Archives de catégorie : Agriculture

2 300 arbres pour la biodiversité… et les vaches !

Après 48 heures à Paris, Thomas Meignan et Clément Kouyoumdjian regagnent l’île d’Arz avec soulagement… et un prix national. Ils sont « agriculteurs d’avenir ». Leurs alliés : les arbres.

En 2010, la commune de l’île d’Arz, propriétaire de 30 hectares, lançait un appel d’offres pour que des agriculteurs s’installent à nouveau sur l’île. Quelques mois plus tard, Violaine et Sébastien Hauchamp étaient officiellement installés. Depuis, le Gaec de l’île d’Arz vend en direct aux îliens toute une gamme de produits laitiers bio. La présence d’une cinquantaine d’animaux, veaux, génisses, laitières et quelques bœufs, a déjà transformé le paysage. Pour ouvrir des pâturages aux vaches pie noir, d’envahissants ronciers ont été défrichés. Et cette transformation n’est pas finie. D’ici février 2020, quelque 2 300 arbres et arbustes vont être plantés. Une initiative des deux nouveaux associés du Gaec, Thomas Meignan et Clément Kouyoumdjian.

Un projet collectif

« Certains greniers du monde se sont transformés en déserts », explique Thomas Meignan, docteur en épidémiologie de la nutrition animale. En cause ? La disparition des arbres et des haies. Pas question pour autant de transformer l’île d’Arz en forêt touffue. « Le projet s’est construit avec les habitants, la collectivité, le parc naturel. Les vues sur mer seront préservées », précise Clément Kouyoumdjian, ingénieur agronome.

« Sur les 40 espèces retenues, nous privilégions les essences bretonnes ».

Cette plantation sur les terres municipales a plusieurs objectifs. « D’abord regagner en biodiversité en plantant des haies de chênes, frênes, pommiers francs, figuiers… Sur les 40 espèces retenues, nous privilégions les essences bretonnes et les plantes mellifères », explique Thomas Meignan. Mais ces haies et arbres, aux hauteurs variées, serviront aussi la ferme. « Ils luttent contre le vent et l’érosion des sols, contre la sécheresse en fixant l’eau. Un arbre de deux mètres de haut a un effet jusqu’à 20 mètres au sol. En cas de canicule, il abaisse la température de 4 à 5°». Cette ombre bienvenue pour les vaches sera également un gage de meilleure pousse pour l’herbe. Enfin, certains arbres seront menés en « têtards ». « C’est nouveau d’un point de vue de la science, mais pas dans la pratique », rappelle Clément Kouyoumdjian. On sait aujourd’hui que les pousses tendres des frênes sont une parfaite alternative à l’herbe en été.

Des lycéens en renfort

Le projet complet leur a valu de remporter, mercredi 13 novembre, le prix national « Agriculteurs d’avenir » dans la catégorie « Arbres, Climat et Biodiversité ». Ils sont donc allés à Nanterre chercher leur trophée mais surtout un financement de 16 500 € et un suivi des arbres et de la biodiversité jusqu’en 2050. Également soutenus à hauteur de 7 500 € par Ecocert, les jeunes paysans ildarais vont commencer à planter mi-décembre. Et ils ne seront pas seuls. Les élèves de seconde du lycée horticole de Saint-Jean-Brévelay (56) seront là. La LPO, le parc naturel se mobilisent.

Dans l’enthousiasme ambiant, certains pointent que longtemps les îles du golfe n’étaient pas boisées. « Et il y a 5 000 ans, le golfe n’existait pas ! Les paysages ne sont pas figés », plaide Thomas Meignan. Car ça, c’était avant. Avant le changement climatique. Tamaris, orme, néflier, arbousier vont dessiner le nouveau paysage autour de la ferme et au cœur de l’île pour enraciner une nouvelle économie locale durable. Seules des pluies trop abondantes, ennemies des jeunes arbres, pourraient décaler le calendrier de plantation. « Ce sont les aléas climatiques… D’où l’intérêt de planter vite ! ».www.bretonnepienoir.com

A lire sur https://www.letelegramme.fr/bretagne/ile-d-arz-2-300-arbres-pour-la-biodiversite-et-les-vaches-18-11-2019-12435395.php

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Agriculteurs insulaires : Une vie entourée d’eau


Sébastien et Violaine Hautchamp sont maintenant accompagnés de Thomas et Clément, deux ingénieurs en agriculture qui vont s’installer sur l’île. (Le Télégramme/Mark Moreau)

Prisées par les touristes en été, les îles se dépeuplent partiellement en hiver. Les agriculteurs Violaine et Sébastien Hautchamp, sur l’Île d’Arz, et Christian Le Menach et Meryem, sur l’Île Tascon, dynamisent leur bout de terre à l’année.

Le bateau pour les Hautchamp, et les passages à marées basses pour Christian et Meryem ne sont que les trajets finaux qui ont mené ces amoureux de la terre sur leur île. Une première exploitation pour les Ildarais, la relève de l’histoire pour Christian : « Mes aïeux me regardent, c’est le sang qui parle ici ». Quatre générations que les Le Menach « défendent leur île », avec successivement leurs vaches, leurs poules, leurs légumes… Son arrière-grand-père au premier plan, dans un cadre au coin de la table. « Ah ça y est, il est ému ! », sourit délicatement Meryem, sa femme depuis 2011. La Marseillaise a gardé sa voix qui chante, elle qui a rencontré Christian en venant acheter ses pommes de terre… Si Karine Le Marchand n’était pas là « c’était comme dans l’émission ! » s’amuse-elle.

Jamais on aurait imaginé s’installer sur une île

Si l’île était une formalité, et par-dessus tout une fierté pour Christian, ce n’est pas le même son de cloche chez les éleveurs de vaches pie noire Violaine et Sébastien. Le jeune couple breton, l’une de Rennes, fille d’agriculteurs biologiques, l’autre de Vannes, petit-fils d’agriculteurs dans les Côtes-d’Armor, s’est installé sur l’île d’Arz en 2011, répondant à un appel des élus à la radio. « Jamais on aurait imaginé s’installer sur une île, mais c’était une belle opportunité ». Sébastien voulait la mer, Violaine la montagne. « Nous avons nos familles en Bretagne, alors c’est un bon compromis ». Si l’île d’Arz culmine à 17 mètres d’altitude, la tomme bio produite par le couple offre peut-être à Violaine l’ivresse des cimes…

Une vie à part

Christian ne compte plus les années passées sur cette terre de deux kilomètres de long, commune de Saint-Armel, troisième île du golfe du Morbihan en superficie derrière l’île d’Arz et l’île aux Moines. Sébastien Hautchamp, lui, les a énumérées pendant un certain temps : « Je ne sais pas si l’on avait totalement conscience de ce qui nous attendait. On arrive maintenant à dégager un vrai salaire, mais pendant cinq-six ans c’était compliqué ». Violaine se préparait davantage au lancement de l’exploitation. « Pour moi c’était normal de travailler 70 heures par semaine, j’ai grandi dans cet univers avec mes parents. Je savais très bien qu’on allait s’en sortir à un moment ». Son intuition était la bonne. Deux jeunes ingénieurs sont venus compléter les rangs depuis juin 2018, même si Pôle emploi règle pour le moment leurs revenus. « Ce sera un nouveau défi à partir de juin, il faudra tirer quatre salaires ! ».

Un cadre de vie atypique

Mais à ce jeu-là, Meryem remporte la palme de l’arrivée la plus improbable en territoire breton. « Je ne connaissais ni la région, ni l’agriculture. Après un mois de relation avec Christian, j’ai tout quitté à Marseille. J’ai acheté quelques polaires, et je me suis installée… ». Aujourd’hui « heureux parents » de jumeaux de 3 ans, Christian a pu développer sa partie maraîchage, grâce à la précieuse aide de sa femme. Tous s’accordent pour affirmer qu’être agriculteur sur une île n’est pas commun, mais que le cadre de vie est exceptionnel. Entre ce coucher de soleil qui plonge l’île d’Arz dans une atmosphère mystique, et le trajet en bateau au lever du jour rosé sur Tascon, on serait tentés de les croire…
© Le Télégramme https://www.letelegramme.fr/morbihan/vannes/vannes-agriculteurs-insulaires-une-vie-entouree-d-eau-13-05-2019-12282419.php#4zw8fXSXE1aZSB1l.99

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