – 1602

L’Eglise enseigne depuis deux mille ans que ce baiser témoigne de la perfidie de l’Iscariot mais est-ce si certain ? Pourquoi fallait-il que Judas désigne Jésus alors qu’il était connu de tous, rendu célèbre en Jérusalem par son entrée triomphale puis par le scandale des tables de changeurs renversées à la porte du Temple ? Pourquoi Jésus qui savait qui avait annoncé lors de la Cène qu’il serait bientôt livré et qui avait désigé Judas par la bouchée, ne s’est-il pas enfui ? Parce qu’il acceptait de se sacrifier “pour le salut des hommes”, certes mais alors pourquoi adresser Judas par un “Mon ami, fais-ta besogne” (Matthieu 26,50) ? Le baiser de Judas était-il un baiser méchant ou le baiser d’amour d’un apôtre qui participait au plan de Dieu ce que semble dire Jean quand il écrit que : ” C’est à ce moment, alors qu’il lui avait offert cette bouchée, que Satan entra en Judas. Jésus lui dit alors : « Ce que tu as à faire, fais-le vite. ” (Jean 14,27) ?

Nombre de nos lecteurs instruits par le catéchisme habituel, seront peut-être choqués par cette glose tant il est simple, reposant, mais simpliste, de faire de Judas un traître inspiré par la cupidité dont témoigneraient les trente denier, l’argent du sang. Mais qu’ils méditent sur ce qu’à déclaré en février 2018 le Pape François pour comprendre que ce n’est pas si simple : « Personne d’entre nous ne peut dire qu’une personne n’est pas allée au Ciel. Nous ne pouvons même pas dire cela de Judas. » (à lire sur ZENITH.org, Dieu veut apporter la vie là où il y a la mort, https://fr.zenit.org/articles/dieu-veut-apporter-la-vie-la-ou-il-y-a-la-mort/) déclaration, parmi d’autres sur Judas, qui scandalisent certains sites catholiques intégristes.

Eglise Saint-Jean de Gülsehir, Cappadoce, 1212

Pour en savoir plus, mon ouvrage à paraître fin 2019

Iconographie antisémite de Judas Iscariot

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Aujourd’hui, allez au concert avant d’aller vous baigner

“Stabat mater” est l’incipit de “Stabat mater dolorosa” “Elle se tenait la mère en douleur” séquence du XIIIe siècle attribuée au Franciscain Jacopone da Todi. Ce bref poème de vingt tercets de trois verts évoque la souffrance de Marie au pied de la Croix.

Stabat Mater dolorosa
Juxta crucem lacrimosa
dum pendebat Filius.

Figée de douleur, la Mère était là,
Toute en larmes, auprès de la croix ,
Alors que son Fils y était suspendu.

Texte complet sur https://fr.wikipedia.org/wiki/Stabat_Mater

L’antienne Salve Regina “Salut, ô Reine” est un chant grégorien composé au XIe siècle par Adhémar de Monteil, évêque du Puy, au XIe siècle. Il glorifie la Vierge Marie.

Salve, Regína, Máter misericórdiæ
Víta, dulcédo, et spes nóstra, sálve.
Ad te clamámus, éxules, fílii Hévæ.
Ad te suspirámus, geméntes et flentes
in hac lacrimárum válle.
Eia ergo, Advocáta nóstra,
íllos túos misericórdes óculos
ad nos convérte.
Et Jésum, benedíctum frúctum véntris túi,
nóbis post hoc exsílium osténde.
O clémens, O pía, O dúlcis Vírgo María

Salut, ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre 
consolation, notre espoir, salut !
Enfants d’Ève, de cette terre d’exil nous crions vers vous ;
vers vous nous soupirons, gémissant et pleurant dans cette vallée 
de larmes.
Ô vous, notre Avocate, tournez vers nous vos regards compatissants.
Et, après cet exil, obtenez-nous de contempler Jésus, le fruit 
béni de vos entrailles,
Ô clémente, ô miséricordieuse, ô douce Vierge 
Marie !

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